Les festivaliers d’Essaouira et les funs de la musique gnaouie étaient au rendez-vous dimanche, deuxième jour de la 4-ème édition du festival des jeunes talents gnaouie, avec une pléiade de maâlems gnaouis en herbe qui les ont gratifiés de magnifiques spectacles.
De jeune talents gnaouie ou adeptes de la nouvelle tendance "world musique", originaires d’Essaouira ou représentant d’autres régions du Royaume, ont excellé dans leur prestation pour le plus grand plaisir d’un public qui, combien même habitué aux concerts des plus grands maâlems, n’a pas pu se retenir pour exprimer son émerveillement et ne trouvant moyen de les encourager que des standing ovation. Préparé, dirigé et organisé par des compétences locales, ce festival constitue une opportunité pour les jeunes invités de cette édition qui concourent à l’obtention de quatre prix (voix, guembri, prestation scénique, t’bal), de faire le point sur leur cheminement de carrière artistique grâce à une évaluation par des maâlems incontournables et d’acquérir une expérience de scène enrichissante. Pour le président fondateur de cette manifestation, Abdeslem Bikrat, la création d’une "compétition" dans le sens noble du terme entre les jeunes disciples de cette musique confrérique, à la fois populaire et spirituelle, renforce l’orientation du festival en tant que lieu d’expression et pépinière pour les jeunes qui auront la noble tâche de pérenniser ce patrimoine culturel national.
Le festival, qui a su acquérir en peu de temps ses lettres de noblesse auprès d’un public de plus en plus nombreux, réconforte la vocation d’Essaouira, ville des arts et des artistes, qui a fondé son développement sur les richesses de son patrimoine et de ses atouts culturels. Les maâlems gnaouis, et avec eux toute la famille des Gnaoua, se rappellent avec fierté de la dernière visite de SM le Roi Mohammed VI à Essaouira, dont l’un des moments forts était la décoration par le Souverain de trois grands maâlems gnaouis, figures emblématiques de ce patrimoine dans la Cité des Alizés.
Perçus il y a quelques années encore comme des "mendiants" ou des amuseurs publics, les Gnaoua sont aujourd’hui considérés, à juste titre, comme des artistes à part entière voire des stars que réclament et s’arrachent les scènes nationales et internationales les plus prestigieuses. En habiles musiciens, ils sont devenus, au fil des ans, très populaires et les gens font souvent appel à leurs airs et à leurs couleurs pour animer les fêtes de famille et les longues nuits de transe "thérapeutiques". Pour qu’un Gnaoui acquiert le titre de maâlem, il devait passer un test du guembri devant un jury composé de maîtres confirmés et exécuter devant le public le répertoire de la confrérie pour prouver sa maîtrise de la tablature de cet instrument.
Lors de la seconde journée de ce festival, le public avait droit à des spectacles animés par des jeunes gnaouis ou adeptes de la nouvelle tendance "world musique". Il s’agit de Said El Wassifi de Rabat, Abdel Malek Kadiri d’Essaouira et Ait Hmitti Tarik de Marrakech, en plus des groupes Radio Essaouira et Amarg Fusion. L’un des moments forts de cette soirée, qui s’est déroulée en présence notamment du conseiller de SM le Roi et président fondateur de l’association Essaouira-Mogador, André Azoulay, et du gouverneur de la province d’Essaouira, Abdeslem Bikrat, était le concert donné à Dar Souiri par les maâlems Abdeslem Alikane et Mustapha Bakbou (invité d’honneur).
Cette manifestation culturelle, organisée du 18 au 21 août, a été marquée plus particulièrement par la signature d’une convention pour la création à Essaouira d’une école d’art gnaoui avec pour but de perdurer cette tradition et promouvoir les nouveaux talents.
• Azedine Lqadey (MAP)