La menace de la grippe aviaire devient de plus en plus sérieuse. Déjà identifiée en Turquie, en Roumanie, sur une île grecque, en Croatie, en Russie et en Grande-Bretagne, la souche H5N1 du virus, a été découverte en Suède samedi dernier. La souche H5N1 du virus, dangereuse pour l’homme, a déjà tué une soixantaine de personnes en Asie. Plusieurs pays de l’Union européenne ont ordonné le confinement des volailles. C’est le cas de l’Allemagne, l’Autriche et la Norvège.
En France, les pouvoirs publics ont exclu une telle mesure pour prévenir une éventuelle diffusion de la grippe aviaire. Dans une déclaration à l’agence Reuters, Pascale Briand, directrice de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), a estimé que la situation n’a pas atteint un stade critique pour prendre une telle décision. «Il ne nous semble pas que nous soyons arrivés à un stade de risque suffisant pour élever les précautions à ce niveau», a déclaré Pascale Briand. Dans un avis publié vendredi dernier, l’Afssa privilégie cette hypothèse sur ces courants "mer Noire-Méditerranée" et "Est-Atlantique". Le confinement des volailles ne serait cependant justifié qu’en cas d’apparition de foyers de la maladie à l’Ouest de l’Europe, a dit Pascale Briand. Elle a dit ignorer pourquoi l’Allemagne et la France convergeaient sur le constat et divergeaient sur les décisions politiques. Le sujet est très sensible en France où le "lobby" agricole est très hostile au confinement, les deux tiers des élevages de volailles s’effectuant en plein air. Il supposerait de très lourds investissements.
Dimanche soir, le ministère de l’Agriculture a toutefois indiqué que de nouvelles mesures seraient annoncées aujourd’hui. « Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, confirme que des mesures complémentaires de renforcement de la protection des élevages, notamment dans les zones présentant un risque particulier de contact avec les oiseaux migrateurs, seront annoncées et mises en oeuvre mardi 25 octobre », indique le ministère dans un communiqué. Les scientifiques jugent possible que deux courants migratoires des oiseaux sauvages situés le plus à l’Ouest de l’Europe soient déjà frappés par la maladie.
La mort d’un perroquet, atteint de la grippe aviaire, en Grande-Bretagne, a poussé ce pays qui préside actuellement l’UE de demander samedi à l’Union d’imposer un embargo sur l’importation d’oiseaux sauvages vivants en provenance du reste du monde. Les importations de volailles, qui sont des oiseaux domestiques, resteraient autorisées. «La Commission est en train de réfléchir, elle décidera d’ici mardi», a indiqué dimanche un porte-parole de Bruxelles. Jusqu’à présent la Commission estimait qu’un tel embargo favoriserait le développement d’un marché noir échappant à tout contrôle sanitaire, au contraire des oiseaux importés légalement dans l’UE, qui doivent suivre une procédure de quarantaine et subir des tests sanitaires. Il semble cependant que la proposition britannique soit accueillie favorablement par plusieurs Etats membres, selon une source communautaire citée par l’AFP. La question sera soulevée lors de la réunion des ministres de l’Agriculture aujourd’hui à Luxembourg.
La décision finale revient à la Commission européenne. Au Maroc, les autorités se veulent rassurantes pour le moment. Elles ont mis en place des mesures préventives et des dispositifs de surveillance qui devront permettre l’élaboration d’un plan national de préparation et de riposte à la pandémie de grippe humaine d’origine aviaire. Pourtant, la consommation de volailles a baissé considérablement conduisant à une baisse des prix considérable.