L’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH), lancée par SM Mohammed VI, le 18 mai dernier, occupe une place de choix dans l’action du ministère de l’Intérieur. Et pour cause, c’est l’un des départements ministériels les plus concernés, non seulement par le financement des actions de développement humain, mais aussi par leur exécution, leur suivi et surtout leur contrôle. A cet effet, une équipe-projet a été constituée au niveau du département de El Mostafa Sahel, et placée au niveau du secrétariat général. Cette structure, fraîchement créée, est composée de plusieurs cadres du ministère, notamment le gouverneur Aziz Dadès, un grand connaisseur des rouages de l’administration territoriale et les questions de développement. L’équipe-projet est également composée de l’inspecteur général du ministère de l’Intérieur, du directeur des affaires rurales, du directeur de l’équipement ainsi que de Youssef Safouane, cadre au secrétariat général du ministère.
Lors d’une rencontre tenue à Rabat avec des membres de l’équipe-projet, le gouverneur Aziz Dadès a souligné qu’en termes de modalités, "l’INDH, telle qu’elle a été conçue par SM Mohammed VI, repose notamment sur la participation la plus large des bénéficiaires, une réactivité des différents intervenants, une souplesse des procédures de validation des projets, une programmation ascendante des actions".
En ce qui concerne ce dernier point, il n’est plus question pour l’Etat, en vertu de l’esprit INDH, de décider pour les citoyens le lancement de tel ou tel projet. Ce sont ces citoyens eux-mêmes qui détermineront les actions que l’Etat s’engage à financer.
Ce qui pousse Aziz Dadès a rappelé que "l’INDH s’appuie sur une démarche territorialisée et contractuelle. C’est l’engagement de l’ensemble des partenaires (gouvernement, élus, société civile, secteur privé…) autour d’un projet de développement humain durable.
C’est ainsi qu’au niveau de l’ensemble des zones ciblées par l’INDH (360 communes rurales et 250 quartiers urbains parmi les plus défavorisés) il y aura un Comité local pour le développement humain (CLDH). Il est composé d’élus, de représentants du tissu associatif, des services techniques déconcentrés ainsi que de l’autorité locale. Le CLDH, qui peut aisément solliciter une assistance externe, est appelé à élaborer de manière concertée une initiative locale de développement humain comportant des projets clairs et des actions bien définies. Après ce travail d’élaboration, le CLDH sera chargé de mettre en œuvre ces projets et ces actions. Toutefois, après validation de l’Initiative locale (ILDH) par un organe situé au niveau provincial ou préfectoral, et présidé donc par le gouverneur. En présence d’un certain nombre d’élus, de responsables des services extérieurs des ministères et de représentants du tissu associatif, le comité provincial est investi de plusieurs missions, essentiellement celle de débloquer les fonds correspondant aux ILDH, en fonction de l’avancement des projets, de superviser et contrôler leur mise en œuvre. A noter, bien évidemment, les conseils locaux et provinciaux sont appelés à réviser leur Plan de développement économique et social dans une optique de convergence des programmes sectoriels et d’harmonisation avec l’Initiative locale de développement humain.
Sur le plan régional, les Walis de régions sont ainsi chargés d’assurer une certaine cohérence globale entre les différentes initiatives élaborées dans leur région.
Aussi, ces walis sont chargés du pilotage du programme de lutte contre la précarité, un des piliers de l’INDH et dont bénéficieront 50.000 personnes vivant d’une misère extrême. L’objectif est de les assister, les prendre en charge dans des centres spécialisés pour atteindre le but final : leur réinsertion.
Parallèlement à cela, un programme transversal est prévu par l’INDH. L’ensemble des provinces et préfectures du pays en sont les cibles. L’objectif de ce programme est de renforcer la gouvernance locale, notamment la formation des élus, l’animation culturelle et l’encouragement des associations de micro-crédit.
En tout cas, l’INDH n’est pas une fin en soi. Certes, elle dispose d’une planification et d’un financement détaillés pour les six prochains mois et les cinq années suivantes (10 milliards 250 millions DH), mais le but de l’INDH est de créer un effet de levier non seulement au niveau de toutes les actions de l’administration marocaine (souplesse, programmation ascendante, bonne gouvernance…) mais également chez le tissu économique national. "Les dix milliards DH que l’Etat injecte dans le cadre de l’INDH doivent être considérées comme une aubaine pour le secteur privé", souligne Aziz Dadès.
"En somme, ajoute Youssef Safouane, le pari de l’INDH est d’assurer un développement économique du pays à partir d’un investissement sur le capital humain. C’est une première expérience du genre au Maroc, mais des exemples à l’échelle internationale montrent que les chances de réussites sont énormes".