ALM : Vous vous distinguez par votre posture en jouant au luth. Justifiez-nous cela ?
Haj Younès : C’est simple. J’aime mon instrument et j’ai besoin de prouver cette affection au grand public. Donc, avant de jouer je le prends dans mes mains et je le sers très fort. L’instrument est une âme, il faut la chérir pour qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même. Et c’est ce que je fais avec mon luth. En quelque sorte je le gâte.
Quel rapport avez-vous avec les avions ?
Je suis un passionné de voyages. Si je dépasse six mois sans voyager, je prends ma voiture et je vais directement à l’aéroport. Je passe des heures et des heures à contempler les avions et les voyageurs. De plus, j’ai de mauvais souvenirs avec les avions. En 2004, j’allais périr en plein air. Des terroristes avaient menacé notre vol. J’ai vu la mort de mes propres yeux. Après avoir salué mes enfants par télépathie, j’ai récité quelques versets du Coran et souhaité que l’avion explose en mille morceaux plutôt qu’on se noie dans l’Atlantique. Je craignais que les requins nous dévorent. Après avoir vu «Les dents de la mer», j’ai commencé à manifester une phobie des requins.
Pensez-vous qu’il est possible de nouer des liens d’amitié avec des fous ?
Que Dieu préserve nos fous et nous ne prive pas d’eux. Personnellement, j’établis un très bon contact avec eux. Ils sont en quelque sorte ma cure. Quand je me sens stressé ou déprimé, il n’y a pas plus beau qu’un petit entretien avec un fou pour apaiser ma tension et soulager mon esprit. Il faut les entendre parler et admirer leur réflexion. C’est comme si on savourait l’une des grandes symphonies musicales. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je les aime. Je me sens très à l’aise avec les fous.
Qu’est-ce qui justifie cette attirance ?
Tout d’abord, je suis issu de Berrechid qui est nationalement considérée un nid de fous. Ensuite, mon père travaillait dans l’asile psychiatrique de cette ville. Il faut dire que l’attirance entre moi et les fous ne se limite pas sur le plan national. Lors d’un concert aux Etats-Unis, un fou américain débarque sur scène. Les agents de sécurité sont intervenus sur le champ. Je leur ai demandé de laisser le bonhomme en paix. Ainsi, ledit fou s’est installé au-devant de la scène. J’ai commencé à lui jouer quelques morceaux. Il s’est senti de plus en plus à l’aise et s’est calmé par la suite.
Avez-vous d’autres anecdotes?
Je connais un fou qui gouverne la lune. Il m’envoyait à maintes reprises en mission à Jupiter et Mars. Le voyage s’effectue par le biais d’une boîte de conserve qui, selon lui, est une soucoupe volante. Tout est mis en service sur ces deux planètes. Même les moyens de communication, ils sont très innovants. Pour prendre contact, il me suffisait de remplir un petit verre d’eau dans lequel je fais plonger mon auriculaire, mettre une cuillère entre le pouce et l’index et l’orienter vers le soleil en dévoilant le code «FC 103». Ainsi, on est connecté.