Le Maroc est le sujet principal des œuvres de Jean Pierre Favre exposées à la galerie 121 de l’Institut français de Casablanca jusqu’au 27 septembre. Jean Pierre Favre a succombé au charme du Royaume depuis qu’il était venu au Maroc il y a 25 ans. Pour l’artiste, le Maroc, pays dans lequel il s’est définitivement installé depuis 1985, représente un éblouissement, une mine inépuisable de sujets. Ce ne sont pas seulement le paysage et la lumière du Royaume qu’il peint. Sa peinture s’inscrit dans une tradition populaire puisqu’il peint le petit peuple. Ses tableaux évoquent fêtes religieuses populaires, paysages urbains, portrait de femme, paysages et coucher du soleil…
Selon Marc Auvray, critique d’art et collectionneur des oeuvres de Favre, «son oeuvre s’impose aujourd’hui à nous comme la chronique atemporelle mais pourtant circonstanciée d’un Maroc éternel». Et d’ajouter : «Au-delà des apparences faussement “pittoresques”, le Maroc de Jean-Pierre Favre est un pays d’ombres et de lumières, de douceurs et de cruautés, de beauté et de laideurs. Ce qui traverse en permanence toutes les toiles de Jean-Pierre Favre, c’est l’étonnante vitalité d’un peuple qui a traversé des siècles d’histoire et qui répond toujours présent». Selon Jean-Pierre Favre, «les Marocains constituent un vrai peuple. J’y retrouve la force profonde d’un peuple qui n’a encore perdu ni son âme ni ses racines et c’est fondamental. Cela tient en partie à l’Islam et puis au fait que j’étais, à ma grande surprise, totalement adopté par ce pays». On a par ailleurs qualifié JP Favre de «fauve domestiqué» ou encore du «plus français des peintres marocains». Sa peinture parle d’elle-même. Elle s’inscrit dans une certaine tradition française fin 19ème siècle, entre impressionniste et fauviste. La méthode de travail de Favre est toute particulière. Il ne travaille pas en s’enfermant dans un atelier. Sa peinture, c’est de la chanson vécue comme, il le dit lui-même. «S’il ne se passe pas quelque chose dans ma vie, si je ne vois rien, je ne peux pas peindre. Je fais des croquis très succincts, très rapides partout dans la rue, chez les gens… Je me souviens des couleurs. Et de mémoire je travaille tout cela. C’est la mémoire qui recrée. Je suis dans une attitude d’une copie de la réalité», explique-t-il. Et de poursuivre : «Je me balade dans les endroits les plus improbables. Le fin fond du mellah, les ghettos de Marrakech. Je n’ai peur de rien. Pour moi il n’y a pas d’endroit ou de gens tabou».
A travers sa peinture, l’artiste communique et transmet toute sorte de messages. «J’espère changer le regard des gens, leur faire voir la foule autrement. Enrichir leur façon de voir», dit-il.
«S’il y a un message que je voudrais transmettre, ce serait bien de dire au Marocain que vous n’appréciez peut-être pas assez votre pays. Il faut bien sûr faire des progrès, critiquer quand c’est critiquable mais ne pas être à la remorque de l’Occident ni non plus de l’Orient».
«Ce qui est catastrophique c’est que la culture marocaine est squattée par la culture occidentale commerciale. Je dirais: osez et ne comptez que sur vous même et n’ayez pas cette mauvaise utilisation de la tradition islamique. L’Islam est par essence une religion hyper moderne et hyper d’avant-garde. Et il faut revenir à cela», conclut-il.