«La diplomatie algérienne a reçu une gifle», a estimé le politologue Manar Sellimi réagissant à l’abandon de Washington d’inclure la question des droits de l’Homme dans la résolution qui proroge le mandat de la Minurso et qui devra être adoptée aujourd’hui 25 avril par le Conseil de sécurité. «Après la réitération de la position française sur le Sahara, voilà que les Américains réaffirment la légitimité de la cause marocaine. Les ennemis de l’unité territoriale ont épuisé leur dernière carte avec le refus de l’élargissement des prérogatives de la Minurso», souligne M. Sellimi.
Pour ce qui est des négociations avec les parties à ce conflit, M. Sellimi estime «qu’aujourd’hui nous sommes dans une nouvelle phase, avec une position plus forte que par le passé». Dans ce sens, il prévoit deux scénarios: «Ou le Polisario soutenu par l’Algérie modifie sa position et s’implique dans la recherche d’une solution sur la base du projet de l’autonomie des provinces du Sud sous souveraineté du Maroc, ou le Maroc prépare la communauté internationale à l’application de cette proposition de manière unilatérale». Toutefois, M. Sellimi ne manque pas de relever des enseignements que le Maroc doit tirer à l’issue de cette «victoire diplomatique». Il est question de la mise en place du Conseil supérieur de la sécurité pour la gestion de ce genre de dossier, la création d’une cellule permanente exclusivement dédiée à la question du Sahara, ainsi que la promotion et la communication à un niveau international sur le modèle démocratique marocain et les avancées enregistrées en ce qui concerne la question des droits de l’Homme. M. Sellimi appelle à la mise en œuvre effective du projet de régionalisation avancée à travers l’élaboration de lois nécessaires (déconcentration, décentralisation, découpage territorial…) en concertation avec tous les partenaires, ainsi que l’application des orientations du CESE contenues dans sa note de cadrage sur le développement des provinces du Sud.
Par ailleurs, selon M. Sellimi, il faut saluer le professionnalisme et efficacité de la diplomatie marocaine dirigée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Celle-ci a prouvé encore une fois que dans ce genre de situation délicate et décisive, elle déploie ses efforts de manière pertinente et use d’outils qui font leurs preuves au niveau des relations internationales. Dans ce sens, elle use d’arguments convaincants pour dissiper le malentendu. «Notre diplomatie a réussi à cerner le problème de sorte qu’il n‘y ait pas de heurt entre le Maroc et les USA, deux pays partageant des relations diplomatiques historiques et une alliance stratégique», fait remarquer M. Sellimi. «Le Souverain a contacté directement le président américain. La diplomatie marocaine a opéré sur tous les fronts. Les conseillers de Sa Majesté ont été dépêchés dans diverses grandes capitales. Au niveau interne, on a noté une mobilisation de tous les acteurs politiques et de la société civile. Tous ces éléments ont renforcé la présence de l’Etat nation qui a pesé de tout son poids sur le cours des choses», explique M. Sellimi.