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Les coptes se rebiffent

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Une tension diffuse s’est manifestée ces dernières semaines dans les rapports entre musulmans et coptes en Haute-Egypte (sud), où il existe de fortes concentrations chrétiennes, notamment dans les zones rurales, selon des correspondants de l’AFP.
Des altercations et des actes de malveillance ont été signalés dans les écoles et dans la rue, et l’on a vu apparaître sur les murs des inscriptions hostiles aux chrétiens. A Damchaou Hachem (Minya, à 250 km au sud du Caire), le 30 décembre, des incidents entre jeunes coptes et musulmans se sont soldés par la mort d’un jeune musulman. Les musulmans, soupçonnant des coptes de vouloir transformer une maison en église, avaient attaqué le bâtiment. La construction des églises constitue un des principaux points de friction entre musulmans et coptes. Ces derniers affirment que, bien que le droit d’ériger des églises leur ait été récemment reconnu par l’Etat, de nombreuses entraves existent encore au niveau local pour l’obtention des permis de construire. Une polémique avait par ailleurs éclaté en 2004 autour du film « J’aime le cinéma », réalisé pourtant par un copte.
Certains prélats, estimant qu’il portait atteinte à leur communauté, avaient demandé son interdiction. En outre, en décembre, Chenouda III avait effectué une retraite volontaire de 15 jours dans un couvent de Wadi Natroun (près d’Alexandrie, nord) pour protester contre une tentative d’islamisation de l’épouse d’un prêtre copte. Selon des fidèles coptes, Wafaa Constantine, 48 ans, avait été « enlevée » et contrainte à se convertir à l’Islam pour divorcer et épouser un de ses collègues. Plusieurs centaines de fidèles se sont rassemblés dans la cathédrale Saint-Marc, siège du patriarcat au Caire, pour manifester contre les campagnes « d’islamisation forcée » de femmes coptes, menées, selon eux, par des intégristes musulmans. Le divorce est formellement interdit dans le rite copte-orthodoxe.
Des femmes coptes se voient ainsi contraintes à se convertir à l’islam pour divorcer et sont alors automatiquement exclues de l’Eglise. Des divorcées coptes « islamisées » ont cependant affirmé à l’AFP qu’il s’agissait d’une « procédure formelle de contournement des oukases de l’Eglise », souvent sans conséquence sur la foi. Des intellectuels laïques coptes demandent pour leur part l’instauration d’un divorce civil qui permettrait, selon eux, de « mettre fin à cette hypocrisie ».
L’épisode de « l’enlèvement » de Wafaa Constantine s’est terminé par sa réapparition publique et l’annonce de son attachement à l’Eglise. Mais des journaux islamistes ont relancé la polémique en demandant l’ouverture d’une enquête sur « les conditions dans lesquelles elle a été contrainte à renoncer à sa conversion à l’islam ». Le patriarche est rentré au Caire le 16 décembre et a repris ses leçons hebdomadaires du mercredi, au milieu des manifestations de joie des fidèles, qui craignaient qu’il ne prolonge sa retraite au-delà de la fête de la Nativité du Christ, que les coptes célèbrent le 7 janvier. Le chef de l’Eglise égyptienne n’avait pas célébré la messe de Nokl en 1981 et 1982 après son limogeage par le président Anouar el-Sadate, qui l’avait assigné à résidence en septembre 1981, à la suite d’affrontements confessionnels sanglants en juin 1981 à Zawya el-Hamra (proche banlieue du Caire). Chenouda, très respecté dans sa communauté, avait été rétabli sur le trône de Saint-Marc par le président Hosni Moubarak en 1983.

• Hassen Zenati (AFP)

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