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Les services algériens derrière la mort des moines ?

Un épisode controversé de la guerre entre les islamistes algériens et les autorités gagne à être éclairci. Le parquet de Paris a ouvert, mardi 10 février, une information judiciaire contre « X » sur l’assassinat au printemps 1996 de sept moines français à Tibéhirine en Algérie.
Les poursuites sont déclenchées pour « association de malfaiteurs, enlèvements, séquestrations et assassinats », le tout « en relation avec une entreprise terroriste ».
La procédure pourrait relancer la polémique entre Alger et Paris sur cette affaire qui n’a jamais été clairement résolue. Alger a imputé officiellement le crime à la guérilla islamiste mais des témoins dénoncent une implication du régime algérien et de ses services secrets.
Les sept moines français, qui avaient choisi de rester en Algérie malgré des menaces de mort des islamistes, avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère, situé près de Médéa, à 100 km d’Alger.
Leur mort avait été annoncée par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA) le 21 mai et seules les têtes tranchées des victimes ont été retrouvées. Dès le début de l’affaire, des rumeurs affirmant que les sept religieux auraient été victimes d’une « bavure » des services secrets algériens ont jeté le trouble.
Un juge antiterroriste, sans doute Jean-Louis Bruguière, doit être désigné pour instruire ce dossier, ce qui signifie que l’hypothèse d’une action commise par un groupe clandestin islamiste est pour l’instant privilégiée.
« C’est une affaire qui gênait tout le monde, pour des raisons que j’ignore. On a pu dire à un moment que les services spéciaux algériens avaient pu être mêlés à l’affaire », a dit sur LCI le député UMP et ex-magistrat antiterroriste Alain Marsaud.
« Moi, je n’en ai pas la moindre idée (…) Ce que je constate, c’est qu’il y a eu une inaction totale du gouvernement français et pas une grande volonté du gouvernement algérien d’avancer dans cette affaire », a-t-il ajouté.
La procédure ainsi déclenchée fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée en décembre dernier par huit membres de la famille d’un des moines assassinés, le père Christophe Lebreton, et par Armand Veilleux, ancien procureur général des cisterciens.
Dans leur plainte, les parents de la victime n’avaient pas souhaité que la justice retienne initialement la qualification terroriste et ils mentionnaient les soupçons sur le régime.
« Cette procédure ne doit pas avoir pour objet d’entériner la version officielle, qui n’est pas satisfaisante et pas crédible. Nous souhaitons que, malgré tout, la justice opère dans le sens exclusif de la recherche de la vérité, sans compromissions », a dit à Reuters l’avocat des plaignants, Me Patrick Baudoin. Un ancien membre des services de renseignement algériens, Abdelkader Tigha, a affirmé à la presse en décembre 2002 que les religieux avaient été enlevés par des éléments islamistes manipulés par la sécurité militaire algérienne.
Conduits par le chef du GIA de l’époque, Djamel Zitouni, qui aurait été un agent double, ces « faux » islamistes auraient cependant échoué, de « vrais » islamistes ayant ensuite capturé les moines avant de les assassiner, selon ce témoin. Le témoignage, qui reste obscur sur la raison supposée de cette manipulation, est à prendre avec précaution. Détenu à Bangkok lors de ses « révélations » au quotidien Libération, le témoin a été libéré. Il résiderait aujourd’hui aux Pays-Bas et a pour avocat Me Baudoin, comme la famille Lebreton.
Le pouvoir français est prudent. En visite en Algérie le 3 mars 2003, le président Jacques Chirac avait estimé que la version d’une implication des forces de sécurité algériennes n’avait « pour le moment aucune crédibilité juridique ». Hormis les Lebreton, aucune autre famille de victimes ne s’est pour l’instant constituée partie civile.

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