L’information est rapportée mercredi par le quotidien « L’Expression », qui précise que les forces de sécurité n’ont pas pénétré dans la zone broussailleuse où elles auraient localisé le nouveau chef islamiste, en raison du terrain miné. Les officiers algériens préféreraient bombarder la zone pour contraindre les maquisards à sortir de leur repaire lorsqu’ils seront à court de vivres et de munitions, selon le journal, qui souligne que les forces de sécurité ont pu localiser Abou Tourab à la suite d’un renseignement fourni par un islamiste arrêté dimanche. Le GIA et l’autre principal mouvement islamiste armé clandestin encore en activité, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, figurent en bonne place sur la liste des organisations officiellement considérées comme « terroristes » par les Etats-Unis.
Accusé depuis plusieurs années de multiples massacres de civils en Algérie, le GIA s’était choisi en février comme chef Abou Tourab, de son vrai nom Rachid Oukali, 28 ans, deux jours seulement après la mort d’Antar Zouabri, abattu le 8 février par les forces de sécurité. A la tête du GIA, l’aile la plus radicale de l’islamisme armé algérien, depuis 1996, Zouabri avait été tué avec deux de ses lieutenants après avoir été localisé dans sa ville natale de Boufarik, à environ 25 km de la capitale. « Pas de trêve, pas de dialogue, pas de réconciliation et pas de sécurité, mais le sang et la destruction (…) le sabre sera décisif », annonçait en mars le nouveau leader du GIA dans un tract circulant dans les fiefs islamistes du sud d’Alger à la suite de sa désignation.
Le pouvoir algérien impute au GIA et au GSPC l’essentiel de la violence qui persiste plus de dix ans après le déclenchement de l’islamisme armé.. Le journal arabophone Al-Khabar signalait mercredi que les forces de sécurité avaient abattu six membres du GSPC mardi dans la zone de Boumerdès, un fief islamiste situé à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale algérienne. Depuis une semaine, les attentats et massacres se succèdent quasiment quotidiennement aux environs d’Alger et dans l’ouest algérien. Le 15 juillet, sept personnes avaient été assassinées à Boukadir près de Chlef, par des éléments du GIA, selon des sources sécuritaires et le 16, six autres personnes ont été tuées par balles également par un groupe armé du GIA dans un café à Médéa (80 km au sud d’Alger). Le 14 juillet, six militaires avaient été tués dans une embuscade à Ouled Aïssa près de Bourmerdès. C’est dans ce secteur à l’est d’Alger, qu’est installé le GSPC, censé ne s’attaquer qu’aux forces de sécurité. Le 13 juillet, six personnes ont été assassinées à Miliana et trois à Bouharoun (120 et 40 km à l’ouest d’Alger), et dix personnes ont été tuées le 9 juillet à Tiaret (340 km à l’ouest d’Alger).
Depuis le début du mois de juillet, près de 130 personnes ont été tuées en Algérie dans des actions impliquant des groupes islamistes armés, selon un décompte établi à partir de bilans officiels et de la presse. Ces violences portent à près de 860 le nombre de personnes tuées, dont 240 islamistes armés, dans ce pays depuis le début de l’année, selon ce type de décompte. Depuis que les islamistes de l’ancien Front islamique de salut (FIS, dissous) ont été privés d’une victoire électorale promise en janvier 1992, les violences ont fait plus de 100.000 morts en Algérie, selon un bilan officiel.