Dominique de Villepin, ministre français de l’Intérieur, avait annoncé son installation en novembre dernier. Mardi, le ministre également chargé des Cultes a déclaré que la Fondation pour l’Islam de France «sera en mesure de fonctionner en avril». Cette Fondation aura pour principal objectif d’organiser l’Islam de France. Elle aura ainsi pour prérogatives de contrôler les flux financiers émanant de l’étranger et de les canaliser. Elle sera également chargée de financer la construction et la rénovation des mosquées en plus d’exercer d’autres activités sociales et culturelles.
Pour le ministre français, cette nouvelle institution aura surtout en charge de mettre en place un cursus de formation pour les imams, ce qui pourrait être un modèle en Europe. La partie profane de ce cursus, dont le lancement est prévu à la rentrée 2005 sera dispensée dans une université, à condition que cette dernière approuve avant la fin de cette année une maquette éducative. Pour sa part, la partie théologique de la formation sera confiée aux instituts existants de la Grande Mosquée de Paris et de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Cette dernière, majoritaire au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM),n’a pas, rappelons-le, très bien accueilli le projet d’instaurer une fondation pour l’Islam de France. Mais au sein du ministère français de l’Intérieur, l’optimisme est de mise. «Les réformes mises en place vont modifier complètement la manière dont fonctionne l’Islam en France», estime un responsable dans des propos relayés par l’agence AFP. «La Fondation sera un instrument au service du CFCM», assure le responsable avant d’ajouter que «la rédaction du projet définitif se fera en janvier-février».
Le plan du ministre De Villepin a pensé à tout. Les imams des mosquées de France pourront également bénéficier d’une formation continue, en langue française notamment. L’importance de la langue est ainsi fortement soulignée. Le ministre de l’Intérieur a jugé mardi «inacceptable» dans un entretien au quotidien Le Parisien que, sur les quelque 1.200 imams du pays, 75% ne soient pas Français et qu’un tiers ne parle pas le français.
En parallèle, et en vue d’organiser l’Islam en France, le ministre De Villepin entend intensifier le combat contre l’islamisme radical à travers, notamment, la mise en place dès le 22 janvier 2005, de cellules appropriées. Elles auront pour mission de coordonner l’action de différents services (police, gendarmerie, renseignements généraux …), généralisant ainsi une expérience lancée en avril à Paris. L’objectif pour l’Etat est de retrouver sa mainmise sur les 2,4 % des 1.685 lieux de culte qui sont sous influence salafiste.