Prise d’otage. C’est le qualificatif que donne le Maroc au refus de l’Algérie d’autoriser le HCR (Haut commissariat pour les réfugiés) de s’acquitter de ses missions dans les camps de Tindouf. L’assertion est contenue dans la déclaration du Maroc, lundi dernier, devant la 56ème session du Comité exécutif du HCR à Genève. Dans cette déclaration, lue par Omar Hilale, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, le Maroc rappelle que l’Algérie est en flagrante contradiction avec le droit humanitaire international du moment qu’elle continue à détenir des populations entières pour des fins politiques. Le royaume condamne cette attitude qui fait de l’Algérie un pays d’asile pour des populations présumées réfugiées et, en même temps, partie prenante au conflit autour du Sahara marocain. L’Algérie empêche toujours le HCR de procéder au recensement des séquestrés de Tindouf, relève le Maroc. Situation qui fait que plusieurs organes humanitaires ne disposent d’aucun mécanisme de surveillance ou de contrôle des aides destinées aux camps de Tindouf comme le reconnaissent d’ailleurs le HCR, le PAM et plusieurs ONGs internationales.
Le Maroc demande que l’Algérie dissocie le volet humanitaire de l’aspect politique du conflit. Approche qui a été concluante, souligne le Maroc à plusieurs occasions avec notamment le retour, en 2005, de 500.000 réfugiés africains et autant d’Afghans. Ces chiffres ont été avancés lundi 2 octobre par le HCR. Pour le Maroc, c’est la preuve que les réfugiés peuvent être recensés et rapatriés à leur patrie d’origine indépendamment du processus politique.
Le HCR, avec l’entêtement algérien, se trouve lui aussi pris au piège. Il vient de retenir le chiffre de 90.000 personnes vulnérables destinataires de l’assistance de cet organisme depuis de septembre 2005. Or, relève le Maroc, il s’agit là de la reprise de l’estimation retenue dans le rapport du Haut commissaire à l’Assemblée générale de l’ONU le 2 mai 1997. Chiffres exagérés selon le Maroc qui estime en plus qu’ils ne reposent sur aucun standard ou paramètre reconnus par la communauté internationale.
Pour en finir avec cet état de fait imposé par Alger, le Maroc demande au HCR de poursuivre ses efforts auprès de l’Algérie pour un enregistrement des séquestrés de Tindouf et qui respecte le caractère scientifique des standards usités par le HCR et notamment le procédé dénommé «Project Profile».«Cette attitude du Maroc est dénuée de toute motivation politique, sinon celle légitime de rechercher la vérité», lit-on dans la déclaration marocaine. Vérité des chiffres et vérité des origines, insiste cette déclaration.
Le Maroc a d’ailleurs informé le Comité exécutif du HCR de son accord pour la reprise de l’opération des échanges de visites entre les populations des camps de Tindouf et leurs familles au Maroc. L’offre marocaine est de mise même si certains amendements du Royaume n’ont pas été pris en compte dans le nouveau plan d’action régissant ces opérations.
Le Maroc n’est pas le seul à décrier l’attitude de l’Algérie. Dans cette déclaration, Omar Hilale cite le récent rapport de l’association américaine « The US Committee for Refugee» où il est écrit que les populations «réfugiées» de Tindouf sont les seules au monde à être interdites de libre circulation par le pays d’asile. Mais aussi les seules au monde à être interdites de quitter les camps sauf avec cette garantie d’y laisser des membres de leurs familles. Le rapport de l’ONG américaine ajoute également que les séquestrés de Tindouf sont les seuls au monde à ne pas pouvoir bénéficier du rapatriement librement consenti et garanti par le droit humanitaire international.
Le Maroc a fait lors de cette session plusieurs propositions pour améliorer le travail du HCR et dont la création d’un Fonds Ad Hoc pour la recherche de solutions durables.