L’objectif est clair : mettre à profit l’évolution des activités de distribution pour créer de l’emploi. En fait, il s’agit de donner du travail à quelques 360.000 demandeurs d’ici à 2020. Des jeunes en particulier. En prenant acte de la nécessité de cette perspective, les participants à «La Journée d’information sur la stratégie de formation aux métiers du commerce» qui s’est tenue lundi à Rabat en présence «d’acteurs des secteurs privé et public» dont des représentants des MRE, a mis haut la barre des espérances en matières de réduction du chômage et de formation aux métiers du nouveau commerce. En réalité, le but en est de mettre sur pied, par approche participative où chacun fera librement œuvre de propositions, de formuler un «plan directeur de formation» à ces professions. Car le commerce n’est plus une affaire du seul boutiquier du quartier, mais revêt de nouvelles formes plus complexes. Dans une note de synthèse, les organisateurs reconnaissent en effet «que le commerce et la distribution ont connu, ces dernières années, de profondes mutations du fait du changement des habitudes des consommateurs dont plus de 70% souhaitent la modernisation». Résultat : les franchises, les grandes surfaces et les centres commerciaux modernes tendent à supplanter les «épiceries» traditionnelles. L’évolution est susceptible d’avoir des conséquences déterminantes sur la structure et les performances du secteur; sur l’avenir des familles qui en vivent aussi. Autre bémol: l’évolution vers la modernité s’accompagne de besoins managériaux spécifiques qui impose une formation plus élaborée. Cela, la journée l’a posé clairement: «Aujourd’hui l’offre en matière de ressources humaines (aussi bien en quantité qu’en qualité) n’est pas en mesure de répondre aux besoins du marché. Sont plus particulièrement pointées du doigt les compétences en marketing, en communication… choses considérées essentielles quand on fait les choses en grand». Et il y a urgence à mettre les choses en marche, ont estimé les participants. D’abord parce que le chômage risque de s’aggraver sous la poussée des vents contraires de la crise mondiale. Ensuite parce que l’ouverture économique et la délocalisation risquent d’exacerber la concurrence, encore que là on ne semble pas vouloir bouder l’investissement extérieur. Premier pas à franchir dans le cadre de l’adaptation aux temps du commerce nouveau : remettre sur les rails la stratégie Rawaj élaborée par le ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies en partenariat avec celui de la formation professionnelle en l’actualisant de nouvelles méthodes d’apprentissage. Le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle a parlé, à ce sujet, de chemins de traverse qui permettant la communication entre l’initiation à la vie professionnelle et l’enseignement scolaire devront par la même occasion limiter la déperdition scolaire dès l’âge de 12 ans. Mais pas seulement, a estimé le ministre de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies qui a rappelé l’importance intrinsèque du secteur du commerce et de la distribution. Il a ainsi révélé que l’ensemble de ces activités génère un chiffre d’affaires de 350 milliards de dirhams, qu’il produit 78 millions de valeur ajoutée et qu’il est le 2ème employeur, qu’outre l’emploi, il a des conséquences au niveau de l’attractivité exercée sur les investisseurs, des retombées sur les recettes fiscales de l’Etat et, aussi, sur l’urbanisme. Il faut donc se concerter pour déterminer le contenu de la formation susceptible de préparer, à leur nouveau rôle, les servants de cette énorme machine. Car si 90% des consommateurs tiennent au commerce de proximité, ils le souhaitent de meilleure qualité et donc plus moderne, a-t-il ajouté. C’est également à cette modernisation que le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a appelé, mais en faisant toutefois remarquer que le changement des mentalités a autant d’importance que la formation professionnelle. Avec son franc-parler habituel, Lahcen Daoudi a mis l’accent sur le fait qu’«il est temps pour les commerçants de réfréner leur quête de profits de manière à meubler leurs motivations de considérations tenant aussi à l’intérêt général». Il n’est pas sain, a-t-il laissé entendre, que le Maroc aille vers une situation où il consomme sans produire, où il importe le double de ce qu’il exporte. Il a cité l’exemple de l’importation annuelle de 200 millions de dirhams de fromage et de 1,2 milliard de parfums.