Le président américain George W. Bush a nommé, lundi, le général Michael Hayden au poste de directeur de la CIA après la démission surprise de Porter Goss vendredi.
« Le général Hayden est le choix du président pour diriger l’Agence centrale de renseignement», avait déclaré un peu plus tôt à la chaîne CNN le conseiller de M. Bush pour la Sécurité nationale Stephen Hadley.
Le haut responsable de la Maison-Blanche a souligné les qualités du général Hayden, actuellement adjoint de John Negroponte supervisant toutes les agences du renseignement américain, pour diriger la CIA.
Sa nomination, qui était attendue, suscite des critiques au Congrès, y compris dans les rangs de la majorité républicaine. Le général Hayden est en effet à l’origine d’écoutes illégales menées sur le sol américain dans le cadre de la lutte contre le terrorisme depuis 2002.
« La question qui se pose est de savoir s’il est le meilleur choix pour ce poste et le président est persuadé que c’est le cas», a déclaré M. Hadley sur la chaîne ABC.
« Il a dirigé une large organisation, il sait comment transformer une large organisation. Il est acquis à un programme de réformes des services de renseignement. (…) Il est un homme de grande intégrité. Quiconque connaît Mike Hayden sait qu’il est un homme de principes, très persuasif» a encore déclaré M. Hadley à ABC.
Tant les élus républicains que démocrates ont donné libre court dimanche lors d’interventions sur les chaînes de télévision, à leurs inquiétudes sur le choix d’un militaire plutôt que d’un civil pour ce poste et sur le soutien apporté par Hayden au programme controversé de mise sur écoute des Américains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, laissant présager une bataille pour la confirmation du général Hayden par le Sénat.
Pete Hoekstra, le président républicain de la commission sur le renseignement à la Chambre des représentants, a déclaré que ce n’était pas le moment «d’avoir un militaire à la tête d’une agence civile» sur Fox News.
Selon lui, les militaires « s’inquiètent de la situation présente, des guerres et des menaces contre les Etats-Unis à court terme et comment nous pourrions y répondre militairement ».
D’autres élus ont souligné que même si le général Hayden quittait l’armée de l’Air, après sa nomination qui doit encore être confirmée par le Sénat, les craintes n’en seraient pas effacées pour autant.
« Le fait qu’il soit un militaire aujourd’hui est en fait le problème principal», a affirmé le sénateur républicain Saxby Chambliss sur ABC.
« Juste démissionner pour continuer en ayant simplement changé son uniforme de l’US Air Force contre un costume rayé, je ne pense pas que cela fasse une grande différence», a-t-il estimé.
L’audition au Sénat du général Hayden, qui fut, avant de devenir l’adjoint de M.Negroponte, le directeur de la très secrète Agence nationale de sécurité (NSA) chargée d’espionner les télécommunications à l’étranger, promet d’être houleuse.
Le républicain Arlen Specter, à la tête de la commission Justice du Sénat, a prévenu qu’il profiterait de cette audition pour demander des informations sur le programme d’écoutes clandestines menées aux Etats-Unis, afin de déterminer s’il est légal ou non.
« J’ai des questions très précises (…) nous ne pouvons pas déterminer si ce programme est conforme à la Constitution si nous ne savons pas en quoi il consiste exactement», a-t-il indiqué sur Fox News.