La parution de «Histoire du Maroc, réactualisation et synthèse» due à une équipe d’auteurs coiffée par l’Institut royal pour la recherche sur l’Histoire du Maroc (IRRHM) et qui a été présenté samedi à Rabat à un public d’intellectuels et de spécialistes a constamment joué sur deux tableaux. D’un côté c’est un pas, un grand pas dans le monde fermé de l’édition publique. D’un autre, c’est un pas de deux. Deux, pour deux versions – une en arabe et une en français – de ce pavé de 800 pages dû à une cinquantaine d’auteurs (historiens, sociologues, universitaires, artistes…) qui ont remonté le temps jusqu’aux origines. Mais cependant, une vision unitaire, voire unitariste de l’Histoire nationale. Le ministre des habous et des affaires islamiques, dont le département exerce la tutelle sur l’IRRHM, a parlé d’Histoire nationaliste en présentant l’ouvrage qu’il a par ailleurs qualifié de nouvelle référence en le domaine.
C’est une contribution majeure à la prise de conscience de l’identité nationale, a-t-il ajouté en regrettant que l’Histoire commune soit méconnue de la majorité des citoyens. Ahmed Taoufiq a néanmoins estimé que pour fournie qu’elle soit, «Histoire du Maroc, réactualisation et synthèse» est une œuvre qui n’est pas complète et que partant elle est appelée à recevoir des additifs dans un futur proche «tant la matière de l’Histoire du Maroc est riche et diversifiée». Il a également annoncé une traduction du livre en amazigh, l’élaboration de manuels d’Histoire à l’usage de l’enseignement du primaire et du secondaire et une encyclopédie de l’Histoire. Il a considéré qu’une autre conséquence directe de la nouvelle parution est qu’elle a inspiré de nombreux chercheurs qui ont entrepris de réfléchir à des sujets annexes précisant ou développant le corpus de l’ouvrage collectif. Le directeur de l’Institut a ainsi cité des ouvrages à venir : «Chronologie de l’Histoire du Maroc», «Le Maroc et le temps présent», «Le Maroc du nord depuis les années 30 jusqu’à 1961», «Mohammed V de la dignité de Sultan à celle de Souverain», «Regards sur l’Histoire et la culture du Maroc» et «Le Maroc au 20ème siècle».
Il a jugé que ces différents projets seront probablement conduits comme l’a été l’ouvrage principal où «dès le départ le choix a été arrêté de considérer l’Histoire du Maroc dans son ensemble comme une unité, ce qui signifiait l’inclusion des périodes précédant l’arrivée de l’islam ainsi que le traitement de la période du protectorat sur un pied d’égalité avec les autres pans de l’Histoire du pays». Second obstacle qu’il fallait franchir dans l’élaboration de l’ouvrage: «L’écueil d’une approche dynastique, la périodisation retenue a tenté d’innover en matière de définition des césures et des périodes de continuité». Mohamed Kabli a également dit sa conviction que l’IRRHM doit changer son fusil d’épaule et que comme il a médiatisé sa grande œuvre, il devrait aller plus souvent sur le terrain. Le directeur de l’Institut a ainsi promis d’aller aux universités et aux autres établissements d’enseignement, d’animer des conférences et des débats sur les grands thèmes de l’Histoire nationale… Mais pour ce faire, a-t-il jugé, il faut encore plus de moyens. Ce qui lui a valu cette réponse du ministre des habous : «L’IRRHM aura tous les moyens nécessaires et ils seront pris soit au budget général de l’Etat, soit financés directement par le ministère des habous».