Selon les résultats d’une enquête présentée par l’ONDH mercredi à Rabat
Bilan positif: Le programme des aides sociales directes révèle un niveau de satisfaction élevé auprès des populations bénéficiaires. A en croire les résultats d’une enquête dévoilée le 2 juillet 2025 par l’ONDH, ce programme a été conçu pour répondre aux attentes des populations en harmonie avec l’esprit de solidarité nationale qui caractérise le pays. Selon l’Observatoire, cette enquête met en évidence des avancées substantielles dans l’amélioration des conditions de vie des ménages bénéficiaires.
L’Observatoire national du développement humain (ONDH) a organisé le 2 juillet 2025 à Rabat une conférence de presse pour présenter les résultats de son enquête sur le programme des aides sociales directes. Il en ressort plusieurs éléments saillants. En effet, les principaux résultats de cette enquête révèlent un niveau de satisfaction globale élevé du soutien reçu atteignant 87,46%. Selon le président de l’ONDH, Othman Gayer, la gestion du processus d’admission des demandes d’inscription est considérée transparente par 95% des chefs de ménages interrogés. En plus, les informations sur le programme sont jugées claires et compréhensibles (39,72% «très claires et faciles à comprendre», 53,43% «claires dans une certaine mesure»). Par ailleurs, le programme d’aide sociale directe a eu un impact largement positif sur plusieurs dimensions clés du bien-être des ménages bénéficiaires. Il en est ainsi de l’amélioration du niveau de vie (89,2%, dont 31% de manière significative), le renforcement de la sécurité alimentaire (92%, dont 28% de façon marquée) et le soutien à la scolarisation (82%). «Le programme est jugé équitable par une majorité de répondants (90,4%).
Toutefois, la facilité d’inscription reste un point faible, puisque seulement 5% la trouvent «simple», et 67% la jugent d’un niveau de complexité «moyen». Ainsi, la majorité des ménages a eu recours à une assistance externe pour procéder à leur inscription électronique sur la plateforme du programme. Les critères d’éligibilité sont perçus comme clairs par plus de deux tiers des bénéficiaires (67%), indépendamment du sexe ou du lieu de résidence», explique la même source.
Positionnement par rapport à d’autres programmes similaires dans le monde
En termes de benchmark international, l’ONDH a comparé le PASD avec des programmes similaires du Brésil, du Mexique, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud. «Le benchmark international met en lumière que le PASD est un programme globalement performant et apprécié des bénéficiaires, avec des résultats comparables aux programmes de référence sur de nombreux critères (satisfaction, ciblage, régularité, confiance). Il confirme également le rôle crucial du PASD dans l’amélioration des conditions de vie des ménages vulnérables au Maroc, tout en soulignant certains écarts par rapport aux meilleures pratiques», précise la même source notant que la satisfaction des bénéficiaires du PASD (environ 88%) est légèrement inférieure à Bolsa Família (Brésil) dont la satisfaction est réputée exceptionnelle (environ 95%), et proche du Child Support Grant sud-africain (environ 90%). «Le PASD surpasse en revanche Prospera (Mexique), où les niveaux de satisfaction atteignent environ 75–80% et Keluarga Harapan (Indonésie) qui affiche des retours de satisfaction modérés», précise le président de l’ONDH. Lors de cette conférence de presse, M. Gayer a aussi souligné que l’ONDH a développé un Indice national de satisfaction sociale (INSS) qui a pour objet de mesurer la satisfaction des usagers à l’égard des prestations des programmes d’aide. Concernant le PASD, cet indice est estimé à 71 (sur 100 points). «Ce score reflète la satisfaction globale des bénéficiaires du programme, mesurée selon cinq dimensions: accessibilité, impact, opportunité, pertinence et transparence. L’analyse des résultats met en lumière que les cinq dimensions de l’INSS n’ont pas toutes le même poids dans la satisfaction globale. Pour améliorer l’INSS, il convient d’agir en priorité sur l’accessibilité, puis de consolider en parallèle l’impact perçu et la transparence, tout en maintenant les bonnes performances sur la pertinence de l’aide et la ponctualité du service», a-t-il affirmé.
Les sept recommandations issues de l’enquête
L’enquête réalisée par l’ONDH a permis d’élaborer sept principales recommandations. Ainsi, l’Observatoire appelle au développement d’un dispositif d’assistance sociale de proximité pour mieux communiquer autour du programme, et l’implication de relais locaux dans les territoires pour atteindre les populations des zones périphériques éloignées. Il recommande aussi de renforcer l’engagement citoyen des associations locales dans l’innovation des mécanismes de facilitation d’accès aux services numériques du programme mais aussi le lancement de programmes de développement des compétences ou d’autonomisation économique, pour améliorer la capacité du programme à produire des résultats à long terme en matière de développement humain. A cela s’ajoutent le renforcement de l’intégration des programmes de l’État social en développant un cadre unifié pour harmoniser le PASD avec les autres programmes sociaux tels que l’AMO-Tadamon afin de réduire les chevauchements et assurer une couverture complète, la mise à jour régulière des critères d’éligibilité afin de refléter les changements en temps réel dans les conditions de vie des ménages, la mise en place d’un système national de suivi et évaluation du programme et le développement d’un programme de recherche-action sur l’évaluation d’impact des aides sociales et enfin l’amélioration de la participation citoyenne dans le système de gouvernance territoriale du programme pour assurer une meilleure appropriation sociale.
Tout savoir sur le régime des aides sociales
Le régime des aides sociales directes est un programme national qui vise à améliorer les conditions de vie des familles ayant des enfants en âge scolaire ou en situation de vulnérabilité, et qui ne bénéficient d’aucune compensation familiale conformément aux dispositions législatives et réglementaires. Les familles ciblées bénéficient d’une aide sociale mensuelle qui varie en fonction de la composition de chaque famille et du statut de ses membres, sans être inférieure à 500 dirhams par mois au minimum, après avoir rempli les conditions d’éligibilité prévues par la loi, notamment le seuil fixé par la notation obtenue au Registre social unifié (RSU). Ce régime cible des millions de familles vulnérables ne bénéficiant pas d’allocations familiales, conformément aux textes législatifs et réglementaires en vigueur, en particulier celles ayant des enfants de moins de 21 ans, ainsi que les familles sans enfants ou ayant des enfants de plus de 21 ans. Deux types d’aide sont mis en place, à savoir les aides relatives à la protection contre les risques liés à l’enfance et l’aide forfaitaire.
Les aides relatives à la protection contre les risques liés à l’enfance incluent l’allocation mensuelle et l’allocation de naissance. Concernant l’allocation mensuelle, elle est attribuée à la famille en fonction du nombre d’enfants de moins de 21 ans, dans la limite de six enfants, le montant étant déterminé en fonction de l’âge de l’enfant et de sa scolarisation.
Othman Gayer, président de l’ONDH.
La famille continue, jusqu’à l’âge précité, de bénéficier de cette aide pour chaque enfant à charge, tant qu’elle remplit les conditions d’éligibilité au régime. Chaque enfant en situation de handicap bénéficie d’une aide supplémentaire, sans restriction quant au nombre d’enfants dans le foyer. Cette assistance est octroyée indépendamment de l’âge de l’enfant en situation de handicap aux mères veuves. Pour ce qui est de l’allocation naissance, elle est accordée en une seule fois à chaque famille éligible, à l’occasion des deux premières naissances, indépendamment du nombre de nouveau-nés à chaque naissance.
La famille bénéficie de 2.000 dirhams pour la première naissance et de 1.000 dirhams pour la deuxième. Le deuxième type d’aide est l’aide forfaitaire attribuée aux familles sans enfants ou ayant des enfants de 21 ans et plus. Ces familles recevront une aide forfaitaire de 500 DH par mois. Pour bénéficier des aides relatives à la protection contre les risques liés à l’enfance, quelques conditions sont requises, à savoir que le chef de famille et les membres de la famille concernée doivent être marocains résidant au Maroc, être inscrits au Registre social unifié, et l’indice socio-économique du ménage, calculé au niveau du RSU, doit être inférieur au seuil d’éligibilité du régime des ASD.
Pour bénéficier de l’aide forfaitaire, il est requis en plus que la famille (ménage RSU) n’ait pas d’enfants, ou si elle en a, qu’ils aient 21 ans ou plus.
Méthodologie
Evaluation: Ladite enquête a été réalisée par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) durant le premier semestre de sa mise en œuvre. «L’objectif recherché à travers cette 1ère enquête est d’observer les effets induits par la mise en œuvre de ce programme sur les bénéficiaires et ce en évaluant l’expérience des citoyens-usagers dans leurs interactions avec le programme de soutien et en recueillant leurs avis sur la qualité des prestations qui leur sont dispensées dans ce cadre», relève le président de l’ONDH notant que l’enquête réalisée a ainsi porté sur l’évaluation de la satisfaction des bénéficiaires, l’appréciation de l’accessibilité et l’équité du programme, l’examen de son efficacité opérationnelle, l’analyse de ses effets économiques et sociaux et le recueil du feedback des bénéficiaires en vue d’identifier les pistes d’amélioration du programme. Cette enquête englobe 73 questions posées à 4.462 chefs de ménages (dont 16% sont des femmes). En plus, 6 sessions de débats ont été organisées dans 6 provinces.