Trois licences accordées pour 2 milliards DH en tickets d’entrée, des investissements prévus pour 80 milliards DH, 85 % de couverture ciblée en 2030… Détail de ce qui a été acté lors du dernier conseil de l’ANRT
Télécommunications.
Le Maroc entre de plain-pied dans l’ère de la 5G. En marge de son conseil d’administration tenu le 25 juillet 2025, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a annoncé l’attribution de trois licences d’établissement et d’exploitation de réseaux 5G. Retour sur le processus d’instruction, les opérateurs retenus et les perspectives ouvertes par cette technologie.
Le Maroc franchit une étape décisive dans sa transformation numérique. Pas plus tard que vendredi dernier, trois licences ont été officiellement attribuées pour l’établissement et l’exploitation de réseaux de télécommunications utilisant les technologies mobiles de 5ème génération (5G). Les opérateurs retenus à l’issue de l’appel à concurrence lancé en début d’année ne sont tout autres que Itissalat Al-Maghrib (IAM), Médi Telecom (Orange Maroc) et Wana Corporate (Inwi). Leurs dossiers ont été jugés recevables après une analyse de leur conformité administrative, de l’expérience des candidats et de la clarté de la structure de leur actionnariat. Cette décision stratégique a été entérinée par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lors du récent conseil d’administration de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Elle marque ainsi l’aboutissement d’un long processus d’instruction.
Se référant à l’ANRT, les opérateurs débuteront le déploiement de la 5G au Maroc en s’appuyant sur l’architecture non autonome (5G-NSA), qui repose sur les infrastructures 4G existantes.
Le passage progressif vers une 5G autonome (5G-SA), plus performante et totalement indépendante, est prévu dans environ deux ans après le lancement initial, selon les calendriers annoncés à cet effet.
Des licences de 20 ans renouvelables
Les licences 5G attribuées sont de portée nationale et ont une durée fixée à 20 ans renouvelable. En s’appuyant sur le rapport d’instruction de l’ANRT, la contrepartie financière minimale pour chaque licence a été fixée à 600 millions de dirhams (TTC). De plus, chaque attributaire devra s’acquitter d’une contribution de 60 millions de dirhams (TTC) pour les opérations de réaménagement des bandes de fréquences.
L’analyse des offres financières des entreprises retenues laisse apparaître une contribution de 900 millions de dirhams d’Itissalat Al-Maghrib pour 120 MHz de fréquences (2×10 MHz en bande 700 MHz et 100 MHz en bande 3 GHz). Pour sa part, Médi Telecom a proposé 600 millions de dirhams (TTC) pour 70 MHz (2×10 MHz en bande 700 MHz et 50 MHz en bande 3 GHz).
La même offre financière a été proposée par Wana Corporate pour 70 MHz (2×10 MHz en bande 700 MHz et 50 MHz en bande 3 GHz). Il est à préciser que les opérateurs ont été notés selon 5 critères déterminants, à savoir les engagements en termes de couverture et déploiement d’infrastructures et de qualité de service à fin 2030. On note également la diversité, l’innovation et attractivité des offres et services envisagés ainsi que la cohérence du plan d’affaires prévisionnel et la qualité de la vision et des ambitions du soumissionnaire. Parmi les critères figurent également la stratégie et la vision tarifaires préconisées et envisagées. A l’issue de cette évaluation, Itissalat Al-Maghrib se voit attribuer 87 points. La même note a été accordée à Wana Corporate au moment où Médi Telecom a reçu 85 points.
Un taux de couverture de 85 % à l’horizon 2030
Au-delà de la bonne qualité des offres, l’ANRT assure dans son rapport que les engagements pris en termes de couverture et de qualité de service dépassent les minimums exigés lors de l’appel à concurrence. Les engagements de couverture pris par les trois opérateurs devraient permettre de couvrir 45 % de la population en 2026 et 85 % en 2030 au moment où les exigences fixées par l’ANRT dans son rapport d’instruction portaient sur la couverture de huit villes et leurs aéroports d’ici novembre 2025 ainsi qu’un taux de couverture de 25 % de la population marocaine d’ici fin 2026 et de 70 % à l’horizon 2030. Les offres ont également mis en évidence les engagements des soumissionnaires en relation avec la cybersécurité. De même, les visions du marché et les plans d’affaires sont de nature à contribuer au développement du marché du très haut débit mobile au Maroc.
Des investissements globaux de 80 milliards de dirhams à mobiliser
La technologie 5G sera mise en place au Maroc à travers des investissements globaux de 80 milliards de dirhams, ce qui permettra dans une première étape à la fin de l’année 2025 la couverture de plusieurs villes par cette technologie. Rappelons que l’élargissement de la connexion par la technologie 5G devrait couvrir 85 % de la population à l’horizon 2030. Des engagements qui permettront d’asseoir le positionnement du Royaume en tant que leader régional dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Un positionnement confirmé par l’indicateur du développement des technologies de l’information et de la communication (IDI) qui place le Maroc en tête des pays africains dans le classement de l’Union internationale des télécommunications pour l’année 2025. Il est à noter que le secteur de l’Internet au Maroc compte, à ce jour, quelque 40 millions d’utilisateurs, avec un taux d’utilisateurs de 90 % par rapport au nombre de la population, un taux qui ne dépasse pas 37 % au niveau du continent africain.
La révision du plan national des fréquences, un levier à activer
Afin de créer les meilleures conditions pour un développement efficace et rapide de la 5G au Maroc, et en plus d’un cadre réglementaire favorable, plusieurs leviers ont été effectivement activés dont la révision du plan national des fréquences. Conformément aux engagements pris lors du conseil d’administration de l’ANRT, ce plan sera actualisé incessamment afin qu’il puisse accompagner le développement technologique et le développement socio-économique dans le Royaume, ainsi que la poursuite des projets structurants relatifs à l’extension du raccordement à l’internet haut débit et aux réseaux de fibre optique. Il sera procédé également au lancement d’une campagne pour l’identification des localités éloignées souffrant d’une couverture faible ou de l’absence du réseau des télécommunications, dans la perspective de leur couverture, conformément à un programme prédéfini. Une priorité soulignée par le Chef du gouvernement lors de cette réunion.
En effet, Aziz Akhannouch a affirmé à cet égard que la généralisation globale du réseau des télécommunications à l’ensemble des régions du Royaume, particulièrement les zones montagneuses, est une question qui ne saurait faire l’objet de reports ou d’attente, appelant l’agence à s’atteler à définir les zones non couvertes et à coordonner ses efforts avec les départements gouvernementaux concernés et le secteur privé, en vue de permettre aux citoyens dans ces zones de bénéficier des services des télécommunications avec la qualité et la célérité requises.
Parmi les leviers à activer on cite également l’achèvement de toutes les opérations de réaménagement des bandes de fréquences destinées en priorité à la 5G. Il s’agit notamment des bandes de fréquences 700 MHz et 3400-3800 MHz, au niveau desquelles respectivement 91 MHz et 400 MHz ont été rendues disponibles, représentant l’intégralité des capacités réservées par la norme 5G dans ces deux bandes.
Un processus d’attribution transparent et structuré
Maroc digital 2030. L’attribution de licences 5G au Maroc constitue un des leviers pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la stratégie nationale « Maroc Digital 2030 », adoptée fin septembre 2024 et qui fixe les objectifs de développement du secteur des télécommunications à l’horizon 2030. Elle a fait l’objet d’un appel à concurrence et ce conformément aux dispositions de la loi n°24-96 relative à la poste et aux télécommunications, telle qu’est modifiée et complétée. L’ANRT a ainsi procédé à la préparation et à la mise en œuvre d’une procédure d’attribution détaillée, sous la validation du Chef du gouvernement. Il est à souligner également que le lancement des réseaux et services 5G au Maroc intervient dans un environnement favorable, en termes de maturité technologique. En effet, le déploiement national de la 4G en 2015 a permis une transformation significative des usages numériques et une démocratisation sans précédent de l’accès à Internet mobile. Cependant cet important développement de la 4G s’accompagne par des besoins grandissants des consommateurs B2C pour des volumes data plus importants, des débits/vitesse de navigation élevés et une adoption progressive des smartphones 5G par les clients. Par ailleurs, des besoins nouvellement spécifiques de certaines catégories d’usages dans l’industrie ou l’économie font progressivement appel à des réseaux mobiles plus avancés que les réseaux 4G et qui offrent une latence meilleure que la 4G. Ce qui constitue un environnement favorable au lancement actuel des réseaux et services 5G au Maroc.














