L’écrivain marocain Tahar Benjelloun aime passer ses vacances d’été à Tanger, sa ville d’adoption. Avant de s’y installer définitivement, il y a presque un an, il y faisait escale tout au long des mois de juillet et août. «Ce sont mes deux mois de vacances. J’essaie d’en profiter au maximum pour les passer en famille et entre mes amis. En cette période, j’essaie de me libérer de tout engagement, je n’accepte ainsi aucune invitation ou voyage de travail», souligne cet homme de littérature.
Pour ce dernier, Tanger est une ville typiquement estivale, où l’on mène une vie populaire. C’est l’une des plus charmantes villes méditerranéennes, fait-il valoir, insistant sur le fait que la ville du détroit «a bel et bien acquis cette réputation de ville d’été et de vacances». L’existence de nombreux lieux de divertissement accessibles à toutes les bourses fait de Tanger une destination privilégiée. «Ses plages comme celle de Cap Spartel et ses environs, sont toujours pleines d’estivants», rappelle-t-il.
L’écrivain garde de bons souvenirs de ses vacances d’été dans la ville du détroit. Arrivé en compagnie de ses parents pour s’établir à Tanger, encore ville internationale, Tahar Benjelloun se lie très vite à la ville. «C’était en 1955, j’avais 11 ans. La plage de la ville était extraordinaire, il y avait même des plongeoirs. Mes copains et moi avions l’habitude d’y aller pour pratiquer le plongeon», raconte-il. Une histoire aussi longue que passionnante commence pour l’un des plus grands écrivains : «Nous avions l’habitude de fréquenter, pendant nos vacances d’été, le café de Paris pour rencontrer les célébrités de cette époque. C’était un lieu de prédilection pour des écrivains et des artistes, tels que Jean Genet et Roland Barthes», confie-t-il.
Tahar Benjelloun continue de fréquenter ce café à chaque fois qu’il venait passer ses vacances à Tanger. «En tant que romancier, je trouve que c’est un endroit d’observation formidable. Outre sa situation au centre-ville, le café est fréquenté par toutes les catégories sociales. Il donne aussi l’occasion de rencontrer les anciens fidèles du lieu…», assure-t-il. Le romancier est à la quête de l’inspiration, de la créativité et Tahar Benjelloun ne fait pas l’exception. Pour lui, l’écrivain est «quelqu’un qui est tout le temps en train de regarder, d’observer, de scruter ce qui lui permet de nourrir son imagination et son esprit».
Tahar Benjelloun évoque également « un personnage » essentiel et très particulier à Tanger : «c’est le vent de l’est auquel les gens ont fini par s’y habituer avec le temps. Il ne les énerve plus, il les amuse. A chaque fois qu’il arrive, pas question de plage pour éviter les rafales de sable», dit-il.
Libéré de tout engagement de voyage ou de travail à l’extérieur, Tahar Benjelloun trouve assez de temps en été pour satisfaire son amour pour l’écriture. C’est en janvier 2008 que paraîtra son nouveau roman très attendu : «Sur ma mère» dont l’édition sera assurée par Gallimard. «C’est un roman non autobiographique. Mais qui m’a été inspiré par le personnage de ma mère que j’ai accompagnée jusqu’à son décès en 2002. J’essaie d’imaginer sa vie, tout en fouillant dans l’histoire du Maroc des années trente et quarante. Pour restituer l’époque où ma mère a vécu, où elle s’est mariée et a eu ses enfants. C’est en quelque sorte un retour sur une époque du Maroc», explique-t-il. Avant-goût pour les passionnés de littérature et surtout pour les fidèles lecteurs de Tahar Benjelloun.