Rabat a offert ce 1er mai le spectacle d’une Fête de Travail qui tranche avec la tradition observée en la circonstance. Une fête célébrée en rangs dispersés, où chacune des centrales présentes semblent s’y essayer, comme à dessein, d’y clamer des slogans propres et affiché des attentes spécifiques. Du côté de l’UNMT, ce sont les demandes particulières qui ont prévalu, chez la CDT, le ton a été plus politique avec des rappels sur le besoin de démocratie et de l’égalité du genre, tandis que l’UMT a semblé plus portée sur les acquis, et plus particulièrement sur le droit de grève. L’ODT s’est située sensiblement dans le même genre en y faisant place toutefois aux revendications des entreprises membres. Seule l’UGTM a paru se situer en retrait tant sa présence est restée en deçà de son poids réel et de ses prestations passées. Cet éclatement qui a fait que ce 1er mai a laissé une impression d’inabouti a également donné l’image d’une fête qui s’est muée en auberge espagnole où chacun y consomme les subsides dont il s’est pourvu avant d’y mettre les pieds. A Bab El Had, ordinairement point de départ des marches organisées par l’ODT, les jeunes diplômés chômeurs se sont invités aux manifestations. Et lors d’une prestation plus étoffée que la plupart des meetings organisées par certains syndicats, ils ont exprimé haut et fort leurs attentes et surtout, leur ressentiment vis-à-vis de ce qu’ils ont appelé les promesses non tenues par le gouvernement. Mais, nonobstant, cette unanimité s’agissant des attentes, les cadres supérieurs en recherche d’emploi ont, à l’image de leurs aînés, offert le spectacle de divisions internes qui ne laissent pas indifférent. Plusieurs orateurs ont été sifflés et contraints de quitter la tribune par les factions adverses au grand dam des coordinations qui n’y pouvaient pas grand-chose. Au final, c’est une Fête de Travail sans relief sur le plan de l’efficacité qu’ont vécue les grandes artères de Rabat. Face à la modestie du nombre des marcheurs, l’important dispositif de sécurité mis en place a paru par moments tout à fait disproportionné. Ce n’est pas la seule inadéquation qu’on a pu relever ce 1er mai où les travailleurs de la région Rabat-Salé-Zaër-Zemmour ont donné l’impression de se chercher de nouvelles raisons de militer et où ils avaient l’air de se chercher un second souffle.