Actualité

Italie : Ruby, le nouveau cauchemar de Berlusconi

© D.R

Silvio Berlusconi, déjà fragilisé par l’effritement de sa majorité, vient de subir un nouveau coup dur avec l’enquête Rubygate où il est accusé de prostitution de mineure et abus de fonction, une affaire qui peut paralyser son gouvernement et écorne l’image de l’Italie. «La réputation du chef du gouvernement est affaiblie à l’étranger. Ce n’est pas une situation facile à gérer car ces graves accusations auront aussi des conséquences politiques étant donné la fragilité du gouvernement», analyse, mardi, pour l’AFP Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l’Université américaine John Cabot de Rome. Le Parquet de Milan a annoncé, vendredi, qu’il enquêtait contre le chef du gouvernement, 74 ans, soupçonné d’avoir payé les prestations d’une prostituée mineure, Ruby, une jeune Marocaine, lors de fêtes organisées dans sa villa d’Arcore, près de Milan, et d’être intervenu pour la faire libérer alors qu’elle avait été interpellée pour un vol présumé en mai 2010.
Lundi, dans une requête de perquisition de locaux rattachés à M. Berlusconi, les magistrats ont assuré disposer d’éléments prouvant qu’un «nombre significatif de jeunes femmes se sont prostituées avec M. Berlusconi dans ses résidences en échange de sommes d’argent». Les magistrats ont aussi indiqué avoir recueilli des indices démontrant que le magnat des télévisions les logeait gratuitement dans un complexe résidentiel luxueux à Milan. Selon le Parquet, Ruby, danseuse de discothèque, de son vrai nom Karima El Mahroug, mineure jusqu’en novembre, a fréquenté la villa d’Arcore de M. Berlusconi «entre février et mai 2010». En Italie, être client d’un ou une prostituée n’est pas un délit, sauf s’il s’agit d’un mineur, ce qui est passible de six mois à trois ans de prison selon une loi adoptée par la majorité de M. Berlusconi en 2005. Pour le politologue français Marc Lazar, spécialiste de l’Italie, «c’est une période très grave, une étape supplémentaire dans une sorte de descente aux enfers» du Cavaliere. Le milliardaire est, selon lui, «incontestablement affaibli face à des révélations de plus en plus rudes». Mais d’autres experts ont minimisé l’impact du Rubygate aussi bien sur le plan judiciaire que politique. Il «pourrait s’agir d’un énième épisode du conflit entre Silvio Berlusconi et le Parquet de Milan qui ne devrait pas toucher les bases du pouvoir berlusconien», selon Roberto D’Alimonte, professeur de sciences politiques à l’Université Luiss de Rome. «Berlusconi est un libertin, le plus libertin des leaders des pays du G8, mais le libertinage n’est pas un délit en Italie, ce n’est même pas une donnée politique, ses électeurs votent pour lui de toute manière», a-t-il expliqué à l’AFP.
Pour M. D’Alimonte, il n’y a «pas de preuves écrasantes dans les documents du Parquet» car aussi bien M. Berlusconi que Ruby nient avoir eu des rapports sexuels, et l’affaire «ne change pas grand-chose. Berlusconi est embarrassant depuis 15 ans: il a compromis l’image de l’Italie depuis qu’il s’occupe de politique». La majeure partie de la presse n’était pas de son avis. «Un leader qui est depuis des jours la risée du monde entier en raison de ses fêtes avec des mineures prostituées peut-il gouverner un pays démocratique? La réponse est de toute évidence non», juge l’éditorialiste de La Repubblica (gauche). «La tragédie est celle de l’Italie, un pays qui était respecté dans le monde et maintenant décrit comme un bordel gouverné par un vieux satyre obsédé de sexe», renchérit Il Fatto Quotidiano. Pour le premier journal de la péninsule, Corriere della Sera (centre), le risque est que «s’instaure un équilibre fondé sur la paralysie: aucune vraie décision du gouvernement, aucun progrès dans l’enquête».

  Ljubomir Milasin (AFP)

Related Articles

ActualitéUne

SM le Roi lance à Rabat les travaux de réalisation de la Ligne à Grande Vitesse Kénitra-Marrakech

Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les infrastructures ferroviaires...

ActualitéUne

Le coût du dialogue social atteindra 45,738 milliards DH d’ici 2026, souligne Mustapha Baitas

Le coût du dialogue social atteindra 45,738 milliards de dirhams (MMDH) à...

ActualitéUne

Agence marocaine de développement de la logistique: Un projet de décret adopté en conseil de gouvernement

Le Conseil de gouvernement a adopté, jeudi, le projet de décret n°...

Actualité

L’incubateur du Centre d’Insertion socio-professionnelle des jeunes de Médiouna présent au SIAM 2025

L’incubateur du Centre d’Insertion Socio-Professionnelle des Jeunes de la province de Médiouna...