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La marocanité du Sahara et l’allégeance aux Sultans du Maroc sont portées par les tribus sahariennes

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L’allégeance des tribus du Sahara marocain aux Sultans et Rois Alaouites et leur attachement indéfectible à l’union nationale et à l’intégrité territoriale du Royaume sont une constante fondamentale, que tout regard sérieux, honnête et juste peut en déceler le testamentum, partout et en tout temps.

Par Sidi Mohammed Biedalah
Diplomate marocain

Des voix diplomatiques de l’Algérie, Bruxelles, New York, Genève comme ailleurs, se fondent, surtout ces temps-ci, dans un discours anti-marocain, incongru, monotone et isolé, ayant comme toile de fonds, le soutien de la thèse séparatiste.

Pourtant, ces propos, qui versent souvent dans le diffamatoire, le calomnieux et l’injurieux, ne résistent point devant les preuves intangibles, indélébiles et têtues de l’histoire, de la géographie et de l’unité du peuple marocain forgée de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie ainsi que de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.

L’allégeance des tribus du Sahara marocain aux Sultans et Rois Alaouites et leur attachement indéfectible à l’union nationale et à l’intégrité territoriale du Royaume sont une constante fondamentale, que tout regard sérieux, honnête et juste peut en déceler le testamentum, partout et en tout temps.

Les Rgueibat firent appel à l’arbitrage du Sultan Mohammed IV pour le partage du territoire de pâturage au Sahara marocain

Au milieu du XIX siècle, les Rgueibat et les Tajakant de Tindouf, enchevêtrés dans des hostilités persistantes au sujet du partage des aires de pâturage de Sâgya al-Hamra et Hamada de Tindouf, s’adressèrent à Amir Al Mouminine, le Sultan Mohammed IV, l’autorité judiciaire souveraine.
Chacune des deux tribus, représentées par leur Qâdi, respectivement, Muhammd ibn Yûsuf ibn Abd Al-Hay et Mohamed Moukhtar ibn Laâmach, rédigèrent un écrit ; «les pamphlets furent envoyés au Prince, le fils de Mawlay Abd ar-Ramân qui réunit les savants de Marrakech et de Fèz pour les départager. Ces savants donnèrent raison à l’écrit de Muhammad Wuld Yûsuf, et le Prince des Croyants y imposa son sceau. (…) Leurs divergences furent soumises à Sîdî Muhammad ibn Mawlay Abd ar-Ramân, Prince des Croyants à cette époque. L’Ahl Abd Al-hay désigna, pour le représenter lors des débats, le juriste Haĝ al-Baŝîr et les Tâĝakânt choisirent Muhammad Muhtâr wuld La mâŝ. Le Sultan délégua soixante-dix juristes et un juge. Les Abd Al-hay sortirent finalement vainqueurs de cette affaire (…)».

Le juge, Qâdi, des Reguibat prêta allégeance au Sultan Mohammed IV et fit le pèlerinage parmi le contingent de pèlerinage marocain.

Al-Bachir [Haj, après pèlerinage] ibn Abd Al-Hay Al-Berbouchi Rgueibi, se rendit à Marrakech où il prêta allégeance (Baiâ), au nom des Rgueibat, au Sultan Moulay Mohammed Ibn Abderrahmane, remit la requête rgueibie au Sultan et plaida leur cause devant le Collège des Juges, installé et conduit par le Sultan Mohammed IV.
Le Sultan Mohammed IV le couvrit, ensuite, de sa sollicitude en prenant en charge son pèlerinage parmi le contingent de pèlerins marocains. De ce périple moyen-oriental, l’histoire retint son séjour à l’université d’Al-Azhar : « Al-Bashir ibn Abd Al-Hay ibn Sid Ahmad Al-Barboushi Al-Kounti -en référence à son affiliation à la Tariqa Qadiria kountia de Sidi Cheikh Al-Moukhtar Al-Kunti Al-Kabeer (1811 /172)- fut un érudit de la région (Sakia Al-Hamra et Oued Eddahab). Il étudia auprès de Cheikhs de son époque, notamment le Cheikh Abd Al-Rahman ibn Saâd Al-Tarifi, Cheikh du Pavillon de Dar Four à Al-Azhar).
Haj Al-Bachir Berbouchi Rgueibi fut sollicité, selon la tradition orale, à son arrivée à la Mecque, par le Sultan Ottoman Abdelhamid pour le faire adhérer au projet de l’«Université islamique» que l’érudit déclina puisqu’il eut donné parole au Sultan Mohammed IV de prendre domicile à Marrakech, une fois de retour du pèlerinage.
Al-’Abbas ibn Ibrahim Assamlali Al-Marrakchi rapporta, dans son encyclopédie [«Faire connaître les éminents hommes qui ont vécu à Marrakech et à Aghmat», Tome III, p 77, Rabat, Imprimerie Royale], que «Al-Bashir Ibn Abd Abd Al-Hay Al-Barbouchi, Al-Sahraoui Al-Kounti, décédé aux alentours de (1290 de l’hégire/1873) suivit des études auprès de Cheikh Abd Al-Rahman ibn Saad Al-Tarifi, Cheikh du Pavillon de Dar Four, (décédé en 1336 de l’hégire/1917) et de Cheikh Abou Chouaib ibn Al-Jilali Dghoughi, domicilié à Casablanca, et de Abd El-Hafid Berrada).
«Abou Chouaib Al-Jilali Dghoughi Doukali Sahraoui, érudit et soufi de la Tariqa Qadiria est l’auteur de «Taawaliâ Al-Fakhria fi Al-Salasil Alqadiria» [ Dr ; Youssef Marchaâli, Nathr Al jawahir oua Dhorar, Dar Al Maarifa Beirout, p.1298 ]. A noter, au sujet de l’origine sahraouie de Abou Chouaib Jilali Dghoughi que l’anthropologue, Paul Marty note, dans son ouvrage «Kounta de l’Est, que «les Id Oukal» sont «les ancêtres des Doukkala, la puissante tribu berbère qui vit dans l’arrière pays d’Azemmour-Mazagan (Maroc)», «nomadisaient du Tiris à la Séguia hamra» et «étaient toujours les maîtres politiques de la région» avant l’arrivée des tribus Beni Hassan, avec la 2ème migration hilalienne du X-XI siècle.
L’«Encyclopédie du Maroc» de l’historien Mohamed Hajji, rapporte que «Al-Bachir ibn Abd Al-Hay Al-Barbouchi fût un savant bienséant soufi. Le défunt décède à Marrakech, approximativement, en 1873-1290, où il fut enterré au Mausolée de l’Imam Al-Suhaili», selon ses propres vœux.
Il sied de signaler que d’autres juges rgueibi de Ahl Abd Al-Hay fûrent nommés par Dahir Alaouite, durant le XIX début du XX siècle, notamment Mouhmed Ben Youssef Ibn Abd Al-Hay Al-Khalil Ibn Abdel Thali Al-Barbouchi. Dans le même registre, «un arrangement amiable, en date du 1er Chaâbane 1296 (1879) entre la tribu Rgueibat et la tribu Aït Oussa, se réfère à la présence du «Wali de Amir Al Mouminine Moulay Al Hassan le Pieux, chargé des affaires de Drâa, de Sakia Al-Hamra et de Oued Eddahab, Moulay Ali ibn Abd Errahmane» et en a fait part au Qâdi Al-Khalil ibn Abd Al-Hay Thali» [Discours du 1er Président du Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire, Unité du Royaume à travers la justice, 06 mai 2011]

Les Rgueibat instaurèrent un système juridique coutumier en représentation du Sultan du Maroc.

La mise en place d’un système juridique coutumier des Rgueibat fût entamé par Abd Al-Hay Al- Berbouchi Rgueibi à la fin du XVIII – début du XIX siècle, suivant les percepts coraniques et le rite malékite qui dicte à (Ahl al-Halli wal ‘Aqd), «les gens qui lient et délient», dans «Bled Siba» d’y représenter le Sultan et d’y exercer l’autorité en son nom.
La codification du droit coutumier, la délimitation de la juridiction y afférente et la réglementation de la vie sociale des Rgueibat et de ses interactions avec les autres tribus du Sahara marocain rendirent obligatoires l’institution du système juridique coutumier, surtout avec l’extension de leur territoire de pâturage, l’importance de leurs cheptels chameliers et l’accroissement démographique de leur tribu.
En effet, les Rgueibat nomadisèrent «de la vallée de Drâa jusqu’aux dunes de Adrar et de Iguidi algérien et du Hank mauritanien en Orient jusqu’au Adrar Souttof». La population rgueibie «est évaluée de 14 à 15.000 personnes à Oued Eddahab et Sakia El Hamra, sur une population totale de 35.142 personnes, sachant, en outre, que «dans la région de Ben Guerir, il y a plusieurs grands douars, constitués de Rgueibis.» (Angel Domenech Lafuente, Algo sobre Rio de Oro,1946).
Ils «font parfois 7 à 800 Kilomètres pour changer de pâturage; on peut, sans exagération, évaluer leur cheptel à 80.000 Chameaux» remarqua De la Chapelle [Histoire du Sahara Occidental, Hespéris. Tome XI, p 41, an 1930] La vie sociale fût structurée en groupements de tente, échelonnés à trois niveaux, le «Frig», formé de 10 à 15 tentes, le «Mahsar» de 100 à 200 tentes et «Al Halla» au-delà de 200 tentes, et régis par une structure traditionnelle de gouvernance, l’«Assemblée», instance permanente ouverte aux hommes adultes de la tribu, ayant les qualités et les compétences requises, qui incarnent le pouvoir délibératif, élit les membres du Conseil, dit «Ait Arbaine», et nomme les Qâdis (juges).
Aït Arbaine, présidé par un «Mouqaddam», est l’instance exécutive, à caractère non permanent, dont la composition peut aller de 15 à 60 membres parmi les chioukhs ou notables réputés pour leur sagesse et droiture, et qui ne se réunit qu’en cas de nécessité majeure, notamment pour traiter des questions liées à la paix, à la sécurité et à l’ordre tribal.
Aït Arbaine est un concept amazigh qui n’existe qu’au Maroc (Sahara marocain, le Rif et Souss), et dont la pratique au Sahara marocain coïncide avec celle du système politique tribal de Souss. Ses décisions sont contraignantes et sont rédigées par le Qâdi, qui en fait deux copies, une gardée dans son registre et l’autre remise au Mouqaddam.

Ahl Abd Al-Hay juges (Qôdât) des Rgueibat

Le système juridique coutumier des Rgueibat fût fondé, à la fin du XIIV siècle, par Abd Al-Hay ibn Sid Ahmed Ibn Allal Al Mahfoudi Al-Barbouchi Rgueibi, des Berabich, de la confédération des tribus Beni Hassan, qui englobe Ouled Dlim (Oued Eddahab), Rhamna (Haouz de Marrakech et les Mghafra (Brakna, Trarza, Ouled Yahya Ben Othman, Ouled Mbarek, Ouled Ennacer), dont est originaire Khnatha Bent Bekkar, épouse du Sultan Moulay Ismaïl et mère du Sultan Moulay Abdellah, des Sultans et des Rois Alaouites du Maroc.
Ces liens sanguins indélébiles ne peuvent être mieux évoqués que par des vers mystiques et éloquents de Moulay Mohammed Al Alam ibn Moulay Ismaïl :

Ils trouvent tout leur sens dans la Haute Sollicitude que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu Le Glorifie, accorde aux populations des Provinces du sud, au sujet desquels le Souverain tient à insister qu’ils sont connus pour être «depuis toujours des hommes de commerce et de savoir, vivant de leur labeur, dignes et fiers, n’attendant l’aide de personne, si pénibles que soient les circonstances.» [Discours Royal à l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche verte du 6 novembre 2015 à Laâyoune].

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