L’ère des rastas est révolue. Voici venu le temps des Punks. Ce style très fashion qui allie musique et look vestimentaire connaît un retour aujourd’hui. Née dans les années1970, la Punk mania fait des ravages chez les jeunes. Lors de l’édition 2007 du L’boulevard des musiciens aux stades du Coc et du Ruc, les adolescents avaient un malin plaisir à exhiber leur coiffure extravagante, appelée en jargon local : «Tchouika», cheveux en bataille, hérissés et formant une forme de crête sur le crâne. Ainsi se décline le style Punk. Ce mot utilisé pour la première fois par le critique Rock Lester Bangs représentait non seulement un look, mais surtout un style musical.
Au Maroc, Zwm fait partie de ces formations de Rock Punk. Le leader du groupe Mohamed El Aji, alias Simo, est accro de cette musique et de sa coiffure. Pour ce jeune âgé de 20 ans, les règles sacro-saintes du Punk sont claires. «Le look est primordial dans la musique punk, il faut attirer l’attention du public, la coiffure extravagante est essentielle», confie Simo. Crête iroquoise ou spike, chacun choisit celle qui le branche le plus. Pour obtenir le bon résultat chacun y va de sa manière et selon les moyens dont il dispose. Interrogé par ALM un coiffeur casablancais qui tient boutique au quartier Maarif, explique que le gel qui colle et le spray ne sont plus à la mode. «Les jeunes sont parfois exigeants et ne veulent pas que le fixant se voit, mais ce n’est pas un problème puisque la nouvelle génération de produits fixants offrent un aspect décoiffé et structuré de la manière la plus naturelle qui soit», a-t-il déclaré à ALM. Une fois qu’ils ont compris l’astuce, les jeunes sont plus nombreux à se coiffer tout seul. «Les coiffeurs demandent des prix exorbitants qui peuvent aller de 100 jusqu’à 300 DH, et vu que je n’ai pas les moyens de m’offrir cette folie, je me coiffe chez moi», confie Amine, un lycéen de 16 ans. Pour un effet ébouriffage longue durée le brushing semble être primordiale. «La coiffure ne tient pas sans brushing», explique Simo de ZWM.
Ce dernier rappelle qu’en plus du brushing il faut s’asperger d’un produit vaporisateur pour obtenir une belle crête qui dure le plus longtemps possible. Se coiffer tout seul et surtout de cette manière demande un temps fou alors, autant que ça dure. Les lycéens sont aux anges pendant cette période estivale puisqu’ils peuvent porter cette coiffure librement. «Les écoles interdisent le port d’une coiffure aussi extravagante que celle du style punk, alors en dehors des cours, les étudiants se sentent libres», déclare un psychologue qui officie à Casablanca. Pour ce médecin, le phénomène s’explique scientifiquement, il n’est pour lui qu’un besoin de s’exprimer et d’imposer ses choix.
L’anticonformisme étant la religion des ados, se distinguer notamment à travers le look les arrange. Pour le réalisateur Mohamed Ismaël dont le fils, Abdesslam aime les cheveux en crête et en bataille dit ne pas interdire à son fils de sortir avec cette coiffure dans la rue à partir du moment qu’il ne choque pas. «Chaque génération a ses tripes, moi aussi il y a quelques années j’aimais porter les cheveux longs, je ne vais pas interdire à mon fils de suivre la mode». De son côté, Abdesslam indique qu’il n’a pas été influencé par des copains, mais plutôt par des magazines de mode. Les cheveux ébouriffés en crête sont en effet très hype.
Le footballeur David Beckham fait partie des stars qui ont lancé la mode. En 2004, on se rappelle, lors de la Coupe du monde de football en Corée, il s’est fait remarquer par sa crête toute blonde. Les fans de cet as du ballon rond ont tout de suite abandonné leur look vieillot pour suivre celui de leur idole.
Aujourdhui, le Punk ne s’associe plus uniquement aux styles de musiques. Des jeunes qui ne sont pas du tout amateurs de Rock Punk arborent ce style parfois sans le savoir. «Ceux qui portent une crête non exagérée et s’habillent avec des pantalons larges et taille basse style hip hop, on les appelle les italianos», indique Simo. Influencés par les clips de musiques, et des images de magazine, les jeunes en quête d’anticonformisme profitent de l’absence de l’autorité scolaire pour afficher leur coiffure tendance.