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Première conférence du genre dans le continent et au monde : Une vision Royale pour la réduction des risques en santé au départ de l’Afrique

© D.R

La lettre royale donne une orientation de taille pour l’avenir. «Nous soulignons la nécessité d’être en phase avec les évolutions technologiques mondiales en cours dans le domaine de la santé, qu’il convient d’adapter aux systèmes de santé dans le continent africain».

Le ton d’une nouvelle vision pour la santé est désormais donné lors de la 1ère conférence africaine sur la réduction des risques. Ouverte mercredi en deuxième partie de journée à Marrakech, cette manifestation, qui se poursuit sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI jusqu’au 18 novembre, est marquée par la lettre royale qui, clairement, trace, dans le continent, la voie de l’avenir du secteur, notamment en matière de réduction des risques pour être en bonne santé.

Les aspirations royales pour le continent

«Nous formons l’espoir que l’Afrique parvienne à mutualiser ses efforts pour relever les défis auxquels elle doit faire face. Pour ce faire, il nous faut adopter des politiques d’anticipation et de prévention et mobiliser tous les moyens disponibles afin de protéger la santé et de préserver la dignité des citoyens africains», souligne le Souverain dans la lettre lue par le ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, en présence notamment du conseiller royal, André Azoulay, du chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, et d’autres ministres. Et ce n’est pas tout ! SM le Roi met en avant la généralisation de la protection sociale au Maroc qui «est pleinement disposé à partager avec le reste des pays africains amis et frères l’expertise et le savoir-faire qu’il a accumulés en la matière». «Nous estimons que la santé est l’un des défis majeurs auxquels est confronté notre continent.

La pandémie Covid-19 a bel et bien mis en évidence l’importance du travail collectif dans ce domaine, ainsi que la nécessité de multiplier les projets sanitaires et de pourvoir nos pays des infrastructures sanitaires indispensables. In fine, il s’agit de mettre à la disposition des peuples africains les traitements et les vaccins nécessaires à la lutte contre les maladies et les pandémies», avance le Souverain. Mieux encore, la lettre royale donne une orientation de taille pour l’avenir. «Nous soulignons la nécessité d’être en phase avec les évolutions technologiques mondiales en cours dans le domaine de la santé, qu’il convient d’adapter aux systèmes de santé dans le continent africain», recommande SM le Roi dans son message adressé à cet événement. A ce propos, le chef de gouvernement révèle: «C’est une lettre royale adressée au continent africain et qui révèle l’importance des choix de notre pays qui a traversé de grandes étapes que nous pouvons partager avec le continent». «Cette conférence sera marquée par la Déclaration de Marrakech. Ce sera une occasion pour un pacte africain pour la santé», ajoute-t-il en marge de cette manifestation initiée par le ministère de tutelle et la Société de médecine addictive et pathologies associées (Mapa) dont la présidente livre, de son côté, des regards sur le continent en rapport avec l’objet de la conférence.

«L’Afrique a les valeurs de la réduction des risques»

C’est ce qu’estime Dr Imane Kendili qui ne manque pas de devoir une fière chandelle aux partenaires étrangers. Pour elle, «l’éducation, l’enseignement, ainsi que l’économie sont l’apanage de la réduction des risques». «Aujourd’hui, nous parlons de la quatrième voie de prévention de la santé. Nous parlons de la réduction des risques comme un pamphlet. Nous créons une nouvelle page d’histoire post-pandémie pour la santé de demain, souveraine en Afrique», avance-t-elle. En ligne, la DG de l’Unesco, Audrey Azoulay, abonde à son tour dans le sens de l’éducation. «Nous transmettons, via cette éducation, l’importance de l’activité physique», détaille la responsable qui n’est autre que la fille du conseiller royal. Le tout en mettant l’accent sur un défi. «Il reste un grand enjeu central auquel l’Unesco répond aussi et qui concerne l’impact du dérèglement climatique sur la santé qui est transversale», ajoute-t-elle.

C’est quoi les risques qui provoquent des maladies ?

Egalement de la partie, Miguel Angel Moratinos Cuyaubé, homme politique espagnol, explicite la teneur de la conférence. «Vous allez traiter un débat sur l’identification des risques, c’est-à-dire des aspects biologiques et neurologiques qui provoquent des maladies», clarifie l’orateur également ex-ministre des affaires étrangères. Par la même occasion, il donne des recommandations en s’appuyant sur des experts. «Il faut surtout parler de santé et pas de maladies, de prévention, d’identification et d’élimination de risques pour promouvoir un meilleur niveau de santé», estime-t-il. En tant qu’éminent spécialiste en santé en Afrique du Sud, Pr Morgan Chetty précise :«La réduction des risques réfère à des interventions destinées à réduire les effets négatifs de comportements à l’égard de la santé». De plus, il met mieux en avant son expertise. A son sens, «l’application des principes de la réduction des risques en santé serait de nature à améliorer les résultats de soins cliniques». «La réduction de risques peut être une précaution universelle appliquée à tous les individus au-delà de leurs comportements négatifs», poursuit-il en s’exprimant sur l’usage de médicaments tout en proposant l’amélioration de la satisfaction du patient, les résultats cliniques et le coût du soin. L’objectif ultime étant de garder les individus en vie en les encourageant à y adopter des comportements positifs. Cela étant, l’ouverture de l’événement est marquée par la Déclaration de Marrakech sur la réduction des risques et la signature de livres, notamment «Santé en Afrique, la politique humaniste de Mohammed VI».

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L’argument de Khalid Ait Taleb

Fort présent également à l’événement, le ministre de la santé et de la protection sociale, M. Ait Taleb, indique : «C’est la première fois dans le monde où on organise une conférence pour la réduction des risques en santé avec un portage politique ». Pour lui, la lettre royale porte plus d’un message. «Aujourd’hui la souveraineté sanitaire est une question qui se pose plus que jamais. La question des risques de santé ne dépend pas seulement du secteur de la santé. Elle est plutôt intersectorielle et dépend du multilatéralisme», ajoute-t-il en rappelant des recommandations en fin de cet événement au cours duquel il met en avant également la gestion du risque sanitaire lors de la pandémie ainsi que la réforme du système national de protection sociale qui repose sur quatre piliers qui s’étaleront jusqu’à 2025. Quant à la perspective continentale, elle comprend, pour lui, la sécurité et souveraineté sanitaires nationales indivisibles de celles du continent dans son ensemble outre des perspectives pour anticiper les menaces sanitaires futures. Le tout en mettant en avant une «opportunité historique de mettre en place une Charte africaine pour la résilience des systèmes de santé, sous le leadership inclusif d’un Réseau panafricain de haut niveau pour une gestion multisectorielle intégrée du risque sanitaire».

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«C’est le partage des connaissances et compétences qui réduira les risques sanitaires»

Questions à Dr Papa Samba Elfeky Agne, médecin sénégalais

ALM : Quel serait, selon vous, l’apport de cet événement au continent ?

Dr Papa Samba Elfeky Agne : Pour moi c’est un événement scientifique majeur qui fait le lien entre l’Afrique du Nord et celle au Sud du Sahara ainsi que sur le monde entier autour d’un problème de santé majeur qui est la réduction des risques sanitaires. Le travail médical et en santé comporte des risques au continent qui ne sont pas souvent évalués, pris en compte et qui pourtant représentent une cause supplémentaire de soins et de dépense de santé.

Qu’en est-il de l’étape urgente à traiter, d’après vous, suite à cette manifestation ?

La première importante c’est évaluer et partager les conclusions du congrès dont la répétition est souhaitable au Maroc ou ailleurs en Afrique ou dans le monde. Surtout le plus important c’est le brassage des hommes pour le partage des connaissances et compétences. C’est ça qui réduira les risques sanitaires de façon générale.

La lettre royale a notamment parlé des évolutions technologiques à adapter aux systèmes de santé africains. Comment procéder à cet effet ?

Déjà, la première question à résoudre est humaine. Il faut des ressources humaines formées pour manipuler ces dernières technologies. La deuxième question est financière. En réalité ce n’est pas une question primordiale. Si on a les hommes qu’il faut, on trouvera l’argent qu’il faut.

Et comment réaliser un échange d’expériences entre nos deux pays ?

C’est le voyage. Des hommes formés au Sénégal qui viennent pour être formés au Maroc à cet effet et vice-versa. Cela s’est déjà passé. Pour ma part, j’étais à Fès dans ce sens.

Qu’en est-il des moyens censés être destinés à la réduction des risques en santé au Maroc ?

Cela passera par deux étapes. Il s’agit de celle des ressources humaines et d’autres matérielles. Le Maroc est bien situé pour assurer ce leadership pour une bonne partie des pays de l’Afrique au Sud du Sahara.

 

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