Match Casablanca-Rabat : qui aura le dernier mot ?

Développement. Les deux plus grandes villes du Royaume ont depuis toujours connu une rivalité. Depuis quelques années, cette rivalité s’est élargie pour couvrir une multitude de domaines où les annonces se multiplient avec des investissements à coup de milliards. Tour d’horizon.

C’est l’histoire d’une concurrence qui ne date pas d’aujourd’hui entre les deux plus grandes villes du pays. Rabat, capitale administrative du Royaume, est le fief de l’élite politique du pays et Casablanca, capitale économique du Royaume et berceau de la classe dirigeante dans la finance et l’économie. Séparées par quelques dizaines de kilomètres et moins d’une heure par voiture ou train, les deux agglomérations multiplient les annonces dans les différents domaines de développement au point de donner l’impression que chacune copie l’autre. C’est le cas notamment dans le domaine de la mobilité. Si Rabat est la première ville du pays à se doter de ligne de tramway, Casablanca aura non seulement quatre lignes similaires mais elle lancera deux lignes supplémentaires cette fois-ci de Busway ou des bus à haut niveau de service (BHNS). Qu’à cela ne tienne ! Rabat annonce à travers la Société de développement local (SDL) (Rabat Région Mobilités) le lancement des études d’avant-projet d’un réseau de lignes de bus à haut niveau de service pour relier Rabat-Salé-Témara. Pour la SDL locale, ce projet intervient dans le cadre des préparatifs de la capitale administrative et sa région pour abriter des manifestations sportives prestigieuses à l’horizon 2030 sans oublier la nouvelle vision des transports urbains promue par le ministère de l’intérieur, axée sur le développement de BHNS. Mais cette concurrence ne se limite pas au domaine de la mobilité. Le nouveau terrain de concurrence entre les deux villes concerne désormais le gaming.

Avec des recettes générées annuellement se chiffrant en milliards de dollars, le Maroc compte se lancer dans l’industrie du gaming. Il s’agit notamment de la création d’une zone industrielle spécialement conçue pour stimuler le développement de l’industrie des jeux électroniques au Maroc. L’objectif principal de ce projet novateur est d’attirer des investissements internationaux dans ce secteur en plein essor et de positionner le Maroc comme une plateforme leader dans l’industrie des jeux électroniques, aussi bien à l’échelle africaine qu’internationale. La ville de Rabat a été la première à se positionner avec l’annonce d’une zone dédiée à l’industrie du jeu vidéo, avec un investissement initial estimé à 360 millions de dirhams, avec l’objectif affiché d’aboutir à un écosystème complet pour attirer les grands noms du domaine. La réponse de la capitale économique ne va pas trop tarder pour autant. L’une des dernières sessions du Conseil de la ville de Casablanca avait été marquée par l’intégration d’un point à l’ordre du jour qui a fini par attirer l’attention. Ainsi, le Conseil devait statuer sur un projet d’accord de partenariat entre le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication, le ministère de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports, et la Société de développement local. Il est question de la mobilisation d’un budget d’environ 700 millions de dirhams pour la création d’équipements culturels et sportifs, notamment un centre de sports électroniques baptisé « Casablanca pour les jeux électroniques».

Dessalement
Conjoncture et actualité obligent, Rabat et Casablanca, concernées à l’instar des autres régions du Royaume par les changements climatiques et les cycles répétés de sécheresse, misent notamment sur les techniques de dessalement. Casablanca fut la première à annoncer le lancement du grand projet de dessalement de l’eau de mer de la région Casablanca – Settat, le plus grand d’Afrique. Fruit d’un partenariat public – privé conclu entre l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) avec le secteur privé en novembre 2023, ce projet vise la conception, le financement, la réalisation et l’exploitation sur une durée de plus de 27 ans d’une grande station de dessalement de l’eau de mer alimentée totalement par l’énergie renouvelable, afin de renforcer et sécuriser l’alimentation en eau potable des villes de Casablanca, Settat, Berrechid et des localités avoisinantes d’une part, et irriguer un périmètre agricole dans la zone de Sidi Rahal d’autre part. Encore une fois, Rabat ne tarde pas à dégainer. Un protocole d’accord est annoncé quelques mois après visant la construction non seulement de la plus grande usine de dessalement de l’eau de mer d’Afrique mais également la deuxième plus grande au monde. Ce projet vise à sécuriser l’approvisionnement en eau potable des régions affectées par la sécheresse. Plus loin encore, la concurrence bat son plein dans le domaine de la culture également. Ainsi, Rabat avait inauguré, il y a quelque temps, le Théâtre Royal, un projet structurant qui vient renforcer l’écosystème de la ville lumière, capitale culturelle du Maroc. Ce projet d’envergure doit contribuer au renforcement des infrastructures culturelles au niveau des différentes régions du Royaume et promeut le rayonnement culturel du Maroc dans le monde. Symbole de grande modernité, le design unique du Théâtre Royal de Rabat apporte une touche contemporaine à l’architecture de la capitale et, en fait non seulement un lieu de représentation artistique, mais aussi une œuvre d’art en soi. Casablanca ne compte pas rester les bras croisés pour autant. La métropole redouble d’efforts pour lancer dans les plus brefs délais le Grand théâtre de Casablanca qui comprend une salle de spectacles de 1.800 places, une salle de théâtre de 600 places, une salle des musiques actuelles de 300 places, des salles de répétition, 4 salles de réunions, des commerces (2 cafés-restaurants, 1 restaurant, 1 boutique d’art), un village des artistes et des techniciens et d’autres équipements. Le complexe pourra accueillir tout au long de l’année des manifestations et spectacles culturels et artistiques de dimension internationale.

Sport
Compétitivité. Les deux grandes villes du Royaume se livrent une concurrence également dans le domaine du sport. Les matchs entre les clubs des deux villes sont considérés comme des classicos de football marocain. Le club des FAR dont le fief est à Rabat ainsi que les deux clubs de Casablanca connus, à savoir le Wydad et le Raja, se relaient pour dominer souvent le championnat national. Par ailleurs, le stade Moulay Abdallah de Rabat s’apprête à devenir l’un des complexes sportifs les plus avancés au monde sur le plan technologique. Il s’agit notamment de transformer le lieu en un stade ultramoderne équipé d’un réseau Wi-Fi couvrant l’ensemble des sièges ainsi qu’un système de surveillance de pointe, composé de 800 caméras et de technologies de reconnaissance faciale pour assurer la sécurité. Des portails intelligents, capables de gérer un flux important de spectateurs et de remplir le stade en moins d’une heure, sont également annoncés. A Casablanca, le Complexe sportif Mohammed V est en chantier. Les travaux de rénovation du complexe ont pour objectif l’augmentation de la capacité d’accueil du stade, la réhabilitation de la tribune de presse et de la tribune VIP, ainsi que l’installation de nouveaux sièges numérotés. A noter que Casablanca va accueillir également l’un des plus grands stades au monde. D’une capacité d’accueil de 115.000 places pour un budget global de 5 milliards DH, le Stade baptisé Hassan II sera construit sur un terrain de 100 hectares au niveau de la province de Benslimane, dans la commune de Mansouria, à 38 km au nord de Casablanca.