ActualitéCouvertureUne

Réseaux sociaux : Influence ou emprise sur les nouvelles générations ?

© D.R

Identité culturelle, hyperconnectivité, influenceurs … Une analyse du département de la jeunesse en décrypte les tendances

Opinions: Les réseaux sociaux sont actuellement un outil d’influence incontournable. A l’ère du numérique, les jeunes se trouvent au cœur de cette transformation et la capacité des utilisateurs à percevoir les manipulations potentielles de leurs opinions et de leurs choix s’est amoindrie, compte tenu des méthodes de développement de ces sites. Leurs algorithmes et les services qu’ils offrent reposent sur une compréhension complexe des besoins humains, évoluant en permanence. Sur le plan culturel, les réseaux sociaux ont un impact avéré. C’est ce qu’une récente analyse faisant partie d’un recueil scientifique baptisé «Qadaya A’chabab » publié par le département de la jeunesse a tenté de décrypter.

L’exposition des jeunes aux réseaux sociaux, aux écrans et l’hyperconnexion font l’objet d’une récente analyse dévoilée dans un recueil scientifique baptisé «Qadaya A’chabab» publié par le département de la jeunesse relevant du ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication. Ultra-connecté, curieux, mais exposé à un flux massif de contenus, les jeunes Marocains, comme d’autres jeunes dans le monde, utilisent les réseaux sociaux. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette étude analytique qui tente d’examiner l’activité des jeunes (âgés entre 18 et 30 ans) sur les réseaux sociaux, afin de comprendre leur niveau d’intérêt pour ces plateformes, ainsi que les domaines qu’ils suivent principalement.

Cela permet de savoir, selon ce document, si les jeunes Marocains, au cœur de leur activité sur les réseaux sociaux, conservent les valeurs et les spécificités culturelles qui définissent leur identité. En effet, les réseaux sociaux façonnent désormais les modes de vie, les centres d’intérêt et les repères culturels. Comme l’explique cette analyse, 54 % des jeunes au Maroc passent plus de trois heures par jour sur ces plateformes, tandis que 34 % y passent environ trois heures. «Il s’agit sans aucun doute d’une part importante du temps quotidien.

54 % des jeunes au Maroc passent plus de trois heures par jour sur ces plateformes. 

Ce temps précieux dans la vie des jeunes est réparti sur plusieurs applications: WhatsApp est l’application la plus utilisée, suivie de Facebook. Il est intéressant de noter que Instagram commence à occuper une place importante parmi ces réseaux sociaux, atteignant un taux proche de celui de la plateforme YouTube, très populaire au Maroc », argumente la même source rappelant que ces pourcentages se rapprochent de la moyenne mondiale du temps que les jeunes passent sur les réseaux sociaux, moyenne qui varie entre 4 et 12 heures par jour, ce qui prouve qu’ils sont devenus une part intégrante des activités principales que les jeunes pratiquent au quotidien.

Quels usages pour quels objectifs ?

La même analyse révèle que les jeunes Marocains utilisent ces outils numériques pour des finalités diverses. Près de 46 % disent consulter les réseaux pour « suivre les nouveautés ». Cette formulation cache un usage spontané, non structuré, où les opinions et intérêts sont modelés au gré des contenus rencontrés. D’autres jeunes, soit plus de 20 %, mettent en avant des objectifs plus ciblés comme le divertissement ou encore l’apprentissage. Selon la même source, les centres d’intérêt des jeunes ont considérablement évolué au fil des dix dernières années. Le sport arrive désormais en tête avec 25,7 %, détrônant la politique, qui chute à 17 %. La technologie attire également de plus en plus de jeunes, avec 8,6 % qui en font leur priorité sur les réseaux. Par ailleurs, l’intérêt pour les questions religieuses recule nettement, ne dépassant pas les 8 %. Une mutation qui témoigne du repositionnement des jeunes par rapport aux sphères d’influence traditionnelles.

La «darija» domine les échanges

Les jeunes Marocains restent fortement attachés à leur identité linguistique, et ce malgré l’hyperconnextion et la présence des langues étrangères. La darija (arabe dialectal marocain) domine les échanges avec 34 % l’utilisent avec l’alphabet arabe et 23 % avec l’alphabet latin. L’arabe standard conserve une place importante (31,4 %), tandis que les langues étrangères et l’amazighe sont loin derrière.

Un contenu culturel moins attractif

Sur le plan culturel, cette analyse dévoile que moins de 10 % des jeunes estiment que le contenu culturel marocain en ligne est de bonne qualité. Et pour cause : le faible engagement des élites culturelles dans le numérique, malgré quelques initiatives notables. Les artistes, universitaires et écrivains peinent à convertir leur production en formats numériques attractifs, laissant ainsi le champ libre à d’autres formes de contenus plus populaires, mais souvent moins riches. « Le contenu culturel, censé protéger l’identité de la société, traverse aujourd’hui une épreuve difficile. Autant ces réseaux offrent des opportunités de valorisation et de renouvellement culturel, autant ils comportent des risques de dilution de ces valeurs, pourtant capables d’améliorer les performances économiques, politiques et scientifiques du pays», estime la même analyse.

Influenceurs : Entre fascination, imitation et rejet

L’essor fulgurant des influenceurs constitue un autre phénomène marquant. Ces « leaders d’opinion virtuels» se sont imposés comme de véritables acteurs sociaux. Grâce à leur visibilité, ils touchent des milliers, voire des millions de jeunes. Le phénomène dépasse les frontières d’un seul domaine. Cuisine, mode, sport, science vulgarisée : toutes les sphères sont désormais investies par ces figures qui, pour beaucoup, sont perçues comme des modèles… ou des anti-modèles. Car malgré leur popularité, 37 % des jeunes Marocains refusent de leur accorder le titre d’« influenceur », une forme de rejet symbolique, révélatrice d’un dilemme entre admiration et critique.

Les centres d’intérêt des jeunes ont considérablement évolué au fil des dix dernières années.

Suivis massivement, ces influenceurs sont en même temps accusés de modèles de vie en décalage avec les valeurs culturelles locales. Cette analyse braque également les projecteurs sur le contenu produit par les influenceurs arabes et marocains. «S’agit-il, pour la plupart, d’imitations d’influenceurs étrangers, repackagées dans un format local ? ».
La réponse est sans équivoque. Car si l’on observe une adaptation à la culture locale, il semble aussi évident que l’imitation prédomine, affaiblissant ainsi la créativité et la singularité du contenu produit.

C’est le titre de la boite

Une stratégie d’ encadrement éducatif et éthique est nécessaire

Virtuel. Les réseaux sociaux constituent un espace virtuel majeur dans la vie quotidienne des jeunes Marocains, qui y consacrent une part importante de leur temps. Cette réalité appelle à l’élaboration de stratégies éducatives et médiatiques locales, visant à sensibiliser les jeunes et les adolescents à la gestion équilibrée de ce temps numérique.

Ces plateformes, dénuées de normes éthiques claires visant à protéger les intérêts de leurs utilisateurs, cherchent au contraire à les maintenir connectés le plus longtemps possible. D’où la nécessité de former les jeunes à un usage modéré, respectueux de leur santé mentale et physique, préservant un temps suffisant pour les études, le travail, la vie sociale et spirituelle.

Enrichir le contenu culturel

Numérique: Le contenu divertissant domine largement les usages des jeunes sur les réseaux sociaux, au détriment des contenus à caractère politique ou culturel, qui suscitent de moins en moins d’intérêt. Ce décalage a été occupé par une offre de divertissement massive qui, bien qu’elle manque souvent de profondeur, génère des revenus considérables et influence les comportements des jeunes à plusieurs niveaux.

Face à cette situation, les élites culturelles marocaines ne sont pas encore parvenues à investir pleinement cet espace, laissant le champ libre à des contenus peu enrichissants. Il devient urgent pour les élites culturelles, selon la même analyse, de prendre conscience de la nécessité d’adapter leur langage à celui du monde numérique, afin de transmettre leurs messages dans une forme accessible à la jeunesse d’aujourd’hui.

Cela passe par l’acquisition des compétences numériques, ou de renforcer les partenariats stratégiques avec des experts du digital, pour reconquérir un espace devenu central dans la construction des imaginaires collectifs.

Related Articles

ActualitéUne

Le Conseil de gouvernement approuve des propositions de nomination à de hautes fonctions

Le Conseil de gouvernement, réuni jeudi à Rabat sous la présidence du...

SociétéUne

Education inclusive : 5.000 enfants en situation de handicap intégrés dans les écoles publiques en 2025

Bilan : Le nombre total des enfants en situation de handicap ayant...

EconomieUne

«Brand Africa 100» : inwi remporte quatre consécrations majeures

Cette quadruple reconnaissance vient renforcer la position de inwi en tant qu’opérateur...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus