Elle n’en finit pas de faire des remous, la conférence impromptue donnée mercredi au siège de son parti par le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Vingt-quatre heures après, elle s’est révélée être plus que la clarification annoncée par Abdelouahed Radi et passe maintenant pour une affirmation de position. Elle équivaut globalement à ceci : l’USFP qui s’est sacrifié au nom de l’intérêt général pour permettre la transition consensuelle en acceptant de conduire les affaires de l’Etat retourne à ce qui lui réussit le mieux : l’opposition. Bien que l’affaire ait été dans l’air depuis quelque temps et qu’elle ait provoqué des tensions entre tenants et opposants à la participation au gouvernement qui ont conduit à la mise à l’écart plus ou moins volontaire des «durs» du parti, on en minimise l’effet au bureau politique du parti. Interrogé à ce sujet, Habib El Malki a nié que cette perception ait été à l’origine de la décision de rejoindre l’opposition déclarant que ce nouvel infléchissement est dicté par le contexte né des réformes constitutionnelles et politiques. Cette idée d’un acte anticipé et réfléchi rejoint ainsi les déclarations du premier secrétaire de l’USFP qui a annoncé au cours de la conférence de mercredi que son parti avait pressenti avant les élections à quoi s’en tenir en ce qui a trait aux résultats du scrutin. Ces déclarations accréditent la thèse qui veut que l’attitude actuelle de l’USFP ait été dictée par des «considérations autant exogènes qu’endogènes» et que la volonté de ne pas siéger aux côtés du PJD pour cause d’incompatibilité de valeurs a autant joué en la circonstance que la volonté de se reconstruire en interne. Reste la volonté de rayonner à l’externe. En avouant son projet de jouer le rassembleur de la gauche, l’USFP a sans doute jeté son dévolu plus loin que la réalité des faits. En deuxième semaine de concertations avec les partis susceptibles de l’aider à réaliser sa majorité, le Parti de la justice et du développement (PJD) a enregistré des avancées significatives. Jeudi matin, alors que l’Istiqlal envisageait de réunir son conseil national dimanche pour débattre de la participation au gouvernement, Abdelilah Benkirane affirmait que les choses s’annonçaient sous les meilleurs auspices. Sachant que le Mouvement populaire (MP) a pleinement souscrit à la participation, le gouvernement Benkirane est d’ores et déjà assuré de la majorité absolue au Parlement. D’où la question : quid du Parti du progrès et du socialisme (PPS)? Premier élément de réponse: ce qu’a déclaré mercredi Abdelouahed Radi suite à une question d’ALM. Il a estimé que la nouvelle gauche pourrait se construire sans le PPS. Interrogé au sujet de la Koutla, Radi a rétorqué que c’était un outil et qu’il sera toujours temps de l’exhumer du placard quand le besoin s’en fera sentir.
Et d’ajouter : «Comme nous travaillons sur le long terme, nul doute que le besoin s’en fera sentir. Du côté du G8, en revanche, les choses sont plus compliquées. Seul le Rassemblement national des indépendants (RNI) a dès le départ joué franc jeu en annonçant sa volonté de se ranger dans l’opposition. L’Union constitutionnelle (UC), lui, semble vouloir céder à l’appel des sirènes du pouvoir».