Les pourparlers de paix entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Darfour, région de l’ouest du Soudan en guerre depuis plus de deux ans, doivent reprendre le 15 septembre au Nigeria après deux mois d’interruption, a annoncé mercredi l’Union africaine.
"Les parties se sont entendues pour reprendre les négociations le 15 septembre", a déclaré l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour le Darfour, Salim Ahmed Salim.
"La décision de reprendre les pourparlers à Abuja a été prise après trois jours de consultations entre les parties" en Tanzanie, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Dar Es-Salam (est), capitale économique de la Tanzanie.
Les négociations, qui sont suspendues depuis le 5 juillet, devaient théoriquement reprendre hier mercredi à Abuja, qui a déjà accueilli plusieurs sessions de discussions inter-soudanaises sur le Darfour.
Mais début août, l’un des deux principaux groupes rebelles du Darfour, le Mouvement de libération du Soudan (SLM), s’était opposé à la reprise des pourparlers à cette date et avait proposé qu’ils se tiennent la première semaine d’octobre. Dans un communiqué publié mercredi à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie et siège de l’UA, l’organisation panafricaine, qui sert de médiateur dans le conflit au Darfour, a appelé toutes les parties à participer le 15 septembre "à ces pourparlers au plus haut niveau, dans le but de faciliter un règlement pacifique du conflit au Darfour".
Les négociations porteront "sur les questions substantielles du partage du pouvoir, du partage des richesses et des arrangements sécuritaires", restées jusqu’à présent en suspens après cinq sessions de pourparlers, selon le communiqué.
Le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), l’autre rébellion active au Darfour, a affirmé mercredi que "l’objectif" était de conclure un accord global de paix d’"ici la fin de l’année". "Nous voulons que la souffrance cesse", a déclaré un représentant du JEM, Tageldin Nyam, lors de la conférence de presse à Dar Es-Salam (est).
"Nous sommes engagés dans le processus" de règlement du conflit, a assuré de son côté Ahmed Yatoub, représentant du SLM.
"Nous insistons pour que les parties respectent et appliquent les précédents accords et protocoles de cessez-le-feu", a encore dit Salim Ahmed Salim. "Cela accélèrera le processus et soutiendra les efforts de la communauté internationale pour mettre fin à la souffrance du peuple du Soudan", a-t-il ajouté, en présence de représentants des deux rébellions, mais pas du gouvernement soudanais.
Le 5 juillet, lors de la clôture de la dernière session de négociations, le gouvernement soudanais et les groupes rebelles du Darfour avaient signé une déclaration de principes liées à l’avenir du dialogue politique. Cette déclaration prévoyait notamment l’autonomie pour le Darfour, dans une Constitution du Soudan qui devra être révisée.
Le Darfour, région de l’ouest du Soudan, est depuis février 2003 le théâtre d’une guerre civile, qui a fait entre 180.000 et 300.000 morts, selon diverses estimations internationales, et provoqué le déplacement de 2,6 millions de personnes.
Les combats opposent les rebelles aux troupes gouvernementales appuyées par des milices arabes. Les rebelles réclament notamment plus d’autonomie et un développement économique pour leur région qu’ils estiment "marginalisée". Ils demandent un partage plus équitable des ressources, notamment pétrolières.
L’UA a envoyé une force de maintien de la paix pour contrôler le respect du cessez-le-feu signé par les parties en avril 2004, mais régulièrement violé de part et d’autre.