Vote sans réelle surprise certes, mais qui, sans surprise aussi, dit nettement le ras-le bol des militants du Parti du progrès et du socialisme (PPS) face aux attaques qui veulent le dépouiller de son groupe parlementaire et de ses portefeuilles ministériels. Attaques qui viennent tout à la fois de leurs ennemis, ce qui est en un sens logique, que de leurs amis, ce qui l’est moins.
Les membres du comité central réunis dimanche à Rabat ont donc accordé -par 308 voix et seulement 4 abstentions au bureau politique, et partant au secrétaire général qualifié pour la circonstance «de négociateur hors pair et d’habile à la manœuvre», mandat pour faire face aux agissements attentatoires à la stabilité du parti.
Agacé par les attaques dont il s’estime l’objet, sollicité par le contexte attentiste contraire à la mise en place des réformes, le Parti du progrès et du socialisme est donc finalement passé à la contre-offensive en provoquant cette session de son comité exécutif afin de légitimer son nouveau combat.
Jugeant que «dans le noir dessein de nuire à l’expérience démocratique en cours», le PPS est l’objet d’une campagne de déstabilisation «orchestrée par les forces d’inertie», les 312 membres du comité présents à la 11ème session de l’instance – plus que le quorum, selon le président de session- ont voté massivement le mandat qui charge le bureau politique de conduire «les affaires du parti dans les circonstances difficiles actuelles».
Des circonstances dont la genèse a été longuement déclinée par le secrétaire général qui a notamment rappelé les efforts déployés par le PPS pour tenter de freiner la déliquescence de la cohésion gouvernementale après les prises de position de Hamid Chabat. Nabil Benabdallah a également évoqué les tentatives du leader du PI pour amener le PPS à «patauger dans la fange de la basse polémique».
Mais, a-t-il déclaré, particulièrement attristé par le fait que les attaques aient été commises autant par d’anciens partenaires que par des alliés actuels, «nous nous interdisons la polémique qui avilit, car nous appartenons à une école qui croit sincèrement que la moralité est le fondement de la politique».
Le SG du PPS qui n’a pas exclu l’éventualité d’une participation à un nouveau gouvernement dirigé par le Parti de la justice et du développement (PJD) a affirmé que «si jamais une telle opportunité se précisait, elle se ferait suivant des conditions semblables à celles qui ont amené le parti à participer à l’actuel gouvernement». Sauf en ce qui concerne le nombre des femmes qu’il a promis d’augmenter significativement.
Le SG du PPS qui s’est par ailleurs félicité des discussions entamées par le chef de gouvernement avec le Rassemblement national des indépendants (RNI) afin de «restaurer la majorité», n’a cependant pas exclu l’éventualité d’élections anticipées. «Nous sommes prêts à tous les cas de figure, y compris celui des élections anticipées», a conclu Nabil Benabdellah avant de demander le feu vert du comité pour négocier la nouvelle étape «au mieux des intérêts du parti et de la Nation».
Le mandat sollicité par le Bureau politique n’est pas de trop si on en juge par les péripéties de l’affaire dite «du seuil requis pour la constitution des groupes parlementaires» telles que révélées par Rachid Roukbane, le chef des députés du PPS.
Il a, en effet, déclaré que contrairement à ce qu’on en a dit, le PPS a proposé de fixer ce seuil à 15 et non pas à 18 députés, et que devant les autres avis qui ont préconisé 20 députés, un moyen terme a été trouvé à 18, si bien qu’un accord a été signé entre les leaders des partis de la majorité pour entériner ce choix.
Pour lui, les choses allaient bon train jusqu’au jour du vote à la commission où «le parti de l’Istiqlal et le Mouvement populaire ont brusquement dénoncé leurs engagements arguant d’instructions de dernière minute».
Mais, s’est-il empressé d’ajouter, le PPS a toujours son groupe parlementaire et il est constitué de 20 députés au passé militant bien établi. Du reste, a-t-il précisé, «trois demandes d’invalidation de ce groupe ont été introduites à différentes reprises auprès de la Cour constitutionnelle sans succès puisque leurs auteurs ont été déboutés à chaque fois».