Alors que le Royaume est à la recherche d’alternatives pour renforcer sa souveraineté énergétique
Energie. Les responsables turcs veulent proposer au Maroc des solutions alternatives pour l’import et la transformation sur place du GNL à des prix compétitifs. Les détails.
Le marché marocain du GNL (gaz naturel liquéfié) suscite la convoitise des capitaux turcs. Une entreprise turque veut ainsi se positionner pour fournir des solutions alternatives pour l’import et la transformation sur place du GNL à des prix compétitifs depuis certains marchés internationaux. Participant au Forum africain de l’énergie, Ali Hjaiej, directeur adjoint des ventes pour l’Afrique chez l’entreprise turque Karpowership, a affirmé que le Maroc est un marché stratégique et prometteur, compte tenu de son leadership dans les énergies renouvelables et l’utilisation croissante du gaz. Hjaiej a expliqué que «les solutions flottantes du GNL de sa société offrent une fiabilité immédiate et représentent une solution de transition idéale, notamment en attendant l’achèvement du projet de gazoduc Nigeria-Maroc». Il a ajouté que «la société peut proposer des alternatives grâce aux unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU), qui permettent d’importer du gaz depuis plusieurs marchés à des prix compétitifs, ce qui pourrait renforcer la flexibilité du système énergétique marocain». Il faut préciser qu’une FSRU ou unité flottante de stockage et de regazéification est un navire spécialement conçu pour le stockage et la regazéification du gaz naturel liquéfié (GNL). Elle permet aux pays de recevoir du GNL et de le convertir en gaz naturel utilisable, souvent pour l’injecter dans des réseaux de gaz existants.
Ainsi, une FSRU fonctionne comme un terminal méthanier flottant puisqu’il reçoit le GNL, le stocke dans ses réservoirs, puis le transforme en gaz naturel en le réchauffant. Le gaz ainsi produit est ensuite envoyé vers la côte via un pipeline, où il peut être distribué.
Les FSRU offrent plusieurs avantages, notamment la flexibilité puisqu’elles peuvent être déployées avec une rapidité d’installation sans oublier que ces navires peuvent être déplacés vers d’autres sites si nécessaire. Cette annonce arrive alors que le Maroc se prépare à des changements majeurs sur le plan énergétique à l’avenir principalement dans le domaine du gaz.
Gaz naturel
Dans ce sens, la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a affirmé il y a quelques jours que le développement du secteur du gaz naturel constitue un levier fondamental pour attirer les investissements nationaux et étrangers, en particulier dans le secteur industriel.
La ministre, qui s’exprimait lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, a souligné que ce secteur représente un pilier essentiel pour la structuration d’un tissu économique national hautement compétitif, en contribuant à la réduction des coûts de production, notamment la facture énergétique, et à la création d’emplois significatifs en phase avec la dynamique de relance industrielle du pays.
Evoquant l’importance de renforcer la souveraineté énergétique nationale et d’accélérer la transition énergétique, Mme Benali a indiqué que son département, en coordination avec l’ensemble des ministères et établissements publics concernés, a élaboré une vision globale pour le développement du gaz naturel liquéfié (GNL). Cette stratégie, a-t-elle expliqué, comprend une feuille de route détaillant les grandes étapes du programme de mise en place des infrastructures intégrées nécessaires à l’émergence d’un marché national du GNL. À cet égard, la ministre a rappelé la signature, en mars 2024, d’un mémorandum d’entente entre les ministères de la transition énergétique, de l’économie et des finances, de l’intérieur, ainsi que de l’équipement et de l’eau, portant sur la coordination et la convergence des actions de 11 ministères et de 5 établissements et entreprises publics pour la mise en œuvre du programme de développement des infrastructures de stockage, de regazéification, d’importation et de transport du gaz naturel liquéfié.
Dans le but d’accélérer la mise en œuvre de ce chantier stratégique, a-t-elle indiqué, le ministère a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour le développement des infrastructures gazières, incluant la construction d’une première station du GNL au port de Nador West Med et d’un réseau de gazoducs destiné à connecter cette station au Gazoduc Maghreb-Europe et à approvisionner les centrales électriques existantes et futures de l’ONEE, ainsi que les zones industrielles de Nador, Kénitra et Mohammédia. Et de relever que ces tronçons seront ultérieurement reliés aux futures stations du GNL sur l’Atlantique et au projet de Gazoduc Atlantique Afrique-Maroc, actuellement en cours de développement via le port de Dakhla.
Sur le volet financier, la ministre a estimé que le coût d’investissement pour le gazoduc reliant la station du GNL de Nador au GME s’élève à environ 273 millions de dollars, contre environ 638,7 millions de dollars pour le tronçon entre le GME (Gazoduc Maghreb-Europe) et Mohammedia. Par ailleurs, une enveloppe de 42,5 millions de dollars est prévue pour le développement d’un réseau secondaire destiné à l’approvisionnement des régions de Kénitra et Mohammédia en gaz naturel, a-t-elle poursuivi. En vue de mettre en place un cadre législatif adapté au développement du secteur du gaz naturel liquéfié, a-t-elle fait savoir, le ministère a élaboré un projet de loi encadrant l’importation, l’exportation, le stockage, le transport, la distribution et la fourniture du gaz naturel.
Cette législation vise à structurer le secteur, renforcer sa performance et envoyer un signal fort aux investisseurs nationaux et étrangers pour les inciter à contribuer au développement des infrastructures, équipements et réseaux de transport et de distribution du gaz, a conclu Mme Benali. Reste à savoir si l’entreprise turque pourra proposer un projet viable économiquement et très compétitif financièrement pour le Maroc sachant que la concurrence est très rude en la matière à l’échelle internationale. Dossier à suivre.
Rabat-Ankara, vers un renforcement des liens
Coopération. Le renforcement des échanges commerciaux bilatéraux et le développement d’un partenariat économique équilibré entre le Maroc et la Turquie ont été au centre des travaux, récemment à Ankara, de la 6è commission conjointe de suivi de la mise en œuvre de l’accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays. Cette 6è Commission du suivi de l’ALE Maroc-Turquie s’inscrit dans le cadre du programme 2025-2027 du commerce extérieur du Royaume et vise à évaluer l’application de cet accord en vigueur depuis le 1er janvier 2006, précise-t-on dans le communiqué conjoint rendu public à l’issue de la réunion.
La rencontre a été l’occasion d’examiner les moyens de renforcer les exportations marocaines vers le marché turc et de surmonter les défis liés au déséquilibre commercial, les deux parties ayant affirmé leur volonté d’instaurer un partenariat fondé sur le principe «gagnant-gagnant», garantissant un partage équitable et durable des avantages. À cet effet, le Maroc et la Turquie ont convenu d’examiner les travaux du comité technique, qui a dressé le bilan des échanges commerciaux, identifié les difficultés auxquelles font face les opérateurs économiques et proposé des mécanismes pour dynamiser la coopération bilatérale.
Les deux parties ont également convenu d’un ensemble de mesures concrètes, comme la hausse des échanges commerciaux qui avoisinent actuellement 5 milliards de dollars, à travers le renforcement de l’intégration des industries de transformation dans les deux pays, l’organisation d’un «Forum turco-marocain des affaires et de l’investissement» dans un délai d’un an, ainsi que des conférences et des rencontres de promotion de l’investissement conjoint.














