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Protection sociale : Mobilisation, financement, solidarité, les maîtres mots

© D.R

Le chef du gouvernement préside à Skhirat la cérémonie d’ouverture du 3ème colloque international

Au 3ème colloque international sur la protection sociale, qui se poursuit jusqu’à mercredi à Skhirat sous le Haut patronage de SM le Roi, les éminents intervenants sont unanimes quant à la mobilisation autour de ce «chantier de règne» tel que qualifié dans le thème de cet événement. D’autres mots clés comme le financement et la solidarité reviennent lors de cette rencontre ouverte mardi à l’initiative de l’Association des membres de l’inspection générale des finances (AMIF). Le tout en remontant aux différentes réformes avant de lancer ce chantier marqué par des préparatifs marathon.

De la difficulté de chercher des bénéficiaires

Lors de cette rencontre, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, saisit son passage pour révéler le parcours traversé quant à cette généralisation dont l’agenda est tel qu’il le détaille à ses «derniers mois». Déjà, la loi-cadre dédiée était prête en octobre. «Cependant, il faut des préparatifs pour mettre en œuvre ce projet. C’est facile de dire que tout le monde doit bénéficier mais il faut aller les chercher là où ils sont et créer un registre. C’est ce que le gouvernement a fait pendant les premiers mois», explicite-t-il. Le tout en rappelant des débats avec les fédérations, les interprofessions et les chambres professionnelles entre autres.
Par l’occasion, il énumère l’adoption de «22 décrets en 4 mois».
En tout, ce sont, tel que l’indique le numéro un du gouvernement, «78% qui sont inscrits en couverture sociale en moins de 9 mois». «Le succès de ce chantier dépend de l’adhésion de tous», indique-t-il entre-temps. Mieux encore, il ressort une autre valeur. Pour lui, «s’il n’y a pas de solidarité, on ne peut pas bâtir une protection sociale».

11 millions de Ramédistes à intégrer

«Il nous reste, pour l’heure, 11 millions dans le Ramed sur lequel on ne fera pas marche arrière», poursuit-il. L’objectif étant de généraliser la couverture pour les Ramédistes d’ici la fin d’année. «Ceux qui ont la protection sociale du Ramed vont basculer dans le système», explicite M. Akhannouch qui s’exprime également sur les ressources destinées à consolider l’offre sanitaire. Pour lui, cela demande des moyens. «Nous avons la conviction que nous ne pourrons pas convaincre le citoyen sans amélioration de cette offre», commente-t-il en rappelant le manque de formation d’un grand nombre de médecins. Le tout sans manquer de rappeler les efforts du gouvernement qui veille à répondre aux orientations royales. Des propos qui trouvent leur écho chez d’autres participants.

Couronnement d’un parcours graduel

S’exprimant en premier lors de cette rencontre, le président de l’association initiatrice, Fouzi Lekjaa, également ministre délégué chargé du budget, estime que ce chantier «couronne un parcours graduel au point d’atteindre le changement stratégique». «A revoir les réalisations faites, il y a un fil conducteur dans ce parcours», enchaîne l’orateur qui met en avant, dans ce sens, la cohésion et la complémentarité dans les dimensions économiques et sociales. A cet égard, il cite l’INDH, le Ramed, les aides directes comme Tayssir. «Ce sont des cumuls avant d’atteindre une maturité. Il est temps de réaliser le grand saut», enchaîne-t-il à propos de la protection sociale en y ajoutant le nouveau modèle de développement. Pour lui, il y a également un «besoin de prendre conscience que le rôle social de l’Etat est révolu». A son sens, il est plutôt question pour l’Etat de «performer des rôles sociaux pour un impact sur la vie des citoyens». Et ce n’est pas tout ! Pour lui, il faut «se détromper sur le fait de considérer que le chantier est le résultat du temps de la Covid». «Nous sommes tous responsables de la réalisation de ce programme», avance-t-il en appelant à un acte collectif.

Bénéficier de la solidarité

De son côté, la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, pense à l’informel. Pour elle, il est question de «permettre à ce secteur de bénéficier de la solidarité et de la pérennité du système qui est aussi une opportunité pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages». A son tour, l’argentière du Royaume, qui appelle également à «faire preuve d’innovation voire d’imagination» n’hésite pas à s’exprimer sur la qualification du système de santé de manière à prodiguer des soins de santé de qualité. Dans ce sens, elle relève la mobilisation des «ressources financières et humaines». Le tout en évoquant la «digitalisation» ainsi que la responsabilité d’autres acteurs comme les collectivités territoriales, le secteur privé et la société civile. A son sens, le succès de ce chantier est également tributaire de l’adhésion et de la mobilisation de tous les acteurs et les citoyens avec un attachement aux valeurs de solidarité manifestée pendant la crise de Covid.

Vers une économie de vie basée sur la santé

Egalement de la partie, le ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, ressort un concept qui fait son apparition à l’ère Covid. «C’est vers une économie de vie basée sur la santé qu’il faut s’orienter», révèle-t-il en rappelant que le Souverain est conscient de ce nouveau paradigme, d’où ce chantier «majeur» de protection sociale qui requiert «la mobilisation». L’objectif ultime étant, au sens du ministre, de «relever le défi de généralisation avec soutenabilité». Pour sa part, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, avance un enjeu. «Une grande prudence et un suivi très élevé de la mise en œuvre de ce chantier s’impose», prévient-il en remontant le temps. Ainsi, il rappelle que SM le Roi avait appelé à la protection sociale bien avant l’ère Covid. «Avec la crise, c’est devenu une urgence», ajoute M. Jouahri qui met en avant la détermination royale à transformer la crise en opportunité. Pour lui, «les autorités sont appelées à donner un contenu concret à ce chantier». «Il faudrait une mobilisation exceptionnelle», poursuit-il. Quant à la mobilisation des ressources, elle est, tel qu’il le détaille, marquée par des «difficultés» liées entre autres à la «capacité contributive de la population» dont une large fange dispose d’un revenu en deçà de la moyenne.

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Du côté de l’Hexagone et des experts

Invitée à l’événement, l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène Le Gal, indique que cette opération est «attendue par tous». Dans son pays, le régime général de la sécurité sociale couvre, tel qu’elle l’indique, tous les risques. Elle rappelle également le prêt de l’Agence française de développement pour le Maroc afin d’accompagner cette généralisation au Maroc outre l’apport d’Expertise France, ainsi que d’autres partenaires comme l’UE, la Banque mondiale et les agences de l’ONU entre autres. «Le financement de la réforme sera un enjeu clé. Il devra sans doute trouver sa propre équation», estime la diplomate. Quant à Michal Rutkowski, directeur global de la protection sociale et emploi à la Banque mondiale, il s’exprime sur «l’universalité qui permet à chacun de bénéficier des programmes sociaux pour une vie décente avec santé et dignité». L’expert, qui met l’accent sur le ciblage, fait valoir la prudence en termes de subventions et moyens de financement. De son côté, la directrice adjointe de la protection sociale au BIT, Valérie Schmitt, propose, entre autres, de «renforcer les systèmes non contributifs couvrant les personnes exclues tout en adaptant des systèmes d’assurances sociales pour étendre la couverture à l’économie informelle».

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