Le Nouveau plan de développement, qui a érigé la question du développement durable en priorité dans la feuille de route marocaine, mise sur un équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement.
Le 14 mars 2025, à Londres, Leila Benali, ministre de la transition energétique et du développement durable, a pris part à une table ronde ministérielle consacrée à la problématique de la sécurité de l’eau dans le contexte du changement climatique et des défis du développement durable.
La rencontre, marquée par la participation de représentants d’organisations internationales, a été l’occasion d’examiner plusieurs questions se rapportant notamment aux moyens d’assurer une meilleure gestion de l’eau dans le contexte du changement climatique. Le renforcement de la stabilité économique des pays et la protection des populations vulnérables au changement climatique ont également été au menu des débats. Il convient de rappeler que le Maroc a été le seul pays nord-africain invité à prendre part à cette rencontre, réunie à l’initiative de WaterAid, une ONG placée sous le patronage du Roi Charles III et qui œuvre en faveur du développement durable et de la protection de l’environnement.
A cette occasion, Mme Benali a souligné que le Maroc a fait du développement durable un «choix stratégique» sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI.
Elle a rappelé, dans ce contexte, le Nouveau plan de développement, qui a érigé la question du développement durable en priorité dans la feuille de route marocaine qui mise sur un équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement. Mme Benali a mis en évidence le rôle avant-gardiste que joue le Royaume sur les questions du développement durable et de lutte contre le changement climatique aux niveaux continental et international. C’est que le Maroc demeure résolument engagé en faveur d’une coopération internationale agissante mettant en priorité dans son agenda le développement durable et la protection de l’environnement. La stratégie de développement du Maroc est basée essentiellement sur la question de l’eau et de la préservation de cette ressource vitale. La ministre marocaine a ainsi rappelé les mesures prises par le Maroc pour une meilleure gestion de ses ressources en eau, citant notamment les autoroutes de l’eau. L’action du Maroc s’avère fondamentale d’autant plus que le pays est exposé aux risques de la sécheresse, qui impose une action constante et continue pour relever les défis des aléas climatiques, a poursuivi Mme Benali.
Il est à rappeler qu’il y a de cela près d’un an, lors d’une rencontre avec le Conseil national de l’entreprise (CNE) organisée par la CGEM, la même ministre avait mis en avant les stratégies et programmes de son département à l’horizon 2030. A commencer par la stratégie bas carbone d’ici 2050.
Neutralité carbone d’ici 2050
En lançant une stratégie bas carbone ambitieuse, avec pour objectif ultime d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le Maroc a fait un pas de géant vers un avenir plus durable. Une initiative qui repose sur quatre piliers fondamentaux qui guideront le pays dans sa transition vers un modèle énergétique plus propre et respectueux de l’environnement.
Le premier pilier de cette stratégie est le renforcement du déploiement des énergies renouvelables. Le Maroc s’engage à accélérer le fort développement des énergies renouvelables et promouvoir le développement de l’hydrogène vert pour décarboner l’industrie.
En outre, l’accélération de l’électrification et la généralisation de l’efficacité énergétique dans tous les secteurs occupent une place centrale. Le pays prévoit d’électrifier les transports et l’industrie, tout en mettant en œuvre des mesures visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et des appareils. Les nouvelles chaînes de valeur dans l’économie circulaire et la valorisation des déchets sont également encouragées.
Le troisième pilier de cette stratégie concerne le développement d’une agriculture écologique et les écosystèmes forestiers durables, adaptés aux changements climatiques et résilients.
Enfin, la promotion d’une nouvelle génération de régions et villes sobres et intelligentes. A cet effet, le pays prévoit de développer des transports publics et une logistique numérique et multimodaux, tout en favorisant les modes de déplacement doux.
Pour concrétiser cette vision ambitieuse, le Maroc adopte une approche méthodologique rigoureuse, incluant la modélisation de trajectoires bas carbone à l’horizon 2050 et une collaboration étroite avec les partenaires nationaux et internationaux, accompagnée par la mise en place d’une évaluation des impacts macroéconomiques des scénarios de décarbonation des secteurs clés, avec des propositions de mesures opérationnelles. Les résultats escomptés sont significatifs, avec la création prévue de 400.000 emplois, une croissance projetée du PIB de 5% et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050. Cette stratégie sera régulièrement suivie et évaluée, avec une mise à jour annuelle de la modélisation et une collaboration continue avec les parties prenantes nationales et internationales.
La Stratégie nationale sur le développement durable : Cap sur 2035
Cette stratégie (SNDD) est le fruit d’une large concertation nationale et territoriale ainsi qu’internationale avec les Marocains résidant à l’étranger. Elle a été élaborée en étroite collaboration avec l’ensemble des parties prenantes, à travers des ateliers thématiques, des Assises régionales et une consultation citoyenne sur la plateforme noussahimo.gov.ma.
La SNDD se veut un véritable outil de politique publique au service du gouvernement, des collectivités territoriales et de tous les acteurs, publics et privés, dans une approche inclusive et collaborative.
Pour concrétiser sa vision nationale 2035, six domaines de transformation (DT) intersectoriels ont été identifiés, à savoir : l’économie verte et inclusive, le capital humain et social, les territoires durables et résilients, la gouvernance ouverte et efficiente, la culture et patrimoine, l’innovation et recherche scientifique.
La mise en œuvre de la SNDD nécessite également un ajustement de la gouvernance du développement durable afin de favoriser les synergies et les convergences sectorielles vers des objectifs communs. Un suivi rigoureux de la SNDD sera effectué grâce à un tableau de bord national comprenant des indicateurs clés tels que le taux de dépendance énergétique, le taux de recyclage national des déchets ménagers ou encore le taux d’alphabétisation et les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles.
L’économie circulaire et la stratégie minière
Dans un effort soutenu vers une économie plus verte et inclusive, le Maroc met l’économie circulaire au cœur de sa nouvelle Stratégie nationale de développement durable à l’horizon 2035. Cette démarche s’accompagne de réformes législatives.
Dans le cadre de cette transition, le Maroc prend diverses mesures pour gérer les déchets de manière plus efficace, notamment la réduction à la source, la collecte sélective, le recyclage, l’éco-élimination et la valorisation énergétique, ainsi que l’intégration de la responsabilité élargie du producteur et la valorisation énergétique.
Des projets pilotes sont également lancés dans six villes hôtes de la Coupe du monde 2030 pour promouvoir une économie circulaire adaptée aux besoins locaux, à travers l’adoption d’un mode de gestion spécifique adapté aux communes dont la quantité des déchets ne dépasse pas les 50.000t/an.
La stratégie de transformation du secteur minier repose sur six axes stratégiques majeurs, qui visent à repositionner ce secteur au cœur de l’économie marocaine. Tout d’abord, la restructuration institutionnelle vise à adapter les structures et les processus pour répondre aux nouveaux défis et opportunités du secteur. Ensuite, la digitalisation et la simplification des procédures administratives visent à moderniser les opérations et à rendre les processus plus efficaces et transparents.
La réforme législative et réglementaire constitue un autre volet essentiel de cette stratégie, visant à créer un environnement juridique propice à l’investissement et à l’innovation dans le secteur minier. Parallèlement, la valorisation et la transformation industrielle des ressources minières sont des objectifs clés, visant à créer une chaîne de valeur ajoutée et à diversifier l’économie.
L’attractivité de l’investissement et le développement territorial responsable sont des axes transversaux qui sous-tendent l’ensemble de la stratégie. Il s’agit de créer un environnement propice à l’investissement privé, tout en veillant à ce que le développement du secteur minier contribue de manière positive au développement économique et social des communautés locales et des régions concernées.
Stratégie énergétique et besoins en investissements
La stratégie énergétique du Maroc s’appuie sur trois piliers essentiels. Tout d’abord, elle vise à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne, pour répondre aux besoins croissants en électricité du pays. Ensuite, elle met l’accent sur l’efficacité énergétique dans la production et la consommation d’énergie, avec pour objectif de réduire la dépendance aux énergies fossiles. Enfin, elle encourage l’intégration régionale pour une meilleure gestion et utilisation des ressources énergétiques disponibles.
Le gaz naturel et l’hydrogène vert pour une transition énergétique durable
Pour le gaz naturel, le Maroc fait face à une forte demande à court et moyen termes, notamment dans le secteur industriel. Pour répondre à ces besoins, le pays prévoit de développer de nouvelles capacités de production thermique au gaz et d’explorer des alternatives telles que l’hydrogène vert. Les objectifs stratégiques incluent la consolidation de l’indépendance énergétique du Maroc en contribuant à la décarbonation du système électrique marocain et la réduction de l’utilisation de combustibles fossiles et en favorisant l’émergence d’une industrie nationale à faible empreinte carbone. La mise en place d’infrastructures flexibles pour le transport et la distribution du gaz et de l’hydrogène vert est également envisagée pour garantir la viabilité à long terme du projet.
Les projets en cours comprennent la création de points d’accès au gaz naturel liquéfié et l’élaboration d’une feuille de route pour le développement de l’industrie du gaz. À court terme, la feuille de route gazière prévoit spécifiquement la création d’un terminal gazier au port de Nador West Med, accompagné d’un gazoduc reliant au Gazoduc Maghreb-Europe (GME). Enfin, et pour assurer la compétitivité de l’hydrogène vert, l’accent est mis sur les éléments essentiels pour obtenir un hydrogène concurrentiel, notamment les économies d’échelle, une planification coordonnée des infrastructures et une gestion rigoureuse des ressources.