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Arafat : Des funérailles populaires

© D.R

Une poignée de chefs d’Etat arabes, un bataillon de chefs de la diplomatie représentant l’Europe et une présence minimale pour l’Amérique de Georges W. Bush. C’est la première partie de ce ballet qui, comme la vie d’Arafat, commencera en Egypte puis se conclura en Palestine. Dans cette journée de vendredi 12 novembre, les télévisions du monde entier relayeront les images d’un hommage militaire solennel au Caire, loin de la foule, d’une cérémonie symbolique ponctuée de parades guérières à Gaza et d’incroyables scènes d’hystérie à Ramallah, où le vieux Raïs repose désormais dans un cercueil en béton, dans l’attente d’un éventuel transfert à Jérusalem.
Accompagné dans sa dernière demeure par une impressionnante marée humaine, au milieu de cliquetis d’armes automatiques, de chants et de larmes, Arafat porte ainsi un dernier coup de boutoir à ceux qui le déclaraient «politiquement mort». Une démonstration de maturité qu’offre aussi le peuple palestinien à la face du monde. Certes, le protocole initial aura été bafoué, Ramallah et la Mouqattaâ auront tremblé jusqu’au bout sous une ferveur indescriptible, l’hélicoptère de l’armée égyptienne transportant la dépouille mortelle effectuera plusieurs tours cherchant au milieu de la foule un mince carré de terre pour se poser le cercueuil, pris d’assaut, mettra une vingtaine de minutes pour apparaître à la foule sans jamais parvenir à cette salle d’honneur apprêtée d’avance. Mais le chaos prévu d’avance par certains médias n’aura pas lieu.
L’hypothèse nourrie par quelques commentateurs de voir une foule exaltée arracher le cercueil puis, au pas de charge, le conduisant à Jérusalem pour l’y enterrer, selon ses voeux, était surestimée.
La foule orpheline accrochée à son icône aura tenue bon, contre toutes les prédictions et toutes les supputations des analystes. Pas de débordements, mais, à la place, une véritable confirmation de la légitimité populaire d’un Raïs enterré sans doute un peu vite par Washington. Aussi, «Ces funérailles sont une belle leçon de politique donnée à Bush», s’écriera un éditorialiste occidental. La leçon est cinglante pour les tenants de la politique d’occupation.
Deux ans d’isolement et d’humiliations à Ramallah ne seront pas venus à bout de la légende Arafat. L’Etat hébreu, qui pensait à dessin lui ôter de force des prérogatives conférées par l’élection de 1996 a échoué dans son approche.
Le chef de l’Autorité palestinienne est certes décédé au bout d’une interminable réclusion, mais il en sort plus que jamais grandi avec comme l’écrit l’éditorialiste de L’Humanité, un statut qui le place au rang de ceux qui auront marqué durablement l’Histoire de ce vingtième siècle. «Non, Arafat n’est pas un obstacle à la paix», déclare le ministre belge des Affaires étrangères», venu assister aux adieux solennels organisés au Caire. L’histoire dira un jour si Yasser Arafat était ou non le pourfendeur des accords d’Oslo.
Mais il est déjà un fait établi : en apportant sa signature à ce protocole parrainé par l’Administration Clinton, Arafat avait renoncé à 74% du territoire palestinien. Une concession dont le rappel n’est pas pour plaire à ceux qui veulent réduire ce conflit complexe au prisme du terrorisme. Accusé de terroriste par un Etat qui n’hésite pas à recourir à l’élimination physique, Arafat aura survécu à 36 tentatives d’assassinat. En début d’année, Ariel Sharon conseillait fièrement aux compagnies d’assurances de ne pas faire souscrire une assurance-vie à Arafat, avant de le menacer d’attentats ciblés comme les leaders du Hamas. En vain. Les tanks n’auront pas eu raison de la détermination de tout un peuple et de ses aspirations légitimes. La ferveur enregistrée lors de ces funérailles appelle de la part de Bush II une nouvelle relecture de cet interminable conflit.

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