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Gouvernance publique en Afrique : Africa CEO Forum et l’UM6P s’allient pour améliorer l’économie dans le continent

© D.R

Le potentiel économique en Afrique a été estimé à 450 milliards de dollars mais cette manne demeure conditionnée par une coordination politique avancée… L’initiative Lead vient y remédier.

Défis : « La transformation de la gouvernance publique en Afrique », c’est l’axe retenu par Africa CEO Forum et l’UM6P pour lancer l’initiative LEAD. L’enjeu est clair : combler le déficit de gouvernance qui obstrue les potentialités économiques de l’Afrique.

En partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique, Africa CEO Forum s’est rapproché de la Fondation Aig-Imoukhuede, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et Afreximbank pour lancer LEAD. Cette nouvelle démarche panafricaine devrait combler le déficit de gouvernance qui perturbe encore le potentiel économique de l’Afrique. Organisée sur le campus de l’UM6P à Rabat, l’initiative LEAD devra créer un réseau de hauts fonctionnaires à fort potentiel, capables de concevoir et de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées aux défis de notre ère. Leur rôle sera de positionner les institutions publiques comme des catalyseurs de transformation économique. Car malgré une croissance économique quasi ininterrompue, des centaines de millions d’Africains continuent de faire face à des carences importantes dans la fourniture des services publics, limitant à la fois le développement économique et la qualité de vie. Plusieurs études ont, en effet, révélé que « si le PIB africain a connu une expansion continue, cette croissance ne s’est pas traduite de manière équivalente en progrès, en matière de gouvernance et de bien-être citoyen, contrairement à d’autres régions au profil économique similaire ». Amir Ben Yahmed, directeur général du Africa CEO Forum, a rappelé à l’occasion de nombreuses expériences réussies dans d’autres continents mais dans le même domaine.

«Nous avons observé des exemples remarquables de transformation dans le Sud global qui prouvent ce qui est possible lorsque l’excellence des politiques publiques devient le socle du développement. A titre d’exemple, le Brésil a mis en place un système de santé universel tout en numérisant ses services publics. L’Indonésie est devenue un leader mondial du nickel grâce à une politique industrielle stratégique. L’Inde a révolutionné l’inclusion financière avec son programme d’identité numérique Aadhaar. Ces réussites montrent que la gouvernance, lorsqu’elle est bien pensée, peut être le moteur décisif de la transformation économique », explique le porteur de l’initiative. Les enjeux sont clairs. L’initiative LEAD arrive à un moment où les besoins en politiques publiques en Afrique sont à la fois urgents et de plus en plus complexes.  La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est désormais opérationnelle et représente la plus grande zone de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle offre des opportunités sans précédent d’intégration économique. Et le potentiel économique a été estimé à 450 milliards de dollars, une manne conditionnée cela dit par une coordination politique avancée… Tout est dit ou presque… Car le continent doit faire face à une nouvelle génération de défis politiques. La population devrait doubler d’ici 2050. Le changement climatique impactera les systèmes alimentaires et les dynamiques urbaines. L’évolution rapide de l’intelligence artificielle bouscule les comportements et les opportunités pour accélérer le développement. Cela dit, le risque d’exclusion numérique guette si les cadres de gouvernance ne suivent pas. Les chaînes d’approvisionnement ont, par ailleurs révélé lors des dernières crises mondiales la fragilité des institutions publiques. Ces défis exigent un leadership qualifié, une meilleure coordination et des politiques conçues pour produire des résultats concrets.

Face à cette configuration complexe, LEAD devrait faciliter, à travers le réseau de hauts fonctionnaires, le développement des compétences, des outils nécessaires pour façonner les politiques qui tiendront compte des différents contextes. « Ces leaders seront à même de coopérer sur des priorités continentales telles que l’intégration commerciale, l’adaptation climatique, la gouvernance de l’IA, la transformation numérique ou encore la sécurité régionale, tout en impulsant un changement institutionnel dans leurs pays », expliquent les parties prenantes d’un tel programme. Ce dernier devra s’inspirer des réussites internationales en matière de gouvernance, en les adaptant aux réalités africaines.

« L’Afrique ne manque ni d’idées ni d’ambition. Ce qui fait souvent défaut, ce sont les conditions institutionnelles nécessaires pour transformer une vision publique en progrès durable» a affirmé à ce titre Hicham El Habti, président de l’UM6P. « À l’UM6P, nous considérons la politique publique comme un levier stratégique, qui exige à la fois vision et capacité d’agir. L’initiative LEAD s’inscrit dans cet engagement plus large en faveur du développement de compétences, de réseaux et d’une intelligence institutionnelle capables de porter la prochaine phase de transformation africaine. Il s’agit de bâtir des systèmes publics réactifs, enracinés et tournés vers l’avenir», poursuit-il. LEAD bénéficie du soutien d’acteurs engagés pour l’excellence des politiques publiques et la promotion de la bonne gouvernance comme la BOAD, la Fondation ARISE, Africa Re et ASAFO & CO. Ces établissements mettent leur expertise et leurs ressources au service de la mission de LEAD.

Pour rappel, Africa CEO Forum a été fondé en 2012. Il s’agit de la principale plateforme dédiée aux dirigeants des plus grandes entreprises africaines et multinationales, aux investisseurs, chefs d’État, ministres et représentants des institutions financières majeures qui opèrent sur le continent. Son sommet annuel propose des solutions concrètes et innovantes pour faire avancer l’Afrique et ses actions. Le Africa CEO Forum a été créé par le groupe Jeune Afrique et son sommet annuel est co-organisé avec l’IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale. Pour ce qui est de la Fondation Aig-Imoukhuede, elle a été créée en 2020. Il s’agit d’une organisation philanthropique panafricaine dédiée à la transformation du secteur public africain. Sa mission première est d’imaginer un continent où chaque citoyen peut réaliser ses aspirations, contribuer au développement de sa communauté et vivre une vie saine et productive. Ses membres collaborent avec les gouvernements et institutions africaines pour bâtir des administrations publiques plus efficaces, transparentes et axées sur l’impact. Basée à Riyad (Arabie Saoudite), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) est une institution multilatérale de financement du développement, détenue par 18 pays arabes (dont 62 % par les États membres du CCG) créée en 1974. Sa vocation est de renforcer la coopération économique, financière et technique entre les pays arabes et africains. La Banque agit comme catalyseur, via des instruments financiers orientés impact.

La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) est une institution financière multilatérale panafricaine. Elle a été mandatée pour financer et promouvoir le commerce intra et extra-africain. Et c’est ainsi qu’elle développe depuis plus de 30 ans des solutions innovantes pour transformer les structures du commerce africain, accélérer l’industrialisation et stimuler le commerce intra-régional, contribuant ainsi à la croissance économique du continent. Elle est le partenaire stratégique de la ZLECAf et a mis en place le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), adopté par l’Union africaine comme infrastructure de paiement de la ZLECAF.
A travers cette composition géostratégique et ses mises en relation orientées, le Maroc se positionne encore une fois comme chef d’orchestre en faveur d’une Afrique plus soudée et surtout plus efficace. A suivre…