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La France et immigration

Michel Gevrey se prononce à l’inverse pour une ouverture maîtrisée des frontières à la main-d’oeuvre étrangère. La France sera confrontée à partir des années 2020-2025 à une baisse de la population en âge de travailler, selon Michel Gevrey. La hausse actuelle de la fécondité, la lutte contre le chômage et le recours aux travailleurs les plus âgés ne suffiront pas à la compenser. S’il ne s’oppose pas catégoriquement aux lois sur l’asile et l’immigration, M.Gevrey regrette que le hasard du calendrier n’ait pas permis aux députés et sénateurs de prendre acte de son rapport. Et plus particulièrement concernant l’obtention de la carte de séjour. « Le gouvernement a choisi de durcir le régime concernant les étrangers mais les dispositions prises ne sont pas forcément très bonnes. On devrait autoriser les étrangers qui ont déjà un emploi à travailler légalement et se doter ainsi des moyens de lutte contre l’économie souterraine », explique le rapporteur. Selon lui, l’Etat doit contraindre les employeurs à déclarer les emplois par le recours systématique à l’inspection du travail. Ainsi régularisés, les travailleurs immigrés contribueront au financement des retraites et à la protection sociale. Or actuellement, un immigré qui débarque en France se trouve au milieu d’un cercle vicieux. Pour avoir une carte de séjour, celui-ci doit prouver des sources de revenus. Or, pour pouvoir travailler, il a besoin d’une carte de séjour qui le lui autorise. L’autorisation n’est accordée que s’il trouve une entreprise prête à l’embaucher. Mais les procédures longues et compliquées de demande d’autorisation de travail découragent dès le départ les employeurs potentiels. Les étrangers qui s’y aventurent voient souvent leur dossier refusé «pour cause du taux de chômage élevé». Et même si le secteur en question manque de main-d’oeuvre, l’immigré n’a d’autre choix que le travail au noir pour survivre. Pour Michel Gevrey, l’accroissement du solde migratoire est la solution au manque de main-d’oeuvre dans des emplois qualifiés comme l’informatique. La canicule de l’été dernier illustre bien les besoins dans le domaine sanitaire et social. «De tels métiers nécessitent une formation de 3 à 9 ans», explique le rapporteur. «Nous devons faire venir des étrangers qualifiés pour faire face à ces besoins urgents». Le manque de main-d’oeuvre ne frappe pas que ces secteurs : les Français ne veulent plus exercer des emplois peu ou pas qualifiés, comme le métier d’éboueur ou de manutentionnaire. Il est impossible selon lui de compenser ces manques avec des chômeurs. «Sinon la France ne compterait pas encore 10% de chômeurs», ajoute-il. Il estime à 80.000 le nombre de migrants nécessaires pour pallier les manques de l’économie française en 2003. Un chiffre auquel viendra s’ajouter 10.000 étrangers de plus chaque année jusqu’en 2020. «Nous ne proposons bien évidemment pas une immigration massive», précise M.Gevrey «Ce serait totalement irréaliste et inutile». Le rapporteur préfère que la France forme des étudiants étrangers pour qu’ils contribuent ensuite au développement de leurs pays. A l’instar de Jacques Chirac lors de son déplacement au Mali, M.Gevrey a rappelé l’importance du co-développement. Il a ainsi précisé dans son rapport, la nécessité d’«une politique volontariste de la part du gouvernement français dans l’accueil des étudiants étrangers». Par l’obtention de bourses notamment. Pour le rapporteur, chaque immigré devrait avoir « un projet migratoire » et le gouvernement devrait distinguer les étrangers qui viennent en France pour survivre de ceux qui ont un réel projet professionnel. Ces derniers devraient obtenir facilement un visa temporaire, leur permettant de trouver un travail. M.Gevrey regrette que le gouvernement ait pris une position inverse. Il espère une nouvelle loi qui prendrait en compte les besoins de l’économie française. « On voit des lois restrictives sur l’immigration dans toute l’Europe car il y a une peur irrationnelle des étrangers. On confond l’immigration et la délinquance, ce qui est évidemment faux », affirme-t-il. «Il faut un vrai débat national sur l’utilité de l’immigration en France, ne serait-ce que pour comprendre que l’autre est pour nous toujours nécessaire».

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