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Presse : Le News of the World tire sa révérence

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«Merci et adieu» : le titre barrait dimanche la Une de la dernière édition du tabloïde britannique News of the World, rattrapé après 168 ans de scoops sulfureux par un retentissant scandale d’écoutes téléphoniques aux multiples retombées politiques et judiciaires. Au moment où son propriétaire Rupert Murdoch était attendu à Londres pour tenter de limiter les dégats, le journal dominical a, dans un dernier baroud d’honneur, consacré son ultime édition à un pot-pourri de ses plus gros succès de vente. Dans cette sorte de florilège de la presse de caniveau, s’étale sur un encart central de 48 pages ce qui a fait du News of the World le journal à plus fort tirage du Royaume-Uni: «l’enfant caché» du tennisman Boris Becker; les affaires extra-maritales de tel évêque et du footballeur David Beckham; la liste, avec leur domicile, des «pervers sexuels» (des condamnés ayant purgé leur peine)… «Nous avons fait l’Histoire», assure sans modestie le tabloïde qui se présente en Une comme «le meilleur journal au monde». Pour cette «édition-souvenir», cinq millions d’exemplaires ont été imprimés, soit près du double du tirage normal. Les profits de cette édition quasi dépourvue de publicités, en raison du boycottage d’annonceurs, seront reversés à des œuvres caritatives. Dans un éditorial couvrant une page entière, le NotW reconnaît cependant «s’être perdu». Le journal est accusé d’avoir piraté les messageries téléphoniques de milliers de célébrités et de victimes de crimes, et d’avoir payé des policiers-informateurs pour alimenter ses scoops. Le scandale, qui perdure depuis des années, a récemment rebondi avec la révélation que le NotW aurait également piraté la messagerie d’une écolière assassinée. «Nous nous félicitons d’un haut niveau de qualité et nous l’exigeons mais, lors d’une période de quelques années allant jusqu’à 2006, certains de ceux qui travaillaient pour nous, ou en notre nom, n’ont pas respecté nos normes, et de manière abominable», reconnaît l’éditorial. Samedi soir, dans un discours prononcé devant les quelque 200 employés du NotW, le rédacteur en chef Colin Myler, a assuré : «nous ne voulons pas et nous ne méritons pas d’en être là», brandissant le journal tandis que fondaient en larmes nombre de journalistes. Avant d’annoncer, dans ce qui fut longtemps la plus pure tradition des journalistes anglais à la fin d’une journée de travail : «Et maintenant, nous allons au pub». La fermeture du journal n’a pas mis un terme au scandale, à tel point que le baron de la presse Rupert Murdoch a décidé de faire le voyage depuis les Etats-Unis afin de prendre lui-même en mains la gestion de la crise. M. Murdoch devra tenter d’empêcher que l’incendie ne gagne la marque News Corp, son empire de presse transcontinental. Le NotW ne représente qu’une goutte d’eau dans cette nébuleuse médiatique mais le scandale complique la réalisation d’un projet-phare et controversé de Murdoch au Royaume-Uni: le rachat de la totalité du bouquet de chaînes par satellite BSkyB. Parallèlement, l’enquête policière s’accélère. Scotland Yard a longuement interrogé vendredi trois personnes, dont un ancien rédacteur en chef du journal, Andy Coulson, qui fut également directeur de la communication du Premier ministre David Cameron. Rebekah Brooks, la directrice générale de News International qui réunit les opérations britanniques de News Corp et donc le NotW, devrait elle aussi être prochainement entendue, selon la presse. Dans une lettre aux députés publiée samedi, elle a une nouvelle fois nié avoir cautionné ou même avoir été au courant de piratage de messageries au sein du tabloïde. La famille de Milly Dowler, l’écolière assassinée dont le téléphone portable aurait été piraté par le NotW, doit de plus être reçue lundi par M. Cameron.

  Loïc Vennin (AFP)

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