Environ 100.000 personnes ont participé à la cérémonie organisée à Tel-Aviv à la mémoire d’Yitzhak Rabin, assassiné il y a sept ans par un extrémiste de droite israélien.
Rabin était l’artisan des accords d’Oslo le 4 novembre 1995. La foule a regardé les enregistrements vidéo de l’ancien président américain Bill Clinton, du président égyptien Hosni Moubarak et du roi Abdellah de Jordanie. Dans son message, l’ex-président américain Bill Clinton a déclaré : «Il n’a pas été tué par une blessure en temps de guerre mais par une blessure infligée lorsqu’il se battait pour la paix». «Le message central d’Yitzhak Rabin aux Israéliens et aux Palestiniens était l’importance de la réconciliation et le lien entre la sécurité et la paix», a-t-il ajouté. Titzhak Rabin « a réalisé que l’unique garantie pour la sécurité d’Israël était la paix avec ses voisins », a affirmé le président égyptien Hosni Moubarak. « Je suis honoré de vous parler d’un homme que mon père appelait mon frère », a déclaré de son côté le roi de Jordanie. « Mes amis, si le Premier ministre Rabin était avec nous aujourd’hui, je crois qu’il aurait été consterné, choqué et même en colère en raison de la violence qui persiste dans notre région », a encore dit le roi Abdellah. Interrogée sur la crise gouvernementale actuelle en Israël, la fille de Rabin, la députée Dalia Rabin, a estimé à la télévision que la formation d’un gouvernement d’extrême droite » pourrait redonner du vent dans les voiles du mouvement de paix ».
Pour sa part, l’ancien ministre de la Défense et chef du parti travailliste, Binyamin Ben Eliezer a déclaré, en marge de la manifestation à la mémoire de Rabin, que le départ des Travaillistes du gouvernement Sharon représentait «un retour sur la voie de Rabin». Sur le plan des tractations pour la formation d’un nouveau gouvernement, l’ancien chef d’Etat-major Shaul Mofaz a accepté le portefeuille de la défense que lui a proposé le premier ministre israélien qui tente de former un gouvernement avec les ultra nationalistes. À propos de cette nomination, Ben Eliezer a déclaré : «C’est une fonction compliquée par les temps qui courent, et le plus compliqué n’est pas de diriger le ministère de la Défense mais de savoir comment se tenir face à Sharon en tant que ministre de la Défense».
Le ministre palestinien Nabil Chaat a déclaré que l’arrivée de Mofaz à la Défense était un développement décourageant. «Il est très proche de la façon de penser de Sharon, qui est agressive et militaire. Il appartient à une école de pensée qui préconise d’en finir avec l’Autorité palestinienne, avec Arafat et avec une solution pacifique. Nous ne pouvons rien attendre de ce gouvernement», a dit Chaat. En revanche, Benyamin Netanyahou devrait décliner hier le portefeuille des Affaires étrangères proposé par Sharon, son rival au sein du Likoud. Il lui aurait même proposé le ministère des Finances.
«Il n’est pas très enthousiaste à l’idée de jouer un second rôle derrière Sharon, a déclaré un proche de Netanyahou, candidat déclaré à la succession de l’actuel chef du gouvernement à la tête du Likoud.
Netanyahou, qui n’a jamais caché son envie de revenir aux affaires au plus haut niveau, se verrait beaucoup dans le costume du chef de gouvernement que dans celui de sa doublure à un ministère aussi important qu’il puisse être. Reste qu’un «non» à Sharon pourrait mettre en péril la cohésion d’un Likoud que l’éclatement de la coalition nationale a placé dans une situation des plus inconfortables. Sharon devait aussi rencontrer les ultra nationalistes pour tenter de rallier leurs élus à la Knesset. S’il réussit, le gouvernement en gestation serait formé exclusivement de l’extrême droite, ce qui ne manquera pas de se traduire par une recrudescence de la répression du peuple palestinien en proie à une politique de massacre systématique de Sharon et de ses acolytes. À preuve, l’armée israélienne a encore détruit hier dimanche des maisons de Palestiniens en Cisjordanie.