C’est un jeu de mots serait-on tenté de penser. «Tifawine», lumières en langue amazighe, se donne pour ambition de jeter un faisceau de lumière sur les facettes, jadis gardées dans l’obscurité et l’ignorance, du patrimoine culturel local. Le festival de Tifawine veut reprendre le flambeau de son aîné le festival d’«Ajddig nllouz», (la fleur de l’amandier) organisé, depuis des décennies, dans cette verdoyante vallée d’Amlen au début de chaque année. Tifawine c’est un souffle nouveau, une autre manière d’aborder ce patrimoine ancestral gardé avec jalousie entre les méandres lointaines des montagnes de l’anti-atlas.
Tifawine en tant que projet culturel avec une facette dédiée au développement et à la promotion de l’homme et du territoire est né en 2006. Le festival en est donc à sa deuxième édition cette année. Ses initiateurs sont des acteurs actifs dans le domaine du développement local. En créant cet événement, ils ont voulu créer un espace de rencontre et de divertissement avec une charge culturelle importante. Son objectif est d’explorer les recoins de l’identité locale de Tafraout et de toute la vallée d’Amlen avoisinante dans ses divers composantes, qu’il s’agisse de l’élément humain, touristique ou économique.
Outre son côté divertissement, le festival veut, avant tout, réunir les conditions d’un développement durable de la région. Un développement qui ne soit pas ponctuel, circonstanciel ou périodique. Le festival est ainsi à la fois un retour à la tradition et une projection dans la modernité. Forts d’une réussite incontestée de la première édition, en raison notamment du professionnalisme qui a caractérisé son organisation et sa réalisation, les initiateurs de Tifawine veulent faire mieux que l’année dernière. L’approche participative adoptée par les organisateurs au cours de l’édition de l’année dernière n’est pas étrangère à ce succès. Le choix des artistes qui se sont produits sur scène a été également un élément déterminant.
Cela a permis de réunir un public nombreux notamment parmi la diaspora de la région. Le festival, à travers les tables rondes programmées l’année dernière, a marqué un point important en essayant de raviver et de valoriser certaines traditions de la région. Il s’agit notamment, l’ancienne tradition de «Asqar» qui permet la rencontre et la connaissance entre les jeunes filles et garçons de la région dans les règles de l’art prescrites par des lois de la bienséance tracées par les anciens. Le festival apportera donc son lot de nouveautés. Les artistes qui se sont produits lors de la première édition ne seront pas au rendez-vous cette année. Néanmoins, les traditionnels rouaïss seront présents et en force. La chanson moderne également, à travers les jeunes artistes. Et comme le veut la tradition de la région, la femme et la femme artiste en particulier, sera honorée. Tifawine rend hommage au chanteur Rais M’bark Ayssar. L’artiste est très connu sur la scène de la chanson amazighe, il a donné beaucoup de lui-même pour la promotion de ce genre musical. L’artiste Amdiaze Mohamed Belyazide, le fondateur de la troupe Izmaze sera aussi honoré. La troupe Izenzaren Chamekh, l’un des groupes légendaires de la chanson moderne soussie sera également invitée. En somme, des grands rouaïss aux jeunes révélations de la musique moderne, Tifawine a concocté pour son public un programme des plus diversifiés. Se succéderont ainsi sur scène Raïss Hmad Amentag, le maestro Mouha Oulhoussine Achibane, Amouri Mbarek, Izenzaren Chamekh, Firdaous Taziri du Rif, Batoul El Marouani du Sahara, Souad Tounarouz, Raïssa Tihihit, Titrit, Amarg Fusion… et bien d’autres.