Mohamed Britel et Younès Zarli, deux Marocains résidant en Italie, ont été expulsés lundi 5 décembre 2005 vers le Maroc. Tôt le matin, les maisons des deux Marocains, habitant la banlieue de la ville de Bergame, ont été investies par la police italienne. Mohamed Britel et Younès Zarli ont été conduits, par la suite, à l’aéroport de Milan où ils avaient été embarqués à bord d’un vol vers le Maroc. Selon Khadija Britel, sœur de Mohamed contactée par ALM, ce dernier n’aurait rien à voir avec le terrorisme, mais tâchait de faire vivre sa famille dans la dignité. «La police italienne s’en est pris à lui à cause de son frère, accusé de terrorisme et toujours emprisonné au Maroc», poursuit la sœur des Britel. « Ce qu’ils ont fait est criminel. Ils l’expulsent et laissent toute une famille livrée à elle-même et sans le moindre soutien », ajoute Khadija Britel qui affirme que son frère laisse derrière lui deux enfants de 4 et 6 ans à peine, une épouse marocaine sans ressources et surtout son fils qui vient de se faire opérer et qui a besoin de beaucoup de soins.
A l’en croire, jusqu’en début d’après-midi d’hier mardi, la famille Britel à Kénitra était toujours sans nouvelles de son fils. Mohamed Britel, journalier, aurait fait les frais de ses liens de parenté avec Abou Elkassim Britel (son frère). Ce dernier, citoyen italien d’origine marocaine, a défrayé la chronique au Maroc avant même les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Habitant également la région de Bergame et marié à une ressortissante italienne, il sera arrêté au Pakistan en mars 2002 suite aux coups de filet américains contre les sympathisants des Taliban et d’Al Qaïda. Il restera en détention à Islamabad où il est interrogé par les renseignements américains et pakistanais avant d’être livré aux autorités marocaines. Arrivé au Maroc le 25 mai 2002, il sera interrogé avant d’être relâché. Il sera arrêté de nouveau le 16 mai 2003 au moment où il s’apprêtait à franchir la frontière marocaine. En novembre 2003, il sera condamné à 15 ans de prison avant que la chambre criminelle (2ème degré) ne ramène cette peine à 9 ans en janvier 2004. Quant à Younès Zarli, peu d’informations sont fournies à propos de lui à moins qu’il n’ait fait les frais d’un lien de parenté supposé avec Salah Zarli, l’un des membres de la bande de Zakaria Miloudi et qui a été condamné à plusieurs années de prison pour terrorisme. Younès Zarli réside en Italie depuis la fin des années 1990 en compagnie de deux de ses frères. L’Italie a renforcé sa législation anti-terroriste par un décret du ministère de l’Intérieur demandant l’expulsion de toute personne pouvant représenter une menace terroriste ou ayant manifesté une sympathie avec les organisations terroristes. C’est en vertu de ce décret que l’imam marocain Bouchaib Bouriki a été expulsé de Turin il y a quelques mois. Depuis l’entrée en vigueur du décret du ministre italien de l’Intérieur Giuseppe Pisanu, plusieurs dizaines de personnes d’origine étrangère ont été expulsées d’Italie et dont des imams qui officiaient dans les mosquées de ce pays. La famille Britel, comme l’affirme Khadija Britel, attend toujours des nouvelles de son fils. Son avocat italien aurait déjà engagé des démarches pour un éventuel recours contre la décision du ministère de l’Intérieur.