Sport business . Le football marocain franchit une nouvelle étape dans la professionnalisation avec l’arrivée d’investisseurs privés dans les clubs. Eclairages.
Longtemps cantonné à un rôle de sponsor, le secteur privé investit le terrain du football pour jouer un rôle plus important. Les derniers jours ont été marqués par plusieurs annonces. C’est le cas notamment pour le Raja, l’un des clubs mythiques de la métropole. Le Raja Club Athletic et l’Association Ports4Impact, entité autonome chargée de la mise en œuvre de la politique de responsabilité sociétale de Marsa Maroc, ont signé récemment à Casablanca une convention d’investissement visant à activer et dynamiser la société sportive Raja S.A. Ce partenariat, conclu lors d’une cérémonie présidée par le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, conjugue l’expertise sportive de l’association Raja aux compétences financières et de gouvernance de son partenaire institutionnel. Paraphée par le président du Raja Club Athletic, Jawad Ziyat, et le président de l’Association Ports4Impact, Driss Agoujjim, la convention acte l’activation de Raja S.A. avec un capital de 250 millions de dirhams (MDH), détenu à 60% par Ports4Impact via un investissement de 150 MDH, et à 40% par l’Association Raja Club Athletic grâce à un apport de 100 MDH représentant les équipes sportives et la marque. Dans une allocution à cette occasion, M. Lekjaa a indiqué que la concrétisation de ce partenariat stratégique constitue un moment fort pour le Raja de Casablanca, mais également pour l’ensemble du football national, notant le rôle pionnier joué par le club casablancais en tant que modèle de transformation structurelle et managériale dans le paysage sportif national. A travers la signature de cette convention d’investissement, le Raja Club Athletic montre la voie vers une professionnalisation durable du football national, a-t-il affirmé. De son côté, M. Ziyat a fait savoir que cette transformation ouvre «une nouvelle ère» pour le club, qui entend retrouver sa pleine compétitivité sur le plan continental. Il a précisé, dans une déclaration à la MAP, que l’objectif est de rompre avec les cycles d’instabilité des dernières années et de bâtir un cadre de gestion pérenne au service du projet sportif. Pour sa part, M. Agoujjim a rappelé que cette opération constitue avant tout un engagement de responsabilité, fondé sur une relation historique avec le Raja depuis 1987. «Il ne s’agit pas d’une opération à visée lucrative, mais d’une démarche structurante au service du football marocain», a-t-il relevé dans une déclaration similaire, soulignant la volonté d’accompagner le club dans une nouvelle phase de développement, sur des bases solides.
Filiales
Marsa Maroc n’est pas le seul acteur à s’intéresser au sport à travers une filiale dédiée. L’UM6P avait annoncé fin 2024 le lancement de sa filiale Evosport. Dédiée à la structuration et à la professionnalisation du sport, Evosport s’inscrit dans la stratégie nationale visant à faire de ce domaine un moteur économique et social. Cette initiative reflète l’engagement de l’UM6P à contribuer activement à la création d’un écosystème sportif innovant et durable au Maroc. «Créée en 2017, l’UM6P s’est imposée comme un acteur central de la formation dans divers secteurs stratégiques. Avec Evosport, l’UM6P entend répondre aux défis structurels du sport marocain en investissant dans des infrastructures modernes et des programmes axés sur l’innovation», expliquent les responsables de l’Univeristé, précisant que parmi les priorités de la filiale figurent la formation de talents prometteurs. «En combinant formation, innovation et développement socio-économique, Evosport se positionne comme un pilier clé pour accompagner l’émergence d’une nouvelle génération de sportifs et de professionnels», avait alors indiqué la même source. Pour les respnsables, la stratégie d’Evosport repose sur trois axes principaux. Il est question de l’investissement dans les talents et l’infrastructure : Evosport concentre ses actions sur la professionnalisation du sport national, à travers le développement des talents et la mise en place d’infrastructures sportives modernes, afin de soutenir l’excellence et assurer une croissance durable du secteur dans plusieurs disciplines. Dans ce cadre, la filiale a été notamment investie de la mission de mise en œuvre du programme issu de la création du Fonds national de formation, fruit d’un partenariat entre la Fédération royale marocaine de football (FRMF), le Groupe OCP et d’autres acteurs privés. Evosport propose aussi des programmes académiques et des solutions innovantes, avec pour objectif de répondre aux besoins actuels de l’industrie sportive. Ces initiatives visent à doter les professionnels des compétences nécessaires pour contribuer au développement du secteur. Enfin, la nouvelle filiale explore le sport en tant que levier de développement socio-économique, en contribuant au renforcement de l’écosystème sportif aux niveaux national et continental, et favorisant ainsi l’inclusion et la croissance. «Evosport incarne notre ambition de faire du sport un levier de développement humain, social et économique. En investissant dans les talents et les infrastructures sportives, nous visons à structurer durablement le secteur au Maroc et à accompagner l’émergence d’une nouvelle génération de talents qui contribueront à l’essor du sport sur le continent africain», avait alors déclaré Hicham El Habti, président de l’UM6P. C’est clairement une nouvelle étape qui commence pour le sport en général et le football marocain en particulier. D’autres hommes d’affaires ne vont pas tarder à investir ce terrain alors que les capitaux étrangers pourraient également suivre dans un avenir très proche, attirés par les performances des grands clubs marocains sur la scène continentale et mondiale.
Economie du sport
Croissance.
Le Conseil économique, social et environnemental avait dévoilé un avis intitulé : «L’économie du sport : un gisement de croissance et d’emplois à mettre en valeur». L’avis met en lumière un secteur à fort impact, notamment sur une population jeune et en devenir, qui pourrait contribuer davantage au processus de développement socio-économique du pays. Dans cet avis, le CESE a procédé à l’analyse des différents segments de la chaîne de valeur aux fins de proposer des pistes pour mieux organiser, structurer et professionnaliser ce secteur et en faire une industrie à part entière, comme cela a été préconisé par le nouveau modèle de développement. En dépit de l’atout démographique que représente la jeunesse marocaine pour le développement de l’économie du sport, le secteur continue de pâtir d’un ensemble de fragilités et de dysfonctionnements qui entravent sa transformation en un véritable vecteur de création de richesse et d’emplois. Du côté de la demande et comme en témoignent les données du HCP, les Marocain(e)s ne consacrent que peu de leur temps libre à la pratique du sport et le nombre de licenciés dans notre pays demeure manifestement faible avec seulement 337.400 personnes, soit moins de 1% de la population. En outre, le sport au Maroc reste encore largement perçu comme un secteur purement social, occultant la dimension économique et géré, dans sa très grande majorité, par des associations dont les ressources proviennent essentiellement de subventions publiques ou privées.














