Capacité installée, infrastructures, investissements, échéances…
état des lieux. Les contours de la stratégie marocaine en matière d’énergie dévoilés. Une réunion a été organisée au Parlement avec la ministre de tutelle pour établir un état des lieux et explorer les perspectives d’un secteur stratégique pour le pays. Éclairages.
La stratégie énergétique au centre d’une réunion au Parlement. En effet, Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable, a effectué une présentation autour de la stratégie énergétique et les mesures les plus importantes qui ont été prises pour atteindre les objectifs fixés. La présentation a eu lieu dans le cadre de la réunion du groupe de travail thématique sur la transition énergétique à la Chambre des représentants. Selon la ministre, les mesures stratégiques les plus importantes sont le développement des mécanismes appropriés pour aider à la prise de décision et prioriser les investissements pertinents concernant les trois ressources (énergie, eau et sol), l’accompagnement de la réforme du secteur énergétique en établissant un cadre institutionnel et de gouvernance approprié.
Il est question en outre d’encourager la concurrence pour accroître l’approvisionnement en électricité à partir d’énergies renouvelables. Sur le plan législatif et réglementaire, plusieurs mesures ont été prises à travers notamment la publication au Bulletin officiel de la décision n° 3851.21, qui porte sur la fixation d’un cap pour les dix prochaines années, s’étendant de 2022 à 2031, réglementant l’injection de l’énergie électrique produite à partir de sources d’énergie renouvelable dans le réseau électrique de haute et moyenne tension. Il a été également question de la publication de la décision n° 2138.22 déterminant les zones préparées pour recevoir des sites de développement pour des projets de production d’énergie électrique basés sur de sources d’énergie solaire.
La ministre a rappelé en outre la création de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité conformément à la loi n° 48.15 relative à la réglementation du secteur de l’électricité, chargée d’assurer le bon fonctionnement du marché libre de l’électricité et de contrôler l’accès des producteurs privés aux réseaux. La gouvernance n’est pas en reste avec la coordination entre institutions et entreprises du secteur public sous la tutelle du ministère en renforçant les mécanismes de gouvernance sous la supervision de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat ainsi que de la Direction des établissements publics et de la privatisation.
Demande en hausse
Dans sa présentation Mme Benali a mis en lumière la hausse de la demande sur l’énergie électrique puisque les besoins de notre pays ont atteint environ 43.991 gigawattheures en 2023, contre environ 25.016 gigawattheures au cours de l’année 2009. Pour faire face à cette situation, il a été procédé au renforcement des moyens de production d’électricité en créant des capacités supplémentaires d’environ 6.510 mégawatts provenant de diverses sources au cours de la période située entre 2009 et 2023, ce qui représente environ 57,5% de la capacité totale à fin 2023. Ainsi, la capacité électrique annuelle moyenne a atteint 434 MW avec un taux d’investissement annuel moyen de l’ordre de 7,2 milliards de dirhams. La présentation annonce une baisse du pourcentage de capacités générées à partir de sources fossiles, hors charbon (le gaz a diminué de 4,14% et le fioul de 13,23%).
La capacité électrique des énergies renouvelables est passée de 1.969 mégawatts en 2009 à 5.304 mégawatts fin août 2024, soit de 32,2% en 2009 à 44,3% de la capacité totale installée fin août 2024. «La capacité électrique totale de notre pays est passée durant la première moitié du mandat du gouvernement de 10.627 mégawatts à 11.980 mégawatts, dont 5.304 mégawatts de sources renouvelables, ce qui représente environ 44,3% de la capacité électrique installée, alors qu’elle représentait 37% au début du mandat gouvernemental», précise la même source expliquant que le nombre des autorisations octroyées pour les nouveaux projets a été multiplié par 4, passant au cours de la première moitié du mandat actuel du gouvernement à 56 projets contre 14 projets autorisés au cours de la période s’étendant entre 2011 et 2020.
Investissements
Afin de suivre le rythme accéléré du développement des énergies renouvelables et autres énergies nouvelles, le Maroc entend, au cours des années à venir, quadrupler ou même quintupler ses investissements alloués au réseau du transport de l’électricité, offrant pour la première fois l’opportunité au secteur privé d’investir dans ce réseau chaque fois que cela est nécessaire. «Courant août 2024, un appel à manifestation d’intérêt relatif à la préqualification des candidats a été publié pour la réalisation d’une liaison très haute tension entre le sud et le centre du Maroc d’une capacité de 3 gigawatts. La date limite de dépôt des candidatures a été fixée au 15 octobre 2024. La ministre a rappelé le lancement de l’Offre Maroc en matière de l’hydrogène vert.
Une offre pratique et motivante qui couvre toute la chaîne de valeur de la filière, en adéquation avec les besoins des investisseurs dans le but de rendre le Royaume compétitif et actif dans ce secteur aux perspectives prometteuses. Il a été question de la mise en œuvre d’un cadre de motivation et d’accompagnement des porteurs de projets afin d’assurer la concrétisation de « l’Offre Maroc » grâce notamment à la mobilisation d’un foncier totalisant un million d’hectares. Pas moins de 300 mille hectares seront mobilisés au profit des investisseurs lors de la première étape.
La présentation a fait le point sur la feuille de route des infrastructures gazières à travers la construction de gazoducs pour relier les projets de production du champ gazier de Tenderara et du champ d’Anchoa au gazoduc Maghreb- Europe (GME). Il est question de développer plusieurs points d’importation de GNL avec la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié au port de Nador West Med et d’un pipeline du gaz sur une distance de 132 km, pour relier cette station au Gazoduc GME. Une deuxième unité est prévue avec le développement d’un gazoduc reliant Mohammedia au réseau de gazoducs GME et au gazoduc Nador West Med, ce qui permettra d’alimenter les centrales de production d’électricité de Mohammedia, ainsi que les installations industrielles voisines avec du gaz naturel.
Enfin, les autorités étudient la mise en place d’une troisième unité avec le développement d’un terminal de gaz naturel liquéfié dans un port sur la façade atlantique.
Transition énergétique
Développement durable. La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a relevé récemment à Rabat l’importance de l’accélération des investissements durables en tant que «prérequis» de la transition énergétique au Maroc et en Afrique. «L’accélération de la transition énergétique nécessite une mobilisation d’investissement vert, ce qui appelle à une réflexion axée sur le développement des business models résilients et durables, à l’accélération de la cadence des investissements et à la simplification des procédures, tant au niveau national que sur le continent africain, a indiqué Mme Benali lors de la 4ème édition du Climate Day. «Au Maroc, la transition énergétique a été entamée depuis 2009, et elle est considérée comme un pilier fondamental pour atteindre les objectifs de développement durable et de décarbonation de notre économie, ainsi que de celles de nos voisins», a-t-elle ajouté. Dans ce contexte, tout en rappelant que le Maroc est l’un des cinq pays connecteurs dans le monde et constitue le seul corridor viable entre l’Europe, l’Afrique et le bassin atlantique, la ministre a souligné la nécessité de débloquer «ce réservoir et vivier de capacités productives». «Nous devons atteindre une cadence de développement d’environ 1.400 mégawatts d’énergie renouvelable par an,» a-t-elle dit, précisant que le Royaume avait, entre 2009 et 2022, une cadence annuelle d’environ 160 mégawatts.