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Réconciliation : l’autre projet raté de Bouteflika

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L’Algérie du président Bouteflika a-t-elle raté son projet « Paix et réconciliation » ? Depuis l’annonce de celui-ci en septembre 2005, seuls 250 membres des groupes armés ont rendu leurs armes. Un chiffre dérisoire et néanmoins très édifiant sur une Algérie qui, depuis 1991, montre son incapacité flagrante à « cohabiter avec ses monstres ».
Pire encore, à l’approche du délai fixé pour leur reddition, les groupes armés, dont le redoutable Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ont plutôt accentué leurs opérations sanglantes non seulement contre les civils, mais aussi contre les soldats algériens. Depuis le mois de juin, les autorités ont dénombré près de 80 morts, tombés notamment dans des attentats à la bombe, actionnés à distance au moyen de téléphones portables. Une dizaine de personnes ont été tuées au cours du seul mois d’août, selon un décompte établi d’après des bilans officiels.
Cette nouvelle spirale de la violence, au-delà de sa connotation macabre, n’est pas dénuée de sens. En fait, les groupes armés veulent simplement exprimer leur rejet de toute reddition, en contrepartie de « l’amnistie » voulue par le président Bouteflika. Le GSCP reste « étonnamment actif » malgré l’ampleur des opérations de ratissage effectuées par l’armée algérienne, note le quotidien français «Le Monde», relevant qu’il y a deux explications possibles à cet état de fait : « Soit on a sous-estimé le nombre de ses maquisards, soit le groupe continue de recruter et réussit ainsi à compenser ses pertes».
Une chose est sûre : ni la politique de la « main tendue », ni l’option militaire n’ont jusqu’ici réussi à faire plier des terroristes qui, contrairement aux « prévisions » établies par le palais Al Mouradia, n’ont fait que reprendre du poil de la bête. Face à cette situation, il faut se demander à quoi serviront encore les appels, multipliés ces derniers temps, pour la prorogation de la date limite pour le dépôt des armes.
Cette même interrogation a été formulée par le journal algérien « Al Watan » qui, -une fois n’est pas coutume-, a qualifié d’«échec cuisant» le projet « Paix et réconciliation ». « Le nombre limité de redditions traduit un échec cuisant de la politique de réconciliation nationale qui n’a su ni capter l’intérêt des terroristes ni dompter leur instinct monstrueux en dépit de toutes les largesses qui leur étaient offertes », a martelé le journal. Même son de cloche au quotidien « Al Khabar » qui estime que « les résultats de la Charte pour la paix et la réconciliation sont dérisoires et fort éloignés des espoirs surgis au lendemain du référendum de septembre 2005 ». La Charte nationale pour la paix et la réconciliation a permis, depuis son entrée en vigueur le 28 février, la libération de plus de 2.200 personnes détenues pour « terrorisme ».
Une largesse restée sans contrepartie significative, puisque, faut-il le rappeler, seulement 250 terroristes se sont jusqu’ici rendus. Face à un bilan jugé « très mitigé », que fera alors le président ? « Bouteflika prendra des mesures additives », estime le journal « L’Expression » citant une source de la présidence algérienne, ajoutant que le chef de l’Etat « ne se suffira pas des 250 repentis », dont la reddition « ne s’est pas traduite par une embellie sécuritaire notable ».
Reste à savoir ce que l’on entend par « mesures additives ». “Le Jour d’Algérie“  affirme que l’armée est « fin prête » pour traquer les irréductibles du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, farouchement hostile à la politique de réconciliation du président Bouteflika. Mais ce but n’est pas à portée de main.
Outre sa longue expérience acquise au prix de nombreux affrontements, le GSCP peut également compter sur une nature dont l’accès est très difficile. Retranché derrière les montagnes escarpées de la Kabylie, ce groupe continue de s’attaquer aux forces de sécurité, prenant notamment pour cible la Garde communale réputée être mal armée et très peu entraînée.
Sur la suite qui sera donnée à l’échec de la politique de réconciliation, l’Algérie devra attendre le retour du président Bouteflika, aujourd’hui en vacances, pour se prononcer. D’ici là, le pays du «Million de martyrs» continuera de payer les pots cassés.  

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