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Les Corses sifflent, la Marseillaise déraille

Indigné par l’affront «inadmissible et inacceptable» fait à l’hymne national par une partie des spectateurs du Stade de France, Jacques Chirac n’a pas hésité à retarder le coup d’envoi du match opposant Lorient à Bastia d’au moins 20 minutes. Il a même exigé par voie de presse interposée des excuses de la Fédération française de football. Objet de l’ire présidentielle : des sifflets.
Des sifflet venant de supporters corses qui entendaient manifester ainsi leurs convictions indépendantistes alors que la Marseillaise envahissait les hauts-parleurs du stade. Spectateur comme chaque année à la finale de la Coupe de France, M. Chirac était cette fois-ci ulcéré. Il s’est immédiatement levé pour quitter la tribune présidentielle, où avaient également pris place le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy et le ministre des Sports Jean-François Lamour.
Tandis que les deux équipes finalistes étaient invitées à retourner aux vestiaires, M. Chirac a demandé au président de la FFF Claude Simonet «de présenter immédiatement et publiquement dans l’enceinte les excuses de la Fédération à la France, qui est humiliée par un geste de cette nature». «Je ne tolérerai et n’accepterai pas que soit porté atteinte aux valeurs essentielles de la République et à ceux qui les expriment», a-t-il alors souligné à la télévision. Appel entendu. Devant les 80.000 spectateurs réunis, Claude Simonet a déclaré que «la Fédération française de football présentait ses excuses à la France parce que la Marseillaise a été sifflée». Le président du Sporting Club de Bastia, François Nicolaï, s’est lui aussi excusé, les joueurs sont revenus sur la pelouse et le chef de l’Etat a repris sa place. Sans descendre sur le terrain – comme le veut la tradition – pour saluer les deux équipes.
L’incident de samedi soir rappelle celui du match amical France-Algérie, également au Stade de France, du 6 octobre 2001, quand des supporters de l’Algérie avait sifflé la Marseillaise, avant d’envahir la pelouse et de provoquer l’interruption du match. Ces incidents avaient alors révélé la crise du modèle français d’intégration. Mais ce jour-là, le premier ministre en fonction, Lionel Jospin, était cependant resté à sa place. Ce dimanche, alors que Lorient savourait encore sa victoire (1-0), la classe politique est largement revenue sur le couac de la veille. Noël Mamère (Verts) a ironisé sur «l’affichage» politique de Jacques Chirac. «Il est en campagne, a-t-il précisé. Il a voulu donner de la grandeur au geste. Il ne s’est pas trompé puisque tous les médias se sont jetés dessus».
Le ministre des Sports Jean-François Lamour s’est quant à lui dit dimanche «indigné» et s’est félicité de la «réaction immédiate» du chef de l’Etat. «J’aimerais qu’il y ait une enquête sur cette affaire », a par ailleurs déclaré l’ex-ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement (Pôle républicain), démissionnaire du gouvernement Jospin pour désaccord sur le dossier… corse. Le dirigeant bastiais a quant à lui souligné que ces incidents avaient très certainement influé sur le moral de son équipe. «Je me suis dit : on est foutus, on est mort, le match il est fini. Nous avions un déficit psychologique, nous étions plus que déstabilisés», a-t-il expliqué.

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