Samedi dernier à Casablanca, le Centre d’Information et d’Observation des Femmes (CIOFEM), entité relevant de la Ligue Démocratique pour les Droits de la Femme (LDDF), a organisé un colloque international sur «La femme et les discours religieux extrémistes».
Cette manifestation intervient au moment où la commission royale «composée essentiellement des ouléma» étudie l’éventualité de réviser la Moudawana. Cette dernière a soulevé une grande polémique quant à la nature et la manière de sa réforme.
Tout au long de la journée, des représentants des associations des femmes, de la société civile et des spécialistes provenant du Nord et du Sud, ont débattu des questions de la femme dans le contexte actuel, notamment les rapports entre les extrémistes religieux tous azimuts et les femmes.
Les intervenants ont souligné à l’occasion que plus les religions, transformées pour des intérêts politiques en idéologies réactionnaires, durcissent leur comportement, plus les femmes en subissent les effets.
Les différentes interventions ont soulevé que la femme a toujours été victime des comportements discriminatoires de l’homme, en temps de paix comme en temps de guerre. Les souffrances des femmes afghanes constituent un exemple significatif dans ce sens.
Les discours des prêcheurs, qui foisonnent un peu partout, arguent certains intervenants, appellent à la discrimination. Et de rappeler, en outre, que les livres, les dépliants, les cassettes-audio, les cassettes-vidéo, véhiculant ce genre de discours, en vente dans les places publiques (devant les mosquées, dans les transports publics et autres lieux de forte affluence) sont investis dans ce même contexte.
La situation de la femme marocaine au Maroc comme à l’étranger a été fort présente. Dans notre pays, les femmes sont soumises à un code du statut personnel (Moudawana) archaïque, basé sur la discrimination entre les deux sexes, indiquent les militantes de la Ligue Démocratique. Et de rappeler que le secrétariat d’Etat chargé de la Protection sociale et de la Famille a récemment élaboré, avec l’appui des différentes composantes de la société civile, un «plan d’action pour l’intégration de la femme au développement», qui a été approuvé dans un premier temps par le gouvernement. L’on se souvient de ces deux marches ayant eu lieu en mars 2000 similairement à Casablanca comme à Rabat. À l’époque, les deux bords étaient d’accord de facto sur la nécessité d’une réforme du statut de la femme. Les points de discorde tournaient autour de l’aptitude des prétendants à la réforme. Les discours religieux disent que les changements sont dictés par des instances étrangères. Le Plan d’Intégration fut gelé. Les organismes féministes nationaux prétendent que les «ouléma» conservateurs qui représentent les forces islamistes au pouvoir ont procédé à son blocage. Là, le gouvernement a sollicité l’arbitrage royal conformément à l’article 19 de la Constitution. D’où un accent sur le côté religieux aux dépens d’une conception plus civile et sociale de l’organisation des relations entre les deux composantes de la cellule de base, relèvent les militantes associatives.