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Fête du Trône : L’administration et les politiques cloués au pilori

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Le discours du Souverain marqué par un style franc et direct

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Alors que le Souverain avait déjà évoqué la situation de l’administration dans un discours marquant l’ouverture du Parlement en octobre 2016, cette fois-ci le diagnostic a été tout aussi critique.

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Le discours royal marquant le dix-huitième anniversaire de la Fête du Trône marque cette année un tournant à la fois sur le fond et sur la forme. En effet, c’est l’une des rares fois où le discours royal est diffusé la veille de la Fête du Trône. Dès les premières minutes du discours, le décor est déjà planté. «Nous vivons aujourd’hui un paradoxe irrécusable, mais difficile à admettre», affirme Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «En effet, d’une part, le Maroc jouit d’une grande crédibilité à l’échelle continentale et internationale, et bénéficie de l’estime de nos partenaires, de la confiance de grands investisseurs comme «Boeing», «Renault» et «Peugeot». Et pourtant, d’autre part, Nous constatons avec contrariété que, dans certains secteurs sociaux, le bilan et la réalité des réalisations sont en deçà des attentes.

N’a-t-on pas honte de signaler que ces résultats sont le fait du Maroc d’aujourd’hui ? Nous avons réussi dans la mise en œuvre de nombreux plans sectoriels comme ceux de l’agriculture, de l’industrie et des énergies renouvelables. Néanmoins, les projets de développement humain et territorial, qui ont un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, ne Nous font pas honneur et restent en deçà de Notre ambition», explique le Souverain dans un discours marqué par un style direct et franc. «Dans bon nombre de domaines, cet état de choses tient essentiellement au faible niveau du travail en commun et à l’absence d’une vision nationale et stratégique. Il résulte aussi du fait que la dysharmonie l’emporte trop souvent sur la cohérence et la transversalité, que la passivité et la procrastination remplacent l’esprit d’initiative et l’action concrète», poursuit SM le Roi. Plus loin encore, le discours a consacré une part importante au secteur et à l’administration publics. Alors que le Souverain avait déjà évoqué la situation de l’administration dans un discours marquant l’ouverture du Parlement en octobre 2016, cette fois-ci le diagnostic a été tout aussi critique.

Les intérêts de la Nation et des citoyens en jeu

Le discours royal a, en effet, procédé à une comparaison entre le secteur public et celui privé puisque les différences sont aujourd’hui criantes. «Cette réalité paradoxale est encore accentuée lorsqu’on établit un parallèle entre, d’une part, le secteur privé rendu efficient et compétitif grâce à un modèle de gestion organisé autour des notions de suivi, de contrôle et d’incitation, et, d’autre part, le secteur public, en particulier l’administration publique, qui souffre d’une faible gouvernance et d’une productivité insuffisante», a expliqué Sa Majesté. Et de poursuivre : «En effet, le secteur privé attire les meilleurs cadres formés dans notre pays, lesquels participent aujourd’hui à la gestion des plus grandes compagnies internationales installées au Maroc, et administrent les petites et les moyennes entreprises nationales. En revanche, les fonctionnaires publics, pour la plupart d’entre eux, manquent de compétences et d’ambition et n’ont pas toujours des motivations liées au sens des responsabilités liées à leur mission.

Mieux encore, certains d’entre eux pratiquent l’absentéisme, se satisfaisant d’un traitement mensuel sûr, pour modique qu’il est, ne manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition professionnelle». Le Souverain en a conclu que «l’un des problèmes qui entravent aussi le progrès du Maroc réside dans la faiblesse de l’Administration publique, en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux citoyens». Mais le secteur public n’est pas le seul aujourd’hui à poser problème. Certains partis politiques et leurs responsables et élus commencent eux aussi à faire partie du problème au lieu d’apporter des solutions.

Partis, le ras-le-bol

Dans ce sens, le discours royal a dénoncé l’utilisation de la politique à d’autres fins. «Quand le bilan se révèle positif, les partis, la classe politique et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés. Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais Royal et on lui en impute la responsabilité. Voilà pourquoi les citoyens se plaignent, auprès du Roi, des administrations et des responsables qui font preuve de procrastination dans le règlement de leurs doléances et le traitement de leurs dossiers. Voilà pourquoi ils sollicitent Son intervention pour mener leurs affaires à bonne fin», a affirmé le Souverain ajoutant que «les pratiques de certains responsables élus poussent un nombre de citoyens, notamment les jeunes, à bouder l’engagement politique et la participation aux élections. La raison en est qu’ils ne font tout simplement pas confiance à la classe politique, et que certains acteurs ont perverti l’action politique en la détournant de la noble finalité qui lui est assignée par définition. A tous ceux qui déçoivent les attentes du peuple, Je dis : « Assez ! Ayez crainte de Dieu pour ce qui touche à votre patrie… Acquittez-vous pleinement des missions qui sont les vôtres, ou bien éclipsez-vous ! Car le Maroc compte des femmes et des hommes honnêtes et sincères envers leur pays».
Pour le Souverain, «cette situation ne peut perdurer car ce qui est en jeu, ce sont les intérêts de la Nation et ceux des citoyens. Et là, Je pèse mes mots et j’exprime ici avec force et conviction le fruit d’une profonde méditation».

Reddition des comptes

Le discours royal a été très critique vis-à-vis des responsables qui manquent de scrupules. «Je ne comprends pas comment un responsable qui ne fait pas son devoir peut sortir de chez lui, se mettre au volant de sa voiture, s’arrêter au feu rouge, et avoir l’impudence, l’effronterie de lever les yeux sur les passants, ses administrés, ceux qui (et il le sait) sont parfaitement informés de son manque de scrupules.

N’ont-ils pas honte, ces responsables qui n’accomplissent pas leur devoir alors qu’ils ont prêté serment devant Dieu, la Patrie et le Roi ? Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans l’exercice de ses fonctions ?», s’est interrogé le Souverain mettant l’accent sur «la nécessité d’une application stricte des dispositions de l’alinéa 2 de l’Article premier de la Constitution, alinéa qui établit une corrélation entre responsabilité et reddition des comptes».
Et de conclure : «Le temps est venu de rendre ce principe pleinement opérationnel. En effet, tout comme la loi s’applique à tous les Marocains, elle doit s’imposer en premier lieu à tous les responsables, sans exception ni distinction, à l’échelle de tout le Royaume. Nous nous trouvons à une nouvelle étape de notre action publique : il n’y a pas de différence entre le responsable et le citoyen en termes de droits et d’obligations liés à la citoyenneté, et il n’y a pas lieu de se dérober à ses responsabilités ou de jouir de l’impunité».

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Situation à Al-Hoceima

Le discours royal prononcé à l’occasion de la Fête du Trône n’a pas manqué d’évoquer la situation dans la province d’Al Hoceima.
Le Souverain a mis l’accent sur le danger du vide laissé par les politiques. «Devant ce vide regrettable et dangereux, les forces publiques, qui se sont trouvées face à la population, ont assumé leur responsabilité avec courage, patience, retenue et ont fait preuve d’un grand respect de la loi.

Elles ont ainsi préservé la sécurité et la stabilité. Je parle ici d’Al-Hoceima, même si la description de ce qui s’y est passé est valide pour toute autre région», a dit le Souverain. «Le constat que Je dresse ici contredit les allégations portées par certains concernant le recours à ce qu’ils désignent abusivement sous le nom d’approche sécuritaire. Leur vision donne l’impression que le Maroc est assis sur un volcan, et qu’à chaque foyer, à chaque citoyen correspond un policier qui surveille.

Il y en a même qui affirment l’existence de deux courants, l’un radical, et l’autre modéré, ayant des vues divergentes sur l’attitude à adopter face à ces événements. Cette allégation est totalement fausse. Les Marocains savent que les tenants de cette thèse caduque s’en servent comme un fonds de commerce, et que leurs propos sont dénués de toute crédibilité», a ajouté SM le Roi.

Et de conclure : «En réalité, les agents des forces de l’ordre consentent d’énormes sacrifices, travaillent jour et nuit, dans des conditions difficiles, pour remplir le devoir qui leur incombe: assurer la sécurité et la stabilité du pays, intérieurement et extérieurement, et veiller sur la tranquillité, la quiétude et la sûreté des citoyens. A cet égard, les Marocains ont le droit, et même le devoir, d’être fiers de leur appareil sécuritaire. Et là, Je l’affirme avec force et sans la moindre hésitation ni complexe d’infériorité: Si certains nihilistes ne veulent ni admettre ni proclamer cette vérité, c’est leur problème à eux seuls».

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