Abdelaziz Meziane Belfquih, conseiller de SM Mohammed VI, est incontournable. Après avoir conduit à bon port la fameuse Commission spéciale éducation-formation (Cosef), il serait pressenti aujourd’hui pour présider une autre commission, non moins importante, chargée d’établir une stratégie pour le secteur de la Santé. Le savoir-faire du conseiller royal est encore une fois sollicité à un plus haut niveau.
Sa très longue expérience dans la gestion de la chose publique et sa capacité de cerner rapidement les problèmes d’un secteur donné font de cet ancien ministre et ingénieur de formation, l’homme de la situation. Et pour cause, le secteur de la santé sombre, depuis plusieurs années, dans une anarchie quasi totale. C’est un secteur où les coups de pistons sont légion, les hôpitaux sont sous-équipés, les infirmiers sont devenus une denrée rare, les médecins usent et abusent du TPA, le secteur privé profite lâchement des carences du public, les instances représentatives des professionnels sont inexistantes, ou au mieux continuellement décriées, le ministère de la Santé, réduit à gérer le quotidien, peine à donner un coup de pied dans la fourmilière. Et la facture, ce sont les malades, surtout les indigents d’entre eux, qui la paient au prix de leur vie.
A l’instar de la Cosef, la future Commission de la Santé sera vraisemblablement composée de médecins-chercheurs connus et reconnus par leurs pairs, des hommes politiques de diverses origines, de cadres compétents ministériels et de différents établissements hospitaliers, ainsi que des professionnels qui vivent au quotidien les problèmes de la santé. Et ces derniers ne manquent pas. A Rabat par exemple, comment se fait-il que l’action du directeur du Centre hospitalier Ibn Sina (CHIS), l’inamovible professeur Wajih Maâzouzi, ne soit sujette à aucun contrôle? Ni le Conseil d’administration du CHIS, présidé d’ailleurs par le ministre de la Santé, ni le Premier ministre Driss Jettou, qui suit de près le dossier de la santé, ni le procureur du Roi n’ont entrepris de fouiner dans les agissements du Pr. Maâzouzi, qui occupe également le poste de chef de service cardio-vasculaire à l’hôpital Ibn Sina. Un accablant rapport d’audit sur la gestion du CHIS a pourtant était remis à tous les responsables. Aussi, plusieurs éminents professeurs ont avisé, par écrit, le procureur général du Roi de Rabat sur le fait que l’association appartenant au chef du service cardiovasculaire d’Ibn Sina encaissait illégalement, et ce depuis plusieurs années, d’énormes sommes d’argents en provenance de la CNOPS. Des sommes qui devaient normalement revenir à l’hôpital.
Cet exemple montre bien que Abdelaziz Meziane Belfquih a du pain sur la planche. Le réseau des copains et des coquins est dur à cerner. Il déborde sur plusieurs domaines et intérêts. L’assainissement du secteur de la santé ne signifie pas uniquement l’instauration d’un tableau de bonnes conduites. Encore faut-il trouver les garanties de les appliquer. D’où l’importance de dynamiser les différents canaux de contrôle: conseils d’administration, départements ministériels (santé, finances,…), centrales syndicales et justice.