«Chaque année, dès que l’été approche, je revis le même stress. Les kilos accumulés en hiver doivent être estompés rapidement pour que je puisse profiter de mes tenues d’été et surtout les maillots de bain », avoue I.M, assistante de direction.
Et elle n’est pas la seule personne à souffrir de l’arrivée de l’été. Une grande partie de la gent féminine redoute le fait de s’afficher sur les plages avec les boules de cellulite sur le corps. Dès que les lueurs du soleil printanier apparaissent, c’est la crise obsessionnelle dans les têtes des femmes, et tous les kilos empilés en hiver sont bons à faire fondre.
Une guerre à la cellulite. Toutes les armes sont permises, et tous les moyens sont bons. Ça va de la potion de la voisine, aux tisanes de la pharmacienne, en passant par la masseuse de la cousine. Et comme des bruits de couloirs, les recettes régimes et les astuces anti- cellulite vont bon train. «J’ai tout essayé, j’ai un peu d’audace, donc chaque fois qu’on me parle d’une astuce pour perdre du poids, je fonce ; il m’est arrivé de combiner deux à trois choses en même temps, comme une tisane avec une soupe et des gélules, je me considère comme une sorte de kamikaze des régimes», commente M.F, cadre de banque.
Autre commentaire ! H.O, ingénieur, a tout essayé, mais elle a fini par garder son sens de la répartie : « la grand-messe de la perte de poids me laisse un goût amer dans la bouche, car les discours sont toujours les mêmes. Il faut manger équilibré et là, on vous propose des sachets… Il faut faire de l’exercice et on vous colle des électrodes… Il faut changer l’image de soi et tous les magazines vous affichent en couverture des Top de la finesse… L’avenir de l’homme n’est pas dans les potions magiques, mais dans le respect de la différence des individus ».
On finit par devenir philosophe à force de culbuter dans les régimes les plus abracadabrants les uns que les autres. Pour d’autres, cela vire au cauchemar, parce qu’à trop vouloir ressembler aux stars, elles foncent tête baissée vers l’anorexie.
Une autre catégorie, elle, serait capable de se priver de nourriture pendant des lustres. Mais, le jour où elle avalerait une miette de pain, elle se retrouverait à la case départ ( si ce n’est pas la case allez tout droit en prison, ne franchissez pas la case départ et ne gagnez pas 20.000 francs). Exemple typique : «Je me suis battue pendant trois ans. J’étais envoûtée par les corps des stars. Je rêvais de porter une taille 38 comme les autres, et des petits hauts courts au lieu des sacs à patate où je me fourrais. Après avoir perdu 15 kilos, j’ai arrêté mon régime, pour en reprendre 20 autres quelques mois après», explique O.E, juriste.
En fait, cet aveu est un cas concret de l’épisode «The revenge» que lance le corps quand il a été trop longtemps privé de nourriture. Après des mois ou des années d’effort, le corps se révolte et marque le «retour à l’expéditeur» des kilos perdus avec un bonus en prime.
D’ailleurs, les chercheurs l’ont prouvé. Chaque personne a son propre métabolisme, et en matière de poids, son propre « set-point ».
Quoi qu’elle fasse, quel que soit l’attirail mis en place pour combattre les kilos, si le poids de référence d’une personne est supérieur au poids qu’elle cherche à obtenir, rien ne sera efficace et elle reprendra du poids jusqu’à revenir au «set-point». Et si la personne recommence plusieurs fois à se mettre au régime, l’organisme va finir littéralement par perdre les pédales, et le poids de référence va se déplacer vers le haut, souvent sans espoir de retour.
Moral : tout est dans le psychique. Petit tour dans les commerces. Dans une boutique à Casablanca, les femmes achètent des maillots de bain se divisent en trois catégories. celles qui ne sont même pas concernées par cet article, et celle qui ont réussi à faire table rase de leurs bourrelets avant l’été, très confiantes, se permettent toutes les couleurs, toutes les formes… ( l’exemple du maillot est très illustratif parce que c’est la finalité même de la chose).
Les autres, par contre, pour qui le mode « sculpture corporelle rapide » n’a pas réussi ou qui ne le connaissent même pas, tombent dans le schéma classique du maillot « une pièce- noir- de préférence de compétition- et pas beaucoup échancré ».
Finalement, à bien y penser, plutôt que de se déchaîner sur un corps qui n’a rien fait que d’avaler ce qu’on lui donnait, et de le persécuter comme si c’était le corps de quelqu’un d’autre, c’est peut-être plus simple de faire attention à ce que l’on engloutit en hiver.