Tourisme durable: Les potentialités de Ksiba au cœur d’un débat scientifique

Potentialités touristiques
L’Association des Amis de Ksiba pour le développement, l’environnement et le Tourisme (AKDET) a organisé un colloque scientifique autour des potentialités touristiques de Ksiba et des perspectives de développement durable. Les débats ont porté sur les richesses naturelles, patrimoniales et culturelles de la région, tout en soulignant les défis à relever pour positionner Ksiba comme une destination touristique à part entière.

Dans le cadre de la célébration du 72ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, de la Fête de la Jeunesse et de la Journée nationale du migrant, l’Association des Amis de Ksiba pour le développement, l’environnement et le Tourisme (AKDET) a organisé, samedi 16 août 2025, un colloque scientifique intitulé «Les potentialités touristiques de Ksiba et les voies du développement durable». Le colloque s’est articulé autour de quatre interventions scientifiques ayant suscité un riche débat qui s’est prolongé plusieurs heures et débouché sur des recommandations importantes. La séance d’ouverture a été marquée par l’exposé du chercheur Abdellah Amgoun, intitulé «Le tourisme à Ksiba d’hier à aujourd’hui». Il y a présenté des documents historiques témoignant de l’essor touristique de Ksiba durant la période coloniale, grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs : organisation, financement public, propreté, infrastructures adaptées, en plus de programmes sportifs et culturels et d’activités économiques liées au tourisme, telles que la fabrication de la laine, la célèbre djellaba de Ksiba, les tapis aghbali et l’artisanat du cuir.

Le chercheur a cependant souligné la forte dégradation que connaît aujourd’hui le secteur touristique à Ksiba, due à la régression des infrastructures, au manque d’organisation et à l’absence d’une vision stratégique. De son côté, le docteur Aboubakr Fertahi, en collaboration avec le doctorant Mourad Amqran, a présenté une communication intitulée «Les potentialités naturelles de Ksiba : levier fondamental du tourisme de montagne». Il y a mis en exergue les ressources naturelles dont dispose Ksiba, qui pourraient en faire une destination touristique privilégiée, que ce soit au niveau du périmètre urbain, des forêts environnantes ou encore du site de Tizi Nait Ouirra, d’une grande valeur biologique. Il a toutefois déploré que cette richesse naturelle ne soit pas valorisée à travers une véritable politique de développement touristique permettant de positionner Ksiba sur la carte nationale.

Selon lui, ce déficit est dû au manque de mise en valeur du territoire, au non-respect du caractère touristique de la ville dans l’urbanisme, à l’absence de guides, de supports promotionnels et d’un produit touristique spécifique. Le chercheur Mohamed Fertahi a, pour sa part, axé son intervention intitulée «Le patrimoine matériel et immatériel de Ksiba et ses potentialités de valorisation touristique» sur les éléments patrimoniaux de la ville et leur rôle dans le développement touristique. Il a rappelé la richesse du patrimoine matériel local, notamment les sites historiques des batailles menées par les tribus Aït Ouirra contre l’occupant français à Mramane, Ichtar, Taqawbit, Chkounda et Bou Rassas, tout en regrettant l’abandon et le manque de valorisation de ces lieux.

Il a appelé à la construction d’un modèle touristique propre à la ville, fondé sur l’identité culturelle et les sites historiques. La rencontre a été clôturée par une présentation des activités de l’Association des Amis de Ksiba pour le développement, l’environnement et le tourisme, en matière de développement touristique. L’association axe son action sur la protection et la valorisation des ressources naturelles, la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel, son marketing, ainsi que l’exploitation de l’histoire et de l’identité culturelle de la région. Elle œuvre également à l’ancrage des comportements citoyens et au renforcement des capacités des femmes et des jeunes dans les domaines touristique et de développement.

L’exposé a mis en avant les principaux outils utilisés par l’association pour promouvoir le tourisme local, à savoir les randonnées pédestres autour de trois types d’itinéraires : naturels (forêts et sites biologiques), patrimoniaux (sites tels que Tazrout N’Oumssaoud et Tachniwin) et historiques (Mramane, les deux forteresses d’Ichtar et de Taqawbit), l’organisation de colloques et rencontres de sensibilisation; des campagnes de reboisement et de préservation de l’environnement; la formation, le plaidoyer et la promotion de la région et de ses atouts. Les interventions ont suscité une forte interaction du public. Les participants ont insisté sur la nécessité de doter la ville des infrastructures de base : eau potable, équipements sanitaires, signalisation routière et touristique. Ils ont appelé au respect du caractère touristique de Ksiba dans l’urbanisme et l’aménagement, soulignant que l’avenir touristique de la ville dépend de la valorisation de son patrimoine matériel et immatériel, de la réhabilitation de ses sites, de la mise à niveau de ses infrastructures et de sa promotion à l’échelle nationale et internationale.