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Marine Le Pen, la gagnante des mésaventures de Sarkozy

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Il y a un étrange jeu d’équilibre qui marque l’air du temps, difficilement quantifiable, impossible à chiffrer mais qui installe une atmosphère difficile à ignorer. Plus Nicolas Sarkozy et les siens sombrent dans le désamour des Français, sondages et discrédits à l’appui, plus brillante est l’étoile de celle qui s’apprête à prendre en main le grand héritage de l’extrême droite, Marine Le Pen. Les politologues torturés pourront toujours chercher à comprendre pour quelles raisons ce jeu de balancier ne profite pas exclusivement à la gauche. Ils pourront avancer de nombreuses raisons parmi lesquelles ces affaires et ces scandales qui secouent les fondations de la République forment une tranchante lame de fond qui jette le discrédit sur l’ensemble de la classe politique, notamment celle qui eut accès au cours du pouvoir et qui, à un moment donné a su profiter de ses délices. Il faut dire que Marine Le Pen en particulier, et le Front National en général, ont su profiter d’une séquence imposée par l’agenda de Nicolas Sarkozy, régénératrice de leurs électorats. Elle a débuté de manière aussi spectaculaire qu’institutionnelle par le lancement en grande pompe du débat sur l’identité nationale. Avant de se terminer en eau de boudin, ce débat aura eu l’occasion de remettre le Front National en selle et de repositionner ses emblèmes au cœur du débat politique français. Cette séquence s’est poursuivie par la banalisation des allusions racistes et xénophobes qui ont largement dépassé le cercle traditionnellement restreint de l’extrême droite pour se nicher au cœur du gouvernement. Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur et du Culte, incarne parfaitement cette dérive. De manière inédite, il fut condamné par la justice pour injures raciales, après avoir «confondu» Arabes et Auvergnats. Cette séquence s’est terminée par une succession de scandales et d’affaires qui ont mis à nu le rapport coupable des élites gouvernantes avec l’argent du contribuable au point de nourrir un faisceau de soupçons sur une opération d’une dangereuse immoralité, sous forme d’un troc : protection fiscale contre financement politique. L’affaire Woerth-Bettencourt qui vient de clôturer une série de péchés véniels commis par de nombreux ministres de François Fillon semble redonner vie et confiance à Marine Le Pen. Chevauchant le grand serpent de mer du «Tous pourris», étendard du poujadisme triomphant, que son père Jean-Marie finit par dompter, elle pourra rajouter ses gammes traditionnelles comme la lutte contre le mondialisme, la régulation de l’immigration et la fermeté contre l’insécurité, sans oublier la grande nouveauté du moment, la moralisation de la vie politique. Marine Le Pen affole la droite parce qu’elle projette de s’emparer de sa thématique politique et de procéder à une captation à l’envers que celle pratiquée par Nicolas Sarkozy en 2007. Elle inquiète la gauche encore traumatisée par le choc d’un certain 21 avril qui avait vu le grand champion de gauche Lionel Jospin sortir de la course présidentielle au profit de Jean-Marie Le Pen. Ce qui avait obligé la gauche à réélire triomphalement Jacques Chirac. Plus que quiconque, Nicolas Sarkozy sait que la meilleure façon de dégoupiller Marine Le Pen c’est de tenter de l’intégrer à son gouvernement dans le cadre d’une ouverture vers l’extrême droite. Mais elle avait déjà fermé la porte à cette solution : «Je ne rentrerai pas dans un gouvernement UMP, car il réalise tout ce que je combats».

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