Le quotidien Yediot Aharonot avançait notamment comme scénario possible l’élimination politique du président palestinien Yasser Arafat, sans en préciser les modalités. Cette option recueille les faveurs d’une grande partie de la classe politique et de l’opinion, à en juger par de récentes déclarations de ministres de l’aile droite du gouvernement et un sondage publié par le journal, selon lequel 37 % des israéliens y seraient favorables. Les autres scénarios envisagés par le journal sont une invasion à grande échelle de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par l’armée israélienne et la poursuite de la tactique actuelle d’assassinats d’activistes palestiniens et d’opérations coups de poing. Le professeur Mark Heller, du centre Jaffee d’études stratégiques de l’université de Tel-Aviv, réduit pour sa part à deux les options d’Ariel Sharon : la poursuite de la tactique adoptée jusqu’ici ou bien les grands moyens, c’est-à-dire se débarrasser d’Arafat et démanteler l’autorité palestinienne. « Il attendra probablement un ou deux jours pour voir de quel côté tourne le vent avant d’arrêter sa décision, ne serait-ce que pour pouvoir dire qu’il a donné à Yasser Arafat une chance de prendre des mesures pour mettre fin aux violences », a-t-il déclaré. « Le choix de l’une ou l’autre de ces deux options dépendra de ce qui s’est dit dimanche, entre quatre yeux, à la maison blanche entre Ariel Sharon et le président George W. Bush », a-t-il déclaré à l’AFP. « En clair, si le président Bush a donné ou non son feu vert à Ariel Sharon pour passer à l’offensive », a-t-il souligné. « La rencontre Bush-Sharon a été très fructueuse. Il n’y a aucun doute que le président Bush a compris la situation à laquelle nous faisons face, ce qu’est le terrorisme et comment on doit le combattre » a, pour sa part, déclaré un porte-parole gouvernemental, Arieh Mekel. Selon lui, le président palestinien « Yasser Arafat doit agir et agir maintenant » pour « démanteler les infrastructures terroristes et jeter en prison les terroristes islamistes » ayant revendiqué les attentats et attaques de Jérusalem, Haïfa et de la bande de Gaza, qui ont fait 26 morts israéliens. Pour M. Arafat, « l’heure de vérité est arrivée », a-t-il dit. « Si l’autorité palestinienne relève de sa responsabilité, qu’il le prouve, sinon il n’y a plus lieu de lui accorder la moindre considération », a-t-il ajouté. Le problème pour Sharon est qu’aucune des options à sa disposition n’est dénuée de risque. Une opération coup de poing de l’armée avec une invasion des territoires palestiniens permettrait sans doute d’arrêter les attentats et de mettre la main sur les armements palestiniens, mais elle serait coûteuse en vies humaines et présenterait pour Israël le risque d’un enlisement, selon le Yediot. Quant à la poursuite de la tactique de raids ponctuels et d’assassinats ciblés, elle pourrait être mieux acceptée par l’opinion internationale dans la mesure où elle n’est pas dirigée contre l’Autorité palestinienne, mais son efficacité est sujette à caution, ajoute le quotidien. La liquidation le 23 novembre du chef militaire du Hamas dans le nord de la Cisjordanie, Mahmoud Abou Hannoud, n’a ainsi pas empêché les attentats meurtriers de jérusalem et haïfa, revendiqués par la branche armée de ce mouvement.
Jacques Pinto (AFP)