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Kabylie : un dialogue qui divise les tribus

Cette offre faite par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a mis au jour de nets clivages entre les partisans d’une solution négociée de cette crise, qui a fait une centaine de morts et des milliers de blessés lors des émeutes du « printemps noir » 2001 et en avril 2002, et ceux souhaitant la satisfaction intégrale de leurs revendications, avant toute discussion. Depuis la crise perdure avec des émeutes sporadiques et un boycott des élections. M. Ouyahia, lui-même kabyle, avait invité, le 2 décembre, les âarchs au dialogue pour « la prise en charge des incidences de la crise en Kabylie » afin d’examiner « la mise en oeuvre de la plate-forme d’El Kseur », texte de référence des revendications kabyles, adopté dans le feu de l’action des émeutes. Ce document, approuvé le 11 juin 2001, à El Kseur, près de Béjaïa (260 km à l’est d’Alger), contient les revendications des âarchs qui souhaitent la reconnaissance de leur identité berbère, un plan de relance et de réformes économiques pour la Kabylie, région montagneuse et pauvre, connaissant un fort taux d’émigration. M. Ouyahia répondait à une proposition des « dialoguistes » adoptée le 22 novembre dernier affirmant la nécessité de discussions pour la mise en oeuvre de la plate-forme. Ces derniers souhaitent en particulier la libération des détenus, l’arrêt des poursuites judiciaires, la dissolution des mairies issues des élections locales d’octobre 2002, et une amnistie fiscale pour les commerçants. Les « dialoguistes » avaient donné 10 jours au gouvernement pour accepter ses conditions, faute de quoi ils « mettraient un terme au processus du dialogue ». Lors de réunions de différentes « Coordinations », regroupant les âarchs de plusieurs secteurs de Kabylie, les divergences sont apparues au grand jour, cette semaine, entre « dialoguistes » et partisans de l’application intégrale de cette plate-forme. Les « durs » du mouvement contestataire ont vu dans l’acceptation du dialogue une « concession majeure » à l’égard du pouvoir central d’Alger. Ils n’ont, d’ailleurs, pas hésité, ces derniers jours, à venir perturber des réunions des « dialoguistes », emmenés par l’une des figures de proue des âarchs, Bélaïd Abrika, qui a fait 7 mois de prison, entre octobre 2002 et avril 2003 pour avoir protesté contre l’incarcération de délégués des âarchs. Ce dernier avait été l’un des éléments les plus durs et les plus critiques à l’égard des autorités, jusqu’à ces derniers mois. Une autre figure marquante des tribus kabyles, Ali Gherbi, farouchement opposé au dialogue, est même venu faire le coup de poing dans des réunions des âarchs favorables à une sortie de crise par la discussion pour dénoncer cette attitude, a rapporté la presse. Des blessés ont été enregistrés de part et d’autre, selon cette source. M. Gherbi estimait samedi dans un entretien au quotidien Liberté que « le pouvoir avait réussi son coup » en faisant « monter des frères de sang et de combat entre eux ». « Il veut normaliser coûte que coûte la situation en Kabylie » dans la perspective de l’élection présidentielle du printemps 2004, accusant les « dialoguistes » d’être des « complices du pouvoir ».

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