Le Parti de la justice et du développement (PJD) en a appelé hier à Rabat, où il a organisé une journée d’étude sur la réforme de son statut et de son règlement intérieur, à des modèles aussi variés que l’UMP, le PS français ou le PJD turc. Réunis dans le cadre de la commission chargée de préparer le 7ème congrès ordinaire qui doit se tenir à la mi-juillet de cette année, une centaine de cadres et de délégués régionaux ont planché sur la meilleure manière de conduire une révision des textes devenue nécessaire après «l’accès au pouvoir». Arrivé en fin de 1ère partie des travaux, Abdelilah Benkirane a précisé les objectifs de la réunion en lançant, à plusieurs reprises à l’assistance, que le pouvoir n’est pas une fin en soi, mais un outil au service de l’intérêt général. Pour lui, le PJD a encore des efforts à fournir afin d’honorer son contrat «dans la fidélité de ses principes». Il a ainsi précisé la pensée de certains intervenants qui avaient souligné le fait que le PJD est, de plus en plus, à l’étroit dans ses anciens textes. Ces habits sont taillés à la mesure d’un parti d’opposition et donc peu seyants à une formation qui, étant au pouvoir, a besoin d’une plus large assise populaire.
Pour le secrétaire général et les siens, les «différentes levées de boucliers que suscitent les mesures prises à l’initiative du PJD» indiquent que leur formation est dans une passe délicate et qu’il faut lui assurer l’audience la plus large. Et les militants doivent être d’autant plus convaincus de la nécessité de poursuivre la lutte, a déclaré Abdelilah Benkirane, que le PJD œuvre au service de l’intérêt général et de la stabilité du pays. Cette stabilité, la plupart des intervenants en perçoivent l’accès au travers de nouvelles victoires aux élections, celles qui s’annoncent à l’horizon proche en particulier. Mais avant cela, le parti doit opérer sa mue en changeant ce qui émousse l’efficacité et en renforçant ce qui la conforte, ont dit ceux qui se sont succédé à la tribune. Car bien que se prévalant d’une déconcentration et d’une décentralisation qu’au demeurant il affirme en différents points de ses textes fondamentaux, le PJD est un système présidentiel, selon le bon mot d’un des orateurs. Cela pour dire que le secrétaire général peut pratiquement tout y faire au cours des deux mandats – 8 ans en cumulé – auxquels l’autorise le statut fondamental. Eu égard à cette prééminence, certains ont appelé à l’élection du secrétaire général au suffrage direct et à la création d’une commission des sages indépendante de l’exécutif du parti. Ils ont également invité à creuser le sillon du rajeunissement et à faire plus de place à l’élément féminin. Ils ont en effet constaté que si depuis le congrès extraordinaire de 2006 où la proportion des militantes était de 15%, elle est aujourd’hui de 20%, elle reste néanmoins en deçà des 30% exigés par la loi et plus encore sous le niveau de la parité. Ces critiques ne sont pas moins pertinentes que celles qui ont reproché au parti d’être centralisé au point de ne faire qu’accessoirement cas de la périphérie. Les tenants de cette idée ont donc appelé à une agrégation des cadres locaux dans le système de décision du parti. Car, ont-ils estimé, le PJD doit s’employer non seulement à être conforme aux nouvelles dispositions de la Constitution et à celles de la loi sur les partis, mais encore en phase avec ses principes de démocratie et d’égalité.